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L'immense potentiel de la filière hydrogène
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L'immense potentiel de la filière hydrogène

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Le 20 et 21 juin prochain, Nantes accueille la cinquième édition des Journées Hydrogène. Cela sera alors l'occasion d'inaugurer le tout premier bateau français propulsé à l'hydrogène. À terme, des Sables d'Olonne à Saint-Nazaire, des bateaux de pêche et des paquebots pourraient naviguer avec ce carburant vert, produit grâce aux éoliennes de la région.

— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est une petite révolution qui est en train de naître sur les bords de l'Erdre. Le Navibus, petit bateau déjà bien connu des riverains de Port Boyer et des étudiants nantais de l'Université, deviendra au printemps prochain le NavibusH2, le premier bateau français fonctionnant à l'hydrogène. Stocké sous forme de gaz, l'hydrogène est converti en électricité grâce à deux piles à combustible. Pour les 12 passagers que peut transporter la navette, rien ne changera, si ce n'est qu'ils voyageront en silence et au vert. Le moteur ne fait en effet aucun bruit et ne rejette que de l'eau. Ce projet est né il y a dix ans dans la tête de passionnés réunis au sein de l'association Mission Hydrogène en partenariat avec la Semitan. Fin 2012, les sept partenaires du consortium que leur tandem avait constitué, ont bénéficié du cofinancement du projet par l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) et par le Conseil régional des Pays de la Loire. Pendant toutes ces années, il a fallu bien sûr mettre au point la technologie mais aussi réfléchir à ce qu'elle respecte un cadre réglementaire qu'il a fallu définir puisqu'il est pour le moment, nouvelle technologie oblige, en élaboration au niveau français avec les Services de l'État.

Des moteurs plus puissants dans quatre ans ?

Le Navibus, c'est un peu la figure de proue d'une filière qui commence tout juste à décoller. Le projet inspire déjà d'autres navettes fluviales notamment les vedettes de Paris qui pourraient équiper leurs bateaux pour promener les quelque sept millions de touristes sans polluer la capitale. Avant cela, il faudra travailler sur des moteurs plus puissants. C'est ce à quoi pourrait bientôt s'atteler l'industriel ECA-EN associé à DCNS. Les groupes industriels et navals, qui planchent de longue date sur des applications pour des sous-marins, sont en discussion avec l'Adem pour obtenir la labellisation de leur projet. Il s'agirait de travailler à la construction de piles à combustibles délivrant de 200 à 500 kW soit une puissance motrice bien supérieure à celle du Navibus. « On a une perspective de sortir une solution quantifiée dans les quatre ans », explique Philippe Novelli, directeur général d'ECA-EN, qui travaille sur le projet en partenariat avec l'Université de Nantes et le bureau d'étude nantais Mauric.

Des bateaux de pêche et des sous marins

L'enjeu est hautement stratégique. Alors que d'autres pays et de grandes marques automobiles ont déjà présenté leurs propres piles à combustible, il s'agit d'en créer une 100 % française, qui pourrait être labellisée et utilisée ensuite pour d'autres projets d'envergure nationale. Elle pourrait équiper également les bateaux de pêche qui utilisent encore majoritairement du carburant fossile. « C'est ce qui est en ligne de mire, cela pourrait constituer une vraie alternative pour les pêcheurs qui dépensent 40 % de leurs coûts de production dans le carburant », explique Henri Mora, président de la Mission Hydrogène. Bientôt vogueront des bateaux de pêche et des sous-marins à l'hydrogène donc. Et pourquoi pas des paquebots ! Royal Caribbean Cruises travaille déjà sur le sujet. Pour autant, « n'imaginez pas que l'on verra des porte-conteneurs aller jusqu'à Singapour avec de l'hydrogène, mais c'est tout à fait possible qu'ils l'utilisent de manière hybride, à l'approche des ports par exemple », projette Philippe Jan, directeur du développement des entreprises et des territoires à la CCI Pays de la Loire.

Douze stations de recharge dans la région

Si cet élément, le plus abondant de l'Univers, suscite autant d'intérêt aujourd'hui, c'est parce qu'il est la pièce du puzzle qui manquait jusqu'ici pour faire décoller la filière des énergies renouvelables. Le problème des éoliennes en mer ou des panneaux photovoltaïques est qu'ils produisent de manière intermittente de l'électricité. Que faire quand ils ne produisent plus et que faire quand ils produisent trop ? L'hydrogène répond à la question. Via un électrolyseur, le surplus d'électricité est converti en hydrogène qui pourra à tout moment, alimenter des piles à combustible et produire de l'électricité. Avec l'énorme avantage d'une recharge rapide et sans CO2. Dès l'an prochain, la Vendée va tester l'idée. Le Syndicat Départemental d'Énergie et d'Équipement de la Vendée vient d'obtenir l'autorisation de l'Ademe d'installer 12 stations de recharge partout dans les Pays de la Loire. À Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Saint-Nazaire, les Sables-d'Olonne, Nantes et même l'Ile d'Yeu, il sera possible de recharger en quelques minutes sa voiture en hydrogène. « Tout l'enjeu est de parvenir à stocker l'électricité produite par le parc éolien de Bouin. On montera encore en puissance avec d'autres parcs éoliens installés dans le sud de la Vendée », explique le député Alain Le Boeuf. Reste à fabriquer des voitures à hydrogène ! À vrai dire, elles existent déjà. Honda, BMW, Toyota, Hyundai ont présenté leur modèle. À Nantes actuellement, quatre véhicules circulent à l'hydrogène. Ce sont des véhicules électriques, des KangooH2, équipées d'une pile à combustible qui double leur autonomie. Dans quelques mois, une station de ravitaillement sera inaugurée à Saint-Herblain pour alimenter une flotte de 25 à 30 véhicules à hydrogène ainsi que deux camions. Ce projet d'1,5 million d'euros, est financé par l'Union Européenne et Nantes Métropole. L'hydrogène est devenu une des priorités du gouvernement qui prévoit l'installation d'une centaine de stations d'ici 2018.

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