Il est déjà venu à Saint-Nazaire à plusieurs reprises cet automne dans le bureau du maire David Samzun. Il a aussi rencontré en fin d'année dernière Yannick Vaugrenard au sein de ses bureaux du Sénat. L’entrepreneur Jean-Claude Bourrelier, créateur de Bricorama, aujourd’hui à la tête de Bourrelier Group, est déterminé à racheter les Chantiers de l’Atlantique. Le chantier naval nazairien de 3 000 salariés devait être repris par son concurrent italien Fincantieri. Mais ce projet de rachat vient d’être abandonné, ont récemment fait savoir les gouvernements français et italiens. Du coup, l’État français conserve la majorité au capital des Chantiers de l’Atlantique, aux côtés de Naval Group, de salariés et d’entreprises locales. Sauf que le gouvernement l’a toujours dit, l’État n’a pas vocation à rester indéfiniment actionnaire du constructeur de paquebots.
Jean-Claude Bourrelier pourrait donc prendre le relais. L’homme d’affaires l’a confirmé par communiqué ce vendredi 29 janvier : " Bourrelier Group confirme l’existence d’une démarche en vue d’élaborer une proposition amicale tant envers l’État et Naval Group qu’envers les acteurs locaux (collectivités locales et entreprises impliquées auprès des Chantiers de l’Atlantique), dans une logique de partenariat ". Sa demande a été transmise à l'Élysée.
Un investissement pour 10 ans
Yannick Vaugrenard, sénateur de Loire-Atlantique, l’a rencontré fin novembre : " Il veut investir pour 10 ans et j’ai le sentiment qu’il n’a pas envie de faire une culbute financière. C’est suffisamment rare pour être souligné. Il a indiqué vouloir soutenir un pan de l’industrie française sans en tirer de bénéfices particuliers. Il m’a dit : je veux rendre à la France ce qu’elle a donné ".
C’est justement le profil recherché par Bercy et que plébiscitent les acteurs économiques et politiques de la région de Saint-Nazaire. " Je le disais déjà avec la candidature de Fincantieri, les Chantiers de l’Atlantique n’ont pas besoin d’un industriel qui change de stratégie. Ils ont simplement besoin de porteurs de capitaux qui ne cherchent pas la rentabilité à tout prix ", assure David Samzun, maire de Saint-Nazaire.
Jean-Claude Bourrelier est un entrepreneur qui a gravi les échelons un par un. Il a commencé comme apprenti boulanger puis charcutier avec un CAP, puis vendeur chez Black & Decker. Il est devenu entrepreneur en reprenant une boutique de bricolage à Paris, avant de créer en 1975 le groupe Bricorama, revendu en 2017. Il est aujourd’hui à la tête de la holding familiale Bourrelier Group. Cotée en Bourse depuis 1996, celle-ci affiche 222 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 et emploie 1 500 salariés. Elle pilote des activités de bricolage en Belgique et en Hollande sous l’enseigne Gamma et Karwei (72 magasins).
Investi depuis 20 ans dans les énergies renouvelables
Un parcours d’autodidacte qui a plu au maire de Saint-Nazaire qui l’a rencontré à plusieurs reprises cet automne. " On a passé des bons moments. C’est un amoureux de la France et de l’industrie. Il a du bon sens, connaît bien la situation et semble avoir les pieds sur terre ", indique David Samzun. Son intérêt pour les Chantiers de l’Atlantique n’est pas totalement désintéressé.
L’entrepreneur de 74 ans est déjà engagé dans les énergies renouvelables depuis 20 ans. Il a investi récemment dans l’hydroélectricité, le photovoltaïque et le thermosolaire et a fait partie des premiers à investir dans l’éolien en France en 1999 via une autre de ses sociétés Nouvergies (2,5 M€ de CA en 2017). "Il est convaincu que les énergies marines renouvelables ont de l’avenir ", assure David Samzun. Le marché des énergies marines renouvelables constituent le principal axe de diversification du constructeur nazairien de paquebots.
Bercy aurait également échangé avec d’autres repreneurs selon nos informations. Reste plus qu’à étudier rapidement les dossiers. " Jean-Claude Bourrelier m’a indiqué qu’il prolongerait son offre deux mois mais pas plus. Le train ne repassera pas deux fois ! En cette période de crise, notamment sur le marché de la croisière, cette candidature est tellement hors du commun qu’elle doit être prise en considération ", avertit le sénateur Yannick Vaugrenard.
