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Lhyfe ouvre en Vendée la première usine à hydrogène vert de France
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Lhyfe ouvre en Vendée la première usine à hydrogène vert de France

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La jeune entreprise nantaise Lhyfe clôture une levée de fonds de 8 millions d’euros auprès d’acteurs publics et privés pour produire, à partir de 2021, de l’hydrogène « vert », ou décarboné, à proximité du parc éolien de Bouin, en Vendée. Créé par d’anciens ingénieurs du CEA Tech, Lhyfe compte bien dupliquer cette usine à gaz en mer, sur des parcs éoliens offshore.

Au centre, en chemise blanche, Matthieu Guesné, fondateur et PDG du producteur d'hydrogène vert Lhyfe, entouré de son équipe. Sept des salariés sont associés de la PME nantaise — Photo : Lhyfe

Ce sera une première en France. C’est à Bouin, en plein cœur de la Vendée, que va voir le jour la première usine à hydrogène dit "vert", ou décarboné, en 2021. Les travaux commencent ce premier semestre 2020. C’est la jeune PME nantaise Lhyfe, créée en 2017, qui gère cet immense projet pour lequel elle vient de clôturer une levée de fonds de plus de 8 millions d’euros auprès d’acteurs publics et privés.

Bien qu’elle ne génère pour le moment aucun chiffre d'affaires, l’entreprise de 13 salariés, présidée par Matthieu Guesné, a réussi à convaincre le groupe industriel nordiste Ovive (100 salariés), le fonds d’investissement franco-belge Noria, le Syndicat d’Énergie de Vendée (Sydev), Ouest Croissance (société d’investissement de trois Banque Populaire de l'Ouest de la France) et Océan Participations (filiale de capital-investissement du Crédit Mutuel) de rejoindre ce projet industriel.

Une usine à gaz de 4 000 m²

Dans cette usine de 4 000 m² qui sera située à proximité du champ éolien de Bouin, Lhyfe produira donc de l’hydrogène grâce à l’énergie éolienne. Elle transformera, via un électrolyseur, le surplus d’électricité produite par les éoliennes en hydrogène qui sera stocké sous forme de gaz et pourra ainsi alimenter des piles à combustible et produire de l’électricité.

L’hydrogène dit "vert", généré par électrolyse de l’eau, ne rejette pas de CO2 mais de l’oxygène (8 kg pour un kilo d’hydrogène produit). Cet hydrogène est dit "décarboné" par opposition à l’hydrogène produit à partir d’hydrocarbures, qui rejette 10 kg de CO2 par kilo produit.

Huit bus à hydrogène suffisent à rentabiliser l’usine

La prouesse de Lhyfe, soutenue pour ce projet à hauteur de 3 M€ par la Région Pays de la Loire, Bpifrance et la communauté de communes de Challans-Gois, est d’avoir réussi à trouver un moyen d’industrialiser la production alors que l’énergie éolienne est, par définition, intermittente. Cela fait des années que Matthieu Guesné, fondateur de Lhyfe, travaillait sur cette question en tant que directeur du CEA Tech des Pays de la Loire, la filiale de recherche technologique du Commissariat à l’énergie atomique. L’usine embauchera dès 2021 15 personnes et devrait être rentable à partir de 100 kg d’hydrogène produit par jour, ce qui correspond à l’équivalent de la consommation de 8 bus d’une ville moyenne qui roulent à l’hydrogène quotidiennement.

Un objectif tout à fait atteignable pour la PME qui peut déjà compter sur l’engagement des collectivités vendéennes. Le syndicat d’énergie vendéen Sydev, qui participe à la levée de fonds, s’engage à acheter trois véhicules à hydrogène, le Département de Vendée et les pompiers aussi. La ville de La Roche-sur-Yon compte aussi s’équiper d’une station-service à hydrogène qui alimentera une première ligne de bus mais aussi des véhicules de la collectivité comme des bennes à ordures ménagers.

Encourager les entreprises à basculer leurs flottes de véhicules sur l’hydrogène

Les élus vendéens ont été informés de l’opportunité par le Sydev, qui n’a pas hésité une seconde à accueillir cette usine. « Cela faisait un moment que je cherchais un projet en lien avec l’hydrogène vert, qui est l’énergie d’avenir », se réjouit Alain Le Bœuf, directeur du Sydev, un syndicat d’énergie par ailleurs très investi dans les smart grids (réseaux électriques intelligents) via le projet Smile, ou encore sur le développement du biogaz.

Il espère que la loi Mobilités, promulguée en décembre 2019, encourage aussi les entreprises à changer leur flotte de véhicule et à se convertir à l’hydrogène. « J’ai échangé avec une entreprise qui voudrait commander des chariots élévateurs à hydrogène », raconte Alain Le Boeuf. L'hydrogène peut également servir aux industriels qui ont besoin de ce gaz pour créer de la chaleur de haute qualité.

Des projets d’usine à gaz sur les champs éoliens offshore

L’usine de Bouin aura largement la capacité de faire face à la demande : elle peut produire une tonne par jour d’hydrogène. Si les usages se démocratisent, Lhyfe ambitionne, à terme, de créer d’autres usines en mer, à proximité des parcs éoliens offshore. « Le vent y est le plus puissant », explique Matthieu Guesné. Il travaillera avec ses équipes sur ces futures implantations depuis le site de Bouin, où il compte ouvrir un bureau d’études.

Lhyfe espère profiter des effets du plan hydrogène qu’avait décidé Nicolas Hulot quand il était ministre de la Transition énergétique. Il avait débloqué une enveloppe de 100 M€ en 2019 pour développer cette énergie verte et prévoyait la circulation de 5 000 véhicules à hydrogène en 2023, ainsi qu’une centaine de bornes de recharge (contre 20 actuellement). La France rattraperait ainsi son retard sur des pays comme l’Allemagne ou le Japon qui visent, eux, les 800 000 véhicules à hydrogène en circulation d’ici à 2030. La Région Pays de la Loire prévoit, elle, d’encourager la filière avec un nouveau plan d’investissement qui devrait être dévoilé en 2020.

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