Saint-Nazaire
Le sous-traitant HPR France quitte les paquebots des Chantiers de l'Atlantique sans explication
Saint-Nazaire # Naval # Juridique

Le sous-traitant HPR France quitte les paquebots des Chantiers de l'Atlantique sans explication

S'abonner

Depuis le 21 mars 2019, le sous-traitant nazairien HPR France a cessé brutalement son activité de pose d'électricité et de porte coupe-feu sur les paquebots de croisière Celebrity Edge sans explication. Et sans se déclarer au tribunal de commerce, laissant sept salariés dans l'attente de leurs salaires depuis deux mois.

— Photo : JDE

Du jour au lendemain et sans explication. Le groupe polonais Havyard Production & Services (300 salariés, 15 M€ de CA en 2016), lui-même filiale de la multinationale norvégienne Havyard, a cessé brutalement l’activité de sa filiale française HPR France (75 salariés). Elle travaille en sous-traitance sur les paquebots des Chantiers de l’Atlantique. « Le 21 mars 2019, comme tous les salariés du groupe, nous avons reçu un e-mail de la direction qui indiquait que la filiale française allait fermer », explique un salarié qui souhaite rester anonyme. Le courriel surprend : « Rien n’indiquait que le chantier se passait mal », poursuit le collaborateur. Et pour cause, il était censé y avoir du travail pendant encore trois ans au moins.

HPR France s’était créé il y a un an et demi pour honorer le contrat de 8 millions d’euros passé avec les Chantiers de l’Atlantique, en vue d’équiper en câbles électriques et en portes coupe-feu quatre paquebots de croisière Celebrity Edge.

« On cherche une explication rationnelle à cette situation. »

Deux jours après l’annonce par e-mail, la majorité des salariés, 50 ouvriers polonais et 20 roumains, tous travailleurs détachés, quittent le chantier et reviennent chez eux. Il reste sept salariés sous contrat français dans les locaux, à Saint-Nazaire, qui attendent toujours leur lettre de licenciement. Car officiellement, l’entreprise n’est toujours pas liquidée.

Désœuvrés, sans salaires depuis deux mois mais contraints de venir chaque jour dans leurs bureaux situés en centre-ville de Saint-Nazaire, ils ont fait appel à la CGT. Le syndicaliste Alain Georget les a aidés à demander une audience en référé aux prud’hommes le 21 mai, ainsi qu’une audience au tribunal de commerce de Saint-Nazaire le 22 mai, où la direction est convoquée. Les salariés espèrent ainsi enfin comprendre ce qui a pu arriver à leur entreprise. « On cherche une explication rationnelle », expliquent les salariés.

L’hypothèse d’un contrat pas rentable

Havyard Production & Services débutait sur les chantiers navals de Saint-Nazaire. C’était même son premier contrat dans le segment des navires de croisière, lui qui intervient d’habitude sur des bateaux de pêches et des brise-glace au Danemark ou Norvège.

Pourquoi a-t-il arrêté son contrat si brutalement ? La CGT a quelques hypothèses en tête : « Ils se sont peut-être engagés sur un contrat qui n’était pas rentable. Ils montaient des portes coupe-feu, c’est connu que c’est un chantier difficile ; les portes sont souvent démontées par d’autres sous-traitants pour leurs interventions, il faut les remonter et, souvent, le donneur d’ordre ne veut pas payer pour cela. Il faut négocier âprement avec les Chantiers de l’Atlantique », avant Alain Georget, responsable de la CGT.

La seule réponse que les salariés ont obtenue des Chantiers de l’Atlantique, c’est une lettre, en début de semaine, qui leur demande de reprendre les travaux au plus vite.

Saint-Nazaire # Naval # Juridique # Social