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L’IRT Jules Verne planche sur des pales d'éolienne 100 % recyclables
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L’IRT Jules Verne planche sur des pales d'éolienne 100 % recyclables

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Comme les coques des bateaux en matériau composite, les pales des éoliennes ne sont pas recyclables. Au sein de l’IRT Jules Verne, Céline Largeau dirige le projet Zebra, doté de 18,5 millions d’euros, pour mettre au point des pales 100 % recyclables.

Céline Largeau, responsable du développement de la filière éolienne au sein de l’IRT Jules Verne et responsable du projet Zebra — Photo : David Pouilloux

Les éoliennes ont un talon d’Achille : leurs pales. Alors que les fondations, le mat et la nacelle sont recyclables, les pales ne le sont pas. Au sein de l’IRT Jules Verne, un centre de recherche situé à Bouguenais, près de Nantes (Loire-Atlantique), Céline Largeau, responsable du développement de la filière éolienne, dirige le projet Zebra, qui vise justement à concevoir des pales recyclables. "Aujourd’hui, environ 90 % d’une éolienne, qu’elle soit à terre ou en mer, est recyclée, rappelle la chercheuse. Mais beaucoup d’acteurs de l’éolien souhaitent aller vers l’éolienne recyclée à 100 %." La raison paraît évidente : produire de l’électricité renouvelable avec un produit qui n’est pas 100 % recyclable pose un problème d’image à la filière.

Une durée de vie de 25 à 30 ans

Le projet Zebra (pour Zero wastE Blade ReseArch) est porté par l’IRT Jules Verne et un consortium d’acteurs de l’énergie éolienne : Arkema, le centre de R&D Canoe, Engie, LM Wind Power, Owens Corning et Suez. Il est doté de 18,5 millions d’euros, dont la moitié apportée des fonds publics (via le programme d’investissements d’avenir) et l’autre moitié par des industriels et centres de recherche, dont la filiale de General Electric LM Wind Power). "Une éolienne a une durée de vie de 25 à 30 ans, explique Céline Largeau. Suite au démantèlement des premiers parcs, des milliers de pales sont arrivées en fin de vie et on prend conscience du problème que cela pose." Aujourd'hui, elles sont soit incinérées, soit enterrées, car on ne sait pas séparer la résine des fibres qui composent ce matériau composite.

Aux États-Unis, les pales en fin de vie sont enfouies. Des images qui ont fait le tour du monde ont donné une image terrible à cette filière qui se veut vertueuse sur le plan écologique. En Europe ? "On les valorise sous forme de chaleur dans les cimenteries, mais ce n'est pas non plus idéal, c'est du green washing, reconnaît la chercheuse. Les cimenteries sont saturées. Et certains pays européens veulent aussi bannir l'incinération."

"Nous travaillons sur des pales de nouvelle génération, qui seront recyclables à 100 %. Nous utilisons une résine thermoplastique, qu’il sera possible de séparer de la fibre par traitement thermique, une fois la pale en fin de vie, raconte Céline Largeau. Notre résine est fabriquée en France par Arkema. Nous pourrons récupérer la résine pour refaire des pales et les fibres pour d’autres usages, dans l'industrie automobile par exemple."

Un test au Danemark

Une autre partie du travail mené par l’IRT Jules Verne dans ce projet consiste en l’optimisation du procédé, c’est-à-dire une amélioration de l’efficacité industrielle et un gain sur les coûts. "Une pale est aujourd’hui pour l’essentiel fait manuellement, rapporte Céline Largeau. Nos travaux portent sur la partie robotisation, l’automatisation de la fabrication de pales. Cette filière se heurte aussi à un problème de personnel, de recrutement, combiné à une augmentation de la demande. Il faut donc trouver des moyens d’augmenter la cadence de production et d’améliorer sa qualité."

Le projet Zebra a été pensé afin de rassembler un consortium stratégique réunissant l’ensemble de la chaîne de valeur : du développement des matériaux au recyclage des pales d’éoliennes en passant par la fabrication, l’exploitation et le démantèlement. "La première pale 100 % recyclable est actuellement en test, au Danemark, avant d’être découpée puis chauffée pour en récupérer tous les éléments", témoigne la chercheuse.

Quant aux autres pales, non recyclables, toujours produites à des dizaines de milliers d’exemplaires, Céline Largeau l'affirme : "Face à la pénurie de matériaux, et si les lois les y obligent, les industriels trouveront les solutions pour recycler les pales d’éoliennes classiques. Des programmes de recherche sont en cours. Il n’y a aucune raison que l’on ne trouve pas les innovations qui le permettront si on s’en donne les moyens."

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