Elle rencontre tous les jours des femmes dirigeantes évoluant dans le secteur numérique. Elle déplore « les freins qu’elles se mettent elles-mêmes ». « Quand j’étudie les business plan que les start-up viennent me présenter, je constate qu’il y a toujours une différence si le projet est porté par un homme ou une femme. Ce n’est pas du tout le même niveau d’ambition. Les ambitions des femmes sont systématiquement trop raisonnables. Souvent, elles minimisent leurs objectifs, n’imaginent pas leur entreprise prendre trop d’ampleur », explique Sandrine Charpentier qui s’est interrogé sur les raisons de cette timidité.
Les femmes moins à l'aise avec la notion d'échec ?
« Je pense qu’il y a un schéma sociétal qui fait que les femmes sont éduquées à prendre soin des autres avant de prendre soin d’elles-mêmes. Dans ce cadre, c’est difficile d’affirmer sa volonté de prendre le risque d’entreprendre, elles ont l’impression de penser à elles avant de penser à leur famille. Elles sont aussi moins à l’aise avec la notion d’échec, de droit à l’erreur », poursuit la dirigeante. Elle est amenée à conseiller celles qui veulent se lancer. « Je leur dis toujours : et si vous ne deviez n’écouter que vous, réaliser vos rêves pour ce projet, que feriez-vous ?».
Casser l'image du geek derrière un écran
La fondatrice du réseau Femmes Digital Ouest, qui vise les 100 membres d’ici fin 2018, individus et entreprises, femmes et hommes, milite aussi pour encourager la mixité dans le numérique. Elle intervient pour cela dans les écoles, les réseaux professionnels et les entreprises. "Pourquoi ne trouve-t-on pas de femmes dans les métiers du numérique ? Il n’y a au fond aucune raison ! Pour beaucoup de jeunes femmes, le numérique c’est l’image d’un geek derrière son écran. Or on a besoin de femmes dans ce domaine qui révolutionne le monde dans lequel nous vivrons demain.
« Mesdames, l’innovation a besoin de vous ! »
L’intelligence artificielle, les robots, les réseaux sociaux sont et seront de plus en plus présents dans notre quotidien. Aujourd’hui, ceux qui font l’innovation sont avant tout des hommes blancs de 40 ans. Et par conséquent, l’innovation non mixte ne favorise pas l’émergence de produits et de services qui prendront en compte toutes les mixités, le genre, les âges, les origines ethniques… un exemple récent avec les algorithmes utilisés dans la reconnaissance faciale des individus, excessivement basés sur une banque de photos d’hommes blancs. Avec pour conséquence des différences d’efficacité selon le genre et la couleur de la personne sur laquelle cette reconnaissance faciale s’applique. Comment ne pas se sentir exclue quand on sait ce que permettra demain cette fonctionnalité de reconnaissance visuelle ? Mesdames, l’innovation a besoin de vous !", conclut Sandrine Charpentier.