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Lhyfe déploie la première plateforme de production d’hydrogène en mer
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Lhyfe déploie la première plateforme de production d’hydrogène en mer

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Ce n’est pour l’instant qu’un site pilote, mais la start-up nantaise Lhyfe a inauguré, jeudi 22 septembre à Saint-Nazaire, une première mondiale : une plateforme off shore de production d’hydrogène décarboné. Une étape indispensable avant un déploiement à très grande échelle programmé ces prochaines années.

La plateforme est en phase de test six mois à quai dans le port de Saint-Nazaire avant de partir en mer un an, reliée à une éolienne flottante — Photo : Cyril Raineau

Prouver la faisabilité technique comme démontrer l’adhésion de partenaires industriels au projet : avec son site pilote de plateforme en mer d’hydrogène décarboné, le nantais Lhyfe (82 collaborateurs) joue une partie de son avenir. Jeudi 22 septembre 2022, cette innovation était inaugurée. Sealhyfe, c’est son nom, est pour l’instant à quai à Saint-Nazaire pour des premiers tests. Elle rejoindra ensuite la pleine mer au large du Croisic, à 20 km des côtes, pour une année supplémentaire d’études. Selon la jeune entreprise fondée par Matthieu Guesné en 2017, il s’agit là d’une première mondiale, destinée à ouvrir la voie à une production offshore en masse de cette énergie verte.

Un an et demi de travail

La technologie, Lhyfe la possède et la maîtrise… sur terre. En septembre 2021, l’usine de Bouin en Vendée, débutait son activité. En sortaient alors les premiers kilos d’hydrogène vert, produits par électrolyse à partir d’eau de mer dessalée et d’électricité provenant des éoliennes sur place. L’éolien offshore étant amené à se développer - la visite le jour même du président Macron du parc de Saint-Nazaire à quelques pas de là où se tenait l’inauguration de Lhyfe en étant l’illustration la plus récente - la jeune entreprise nantaise y voit un moyen de démultiplier son activité. Encore fallait-il notamment tester la résistance aux mouvements d’une plateforme en mer.

Une année et demie de travail a été nécessaire pour relever le défi technologique. PlugPower Eiffage Énergie Systèmes, les Chantiers de l’Atlantique, le guérandais Geps Techno, ou encore le Port de Saint-Nazaire ont participé à la conception et réalisation du projet.

Un électriseur, placé sur la plateforme, sera connecté à l’éolienne flottante produisant l’électricité et située sur le site d’essais en mer (Sem-Rev) de Centrale Nantes. L’hydrogène décarboné sera transporté par pipeline. À noter que directeur du développement de l’école d’ingénieurs Bertrand Alessandrini a annoncé ce 22 septembre qu’une nouvelle éolienne trois fois plus puissante sera installée dans un an pour mettre en place de nouvelles expérimentations.

"Nous répondons déjà à des appels d’offres"

Après avoir validé sa technologie sur terre à Bouin, transformer l’essai avec le site pilote en mer ouvrira d’imposantes perspectives pour Lhyfe, coté en Bourse depuis mai 2022 et projetant 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2026.

Matthieu Guesné, fondateur de Lhyfe, a pu rencontrer, ce jeudi 22 septembre, Emmanuel Macron qui visitait les éoliennes en mer au large de Saint-Nazaire — Photo : Lhyfe

Sealhyfe a la capacité de produire jusqu’à 400 kg d’hydrogène vert renouvelable par jour, soit une puissance de 1 MW. "Notre objectif d’ici 2030-2035 est de produire 3 GW d’hydrogène vert en offshore", résume le directeur technique de Lhyfe Thomas Créach. L’entreprise projette ainsi, d’ici ces 13 prochaines années, entre cinq et dix plateformes de cent à deux cent fois plus grandes que son site pilote, à même de produire chacune entre 50 et 100 tonnes d’hydrogène vert par jour. "Nous répondons déjà à des appels d’offres pour des premiers déploiements en 2027 ou 2028", précise-t-il. La France, qui possède la deuxième surface maritime mondiale et qui parie sur l’éolien offshore, le Danemark ou encore l’Allemagne, intéressés par de telles technologies, pourraient constituer les principaux marchés.

"Nous, on fait"

Au-delà de l’enjeu industriel, Matthieu Guesné fait de l’hydrogène décarboné une solution pour préserver l’environnement. "Nous sommes en train de brûler la planète, c’est vertigineux et inacceptable, appuie le président de Lhyfe. Et nous sommes dépendants d’autres pays pour l’approvisionnement en énergie fossile. Poutine a dans ses mains le prix du gaz et de l’électricité." Pour redevenir "souverains" tout en décabornant l’industrie et la mobilité, "nous avons une solution pour produire de l’énergie de façon économique", ce "en créant de l’emploi". Et de citer l’exemple d’un plein d’hydrogène selon lui "moins cher qu’un plein de diesel ou de sans-plomb".

Dans cette course à l’hydrogène vert que Lhyfe entend mener en tête, son président assure avoir un atout maître dans sa manche : "Beaucoup de monde qui en parle. Nous, on fait." Des mots identiques à ceux employés un an auparavant pour l’inauguration de l’usine de Bouin.

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