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Le vendéen Clean Cells investit 22 millions d’euros dans son nouveau site
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Le vendéen Clean Cells investit 22 millions d’euros dans son nouveau site

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Clean Cells est un champion européen du contrôle de la qualité des biomédicaments et un sous-traitant majeur des sociétés de biotechnologies et des géants de la pharmacie. L’entreprise vendéenne vient d’investir 22 millions d’euros dans de nouveaux laboratoires, à Montaigu. De quoi multiplier par 4 ses capacités d’analyse et de production, et viser le statut d’ETI.

Olivier Boisteau, cofondateur de Clean Cells et vice-président de Clean Biologics — Photo : David Pouilloux

Olivier Boisteau est un dirigeant aussi heureux qu’ambitieux. Le cofondateur de Clean Cells vient d’inaugurer un bâtiment de 5 300 mètres carrés du côté de Montaigu. Un investissement de 22 millions d’euros dans ce qui est "le plus grand site de contrôle qualité des médicaments biopharmaceutiques et de production de banques de cellules et de virus d’Europe, précise-t-il. Ce nouveau bâtiment va nous permettre de multiplier par quatre nos capacités d’analyse et de production."

Clean Cells compte aujourd’hui 140 salariés pour un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros en 2022. Cette société est l’entité la plus importante d’un groupe, Clean Biologics, qui compte également deux autres filiales, Naobios, à Saint-Herblain, et Biodextris, à Laval, au Canada. "L’ensemble du groupe réalise 33 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 240 salariés", précise Olivier Boisteau, par ailleurs vice-président de Clean Biologics, fondé en 2018.

Risque industriel

L’entreprise vendéenne Clean Cells est un sous-traitant du monde des entreprises de biotechnologies et des géants de la pharmacie, comme Sanofi, Servier, Pfizer ou Novartis. Son savoir-faire concerne les biomédicaments, des médicaments dont le principe actif a une origine biologique (cellule ou virus principalement). "Notre principal métier consiste à contrôler pour nos clients l’innocuité de leurs biomédicaments, c’est-à-dire d’assurer un contrôle qualité à toutes les étapes de fabrication. Nous vérifions si leur produit, un vaccin par exemple, n’a pas été contaminé au cours du processus de production, par un virus, une bactérie ou un fragment biologique, qui n’aurait rien à faire dans le produit et pourrait avoir un effet nocif sur le patient, explique Olivier Boisteau. Nous vérifions sa pureté et sa stérilité." Car du risque pour le patient peut découler un risque économique pour l’industriel. "Un lot défectueux de biomédicaments est un risque pour les gens, dit-il. Mais aussi pour l’entreprise qui pourrait avoir un effet désastreux pour elle. Tout l’enjeu de notre métier est là : on ne peut pas passer à côté de quelque chose qui ne devrait pas y être. On recherche une aiguille biologique dans une botte de foin."

Contrôle qualité

Au moment où une biotech ou une big pharma prépare le lancement d’un nouveau médicament, elle doit ainsi se garantir auprès d’une société tierce comme Clean Cells que leur nouveau produit ne présente aucun danger pour les patients auxquels il va être inoculé. "La plupart du temps, notre travail intervient juste avant l’autorisation de mise sur le marché (AMM), au moment de l’étude clinique, précise Olivier Boisteau. Les grands de la pharmacie ont des départements de contrôle qualité, mais faire appel à nous leur permet de nous faire porter la responsabilité de la qualité de leur produit, afin de ne pas être juge et partie." Deux à trois fois par an, Clean Cells détecte ainsi une anomalie. "En 22 ans, cela nous est arrivé une cinquantaine de fois de trouver quelque chose qui ne devait pas y être. Quand nos clients l’apprennent, ils ne sont pas contents, mais c’est aussi un ouf de soulagement."

170 clients dans le monde

Le nouveau bâtiment de 5 300 m2 de Clean Cells, à Montaigu, s’étend sur un terrain de 17 000 m2 — Photo : David Pouilloux

Sur les plus de 5 000 mètres carrés du nouveau bâtiment, plus de 3 000 seront dédiés à des laboratoires équipés d’un matériel flambant neuf. Une partie des installations sera consacrée à la production de banques de cellules et de virus qui permettront aux clients de Clean Cells de produire des médicaments innovants. "C’est notre autre métier, indique Olivier Boisteau. Ces cellules transformées serviront à nos clients à produire un anticorps ou un vaccin." Les clients de Cleans Cells sont des entreprises de biotechnologies (24 %), des sous-traitants producteurs de biomédicaments (45 %) et des industriels de la pharmacie (30 %). "Nous avons 170 clients à travers le monde, rapporte Olivier Boisteau. Notre chiffre d’affaires est réalisé à 33 % en France et 77 % à l’international dont 52 % en Europe, 12 % aux États-Unis et Canada. Notre stratégie commerciale consiste à aller dans les pays où il y a la plus forte dynamique de création d’entreprises dans les biotechnologies, comme en Israël ou en Corée du Sud actuellement."

Changer d’échelle

"Notre marché est en forte croissance depuis dix ans, d’environ 12 % cette année, relate Olivier Boisteau. C’est même 20 % dans le secteur de la thérapie génique." C’est dans ce contexte très favorable que les cofondateurs de Clean Cells (Olivier Boisteau et Marc Meichenin) et l’actionnaire majoritaire ont décidé d’investir dans un nouveau site. Le fonds Archimed, un fonds basé à Lyon et spécialisé dans les medtech et biotech, qui possède 60 % du capital de Clean Biologics, a poussé les dirigeants à voir plus grand et plus loin. "Nous avions des signaux faibles, remarque Olivier Boisteau. Notre portefeuille de clients commençait à vraiment s’étoffer et notre notoriété connaissait une poussée très nette. On s’est également rendu compte que notre site historique ne serait pas adapté à une augmentation rapide de notre activité. Nous ne pouvions pas faire plus de 22 millions d’euros de chiffre d’affaires dans nos anciens bâtiments. Il fallait changer d’échelle pour accompagner la croissance."

Devenir une ETI d’ici 2 à 3 ans

Olivier Boisteau, cofondateur de Clean Cells et vice-président de Clean Biologics, à Montaigu, dans un laboratoire du nouveau bâtiment où ont été installés 7 millions d’euros d’équipements neufs — Photo : David Pouilloux

Autre élément déclencheur de la décision : le contexte de l’épidémie du Covid et les décisions prises par le gouvernement pour assurer la souveraineté industrielle dans le secteur du médicament. Les 22 millions d’euros d’investissement, dont 7 pour les équipements des laboratoires, sont financés en partie par une enveloppe de 6,8 millions d’euros apportés par Bpifrance, dans le cadre du plan de relance France 2030. "Cinq millions de subventions, et 1, 8 millions d’euros sous la forme d’un prêt, précise Olivier Boisteau. Nous pourrons multiplier par 4 nos capacités d’analyse et de production, et viser les 80 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 5 ans." Un nouveau bâtiment est évidemment un atout pour trouver de nouveaux clients et augmenter le chiffre d’affaires. "Nous organisons un séminaire scientifique en septembre, avec beaucoup de clients. Je suis sûr que le bâtiment produira son petit effet." En cas de besoin, le bâtiment s’élève sur une parcelle de 17 000 mètres carrés qui pourrait accueillir un agrandissement et de nouvelles activités.

Dans cette volonté d’être l’un des acteurs qui compte sur la scène de la santé, Clean Cells est membre fondateur d’une nouvelle association France Biolead, née en décembre 2022, porté par les industriels français du médicament et leurs sous-traitants. "La France a raté pas mal de virages dans le domaine des biomédicaments. Notre place est d’être un véritable accélérateur de mise sur le marché d’un médicament au moment où notre pays veut retrouver sa souveraineté dans le secteur de la santé. France Biolead nous permet d’être directement au contact du gouvernement et au cœur des décisions qui seront prises. L’objectif de France Biolead est de faire émerger, dans le domaine des biotechs, une licorne et 5 ETI d’ici à 5 ans. Nous avons pour ambition d’être une de ces 5 ETI. Nous sommes déjà 240, mais nous ne pouvons pas compter les 50 salariés de notre filiale Biodextris, au Canada, sourit le dirigeant. D’ici 2 à 3 ans, nous tablons sur 60 recrutements en France." 190 + 60 = 250. Le compte sera bon pour être une ETI.

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