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Le port de Nantes Saint-Nazaire veut tripler le trafic de porte-conteneurs
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Le port de Nantes Saint-Nazaire veut tripler le trafic de porte-conteneurs

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Le nouveau président du directoire Olivier Trétout ambitionne de tripler le trafic de porte-conteneurs sur le port de Nantes-Saint-Nazaire. Loin du flou politique sur la gouvernance du port d'Etat, cet ancien de la CMA-CGM voit de manière pragmatique le potentiel de développement du quatrième port de France qui enregistre une hausse de 9% du trafic et retrouve l’équilibre financier.

Olivier Trétout a pris la présidence du directoire du Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire le 2 janvier 2019 — Photo : JDE

Il est arrivé il y a tout juste deux semaines sur le quai du port de Nantes Saint-Nazaire. Et le nouveau président du directoire Olivier Trétout a déjà plongé dans les chiffres. « J’étais encore ce matin en train de regarder les taux d’occupation des quais, il y a des quais disponibles, il y a du potentiel », raconte celui qui est passé par de nombreux ports. Très récemment celui de la Jamaïque où l’enjeu était d’accueillir les plus gros navires conteneurs, mais aussi celui de Guyane en passant par la Martinique et le Canal de Panama. Le successeur de Jean-Pierre Chalus, a aussi été responsable d’une filiale au sein de la CMA – CGM, le leader mondial du transport maritime. Son diagnostic est clair : « Nous pouvons multiplier par quatre minimum sans investissement supplémentaires, le trafic de porte-conteneurs », annonce-t-il.

Renforcer les lignes vers l’Amérique du Sud

Cette année, ce segment est resté au même niveau qu’en 2017 avec un trafic de 188 000 conteneurs, loin des quatre millions du Havre et des dix millions d’Anvers. Mais cela devrait changer selon lui, grâce notamment à la récente extension de 350 mètres du quai du terminal à marchandises et au tout nouveau portique opérationnel en février 2019 qui permettra d‘accueillir de plus gros navires. « Nous pouvons encore densifier et étendre le réseau de lignes maritimes. Aujourd’hui nous allons à Dakar et Abidjan mais nous pouvons aller plus loin, renforcer les lignes sur l’Europe, l’Amérique du Sud et l’Amérique Centrale », assure Olivier Trétout.

« Il faut assurer que le passage portuaire soit efficace, simple, en confiance, que cela se passe sans anicroche »

Il veut, pour cela, valoriser les nouveaux services qui devraient voir le jour en 2019. Un guichet unique réglementaire ouvrira en juin pour accueillir des flux de marchandises non européennes. Dans un même lieu, les clients auront à disposition, le service des Douanes et celui des contrôles vétérinaires. Le Grand Port Maritime voudrait aussi concrétiser cette année l’installation d’un entrepôt à température dirigée qui permettrait aux exportateurs de viande ou de lait de gérer leur stock facilement.

« Nous allons aussi travailler avec Bpifrance pour donner du confort aux exportateurs. Ce que j’ai appris à la CMA-CGM, c’est que la marchandise est reine. Il faut la respecter », explique Olivier Trétout. L’enjeu est de convaincre des entreprises de l’ouest de la France de passer par le port de Nantes Saint-Nazaire plutôt que par celui du Havre. « Il faut assurer que le passage portuaire soit efficace, simple, en confiance, que cela se passe sans anicroche », poursuit le nouveau président.

Un CA en hausse de 20 %

Le trafic de porte-conteneurs reste le segment où le port a encore le plus de marge de manœuvre. Sur les autres flux, il a réussi le pari de la diversification engagé en 2015, en pleine crise. Les énergies fossiles (pétrole et charbon) comptent désormais un peu moins dans la balance et représentent la moitié des flux. Le gaz naturel liquéfié affiche des records grâce au tout nouveau hub de Montoir-de-Bretagne, et le transport de colis XXL tire aussi la croissance en raison notamment des exportations du constructeur de moteurs Man Energy Solutions mais aussi de l’expédition des nacelles d’éoliennes offshore produites par General Electric. Le trafic s’élève à 32 millions de tonnes en 2018, en progression de 8,8 % sur un an, et de 27 % sur deux ans.

Plus de 180 000 conteneurs ont transité par le Grand Port Maritime de Nantes-Saint-Nazaire en 2018. — Photo : GPM Nantes Saint Nazaire

Au niveau financier, « le point mort est dépassé, la dette est digeste », observe le président du conseil de surveillance Francis Bertolotti. Le chiffre d’affaires du Grand Port Maritime a progressé de 20 % par rapport à 2015 avoisinant les 75 M€ (560 salariés). « Notre avenir est entre nos mains », poursuit-il comme un écho aux discussions politiques toujours en cours sur la gouvernance du port. Sur ce sujet, l’horizon est loin d’être dégagé. Edouard Philippe avait indiqué en novembre 2018 que le port de Nantes Saint-Nazaire resterait un port d’État mais qu’il était favorable à une plus grande implication de la Région au

Le terminal roulier de Montoir-de-Bretagne — Photo : Franck Badaire

niveau de la gouvernance.

En attendant une décision sur ce sujet, Francis Bertolotti poursuit son mandat et assure l’intérim pendant encore six mois. « Le port est une entreprise et ce devrait être la seule vocation. Ce qui va nous survivre c’est l’investissement », explique celui qui vient de finir un plan d’investissement de 115 millions d’euros sur quatre ans dont 60 % financés par le port.

Une dizaine de projets d’installation en cours

L’avenir du port passera aussi par une bonne gestion de son foncier. Là aussi, l’infrastructure a encore quelques marges de manœuvre. Une dizaine de projets seraient dans les cartons. « Nous avons 300 hectares disponibles dont 110 au Carnet, 30 à Cheviré et 200 à Montoir-de-Bretagne », indique Pascal Freneau, le responsable de la communication. Parallèlement, le port optimise les espaces inoccupables parce que situés près de zones jugées dangereuses. À Montoir-de-Bretagne, sur un espace de plus de 14 hectares autour du terminal méthanier, l’énergéticien Langa répond à un appel d’offres pour un projet d’implantation de centrale photovoltaïque au sol d’une puissance de 9 mégawatts.

Un nouveau corridor avec l’Irlande

Enfin, le port de Nantes Saint-Nazaire pourrait aussi profiter directement du Brexit. En effet, le Brexit obligerait l’Irlande, pour être moins dépendant du trafic venant du port anglais de Douvres, à trouver d’autres sources d’approvisionnement. Des nouveaux corridors pourraient être mis en place avec le port de Nantes. Ils font en tout cas partie du rapport adopté par le Parlement européen le 10 janvier 2019.

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