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Le port de Nantes Saint-Nazaire freiné dans ses ambitions
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Le port de Nantes Saint-Nazaire freiné dans ses ambitions

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Bilan 2019 contrasté pour le port maritime de Nantes Saint-Nazaire. Le trafic a légèrement reculé l'année dernière, notamment en raison des grèves. Mais d’autres indicateurs sont au vert.

— Photo : FLORENT GODARD / LE JOURNAL DES ENTREPRISES

C’est l’un des indicateurs phares du Grand Port maritime de Nantes Saint-Nazaire (540 salariés, 100 M€ de chiffre d’affaires). Le trafic du terminal ligérien a enregistré « un léger tassement » en 2019, dixit le président du directoire, Olivier Trétout. Au total 30,7 millions de tonnes de marchandises y ont circulé l’an dernier, contre 32,5 millions de tonnes en 2018.

120 escales annulées

Plusieurs événements ont freiné les ambitions du port. Dernier en date, le mouvement social contre la réforme des retraites. « En décembre-janvier, plus de 120 escales de navires ont été annulées. On parle là de millions d’euros de pertes de chiffre d’affaires pour le port », a évalué Olivier Trétout lors de la présentation du bilan annuel, le 12 février.

Mesures post-grève pour aider les entreprises

Les entreprises clientes ont aussi été impactées. « Certaines ont dû payer le stationnement d’un bateau à 10 000 dollars par jour, pendant un mois, car il était impossible de décharger les marchandises. Des usines françaises se sont trouvées à court de pièces pour fabriquer des voitures. Les logisticiens ont dû transporter ces pièces par d’autres moyens, via notamment des camions, avec des surcoûts… », déplore Olivier Trétout.

D’ici deux semaines, le port de Nantes Saint-Nazaire devrait annoncer des mesures « pour aider les entreprises impactées à redémarrer ». À la tête du conseil de surveillance, la présidente du conseil régional des Pays de la Loire Christelle Morançais, dit réfléchir à un « projet d’accord social prévoyant à l’avenir un service minimum ». Elle craint que certains clients ne se détournent de l’infrastructure. « Le port n’est pas immortel », s’inquiète-t-elle.

La fin annoncée du transport de charbon

Mais la baisse du trafic global du port s’explique aussi par l’arrêt technique de la raffinerie Total de Donges, au printemps 2019. Conséquence : moins d’importations de pétrole brut et moins d’export de produits raffinés. Enfin, le transport de charbon a, lui, été divisé par trois en 2019 (300 000 tonnes l’an dernier), en raison de l’arrêt progressif de la centrale électrique EDF de Cordemais.

Malgré ces turbulences, le port de Nantes affiche une série d’indicateurs au vert. En dépit de la baisse des tonnages, sa croissance de chiffre d’affaires a en effet progressé. Il dépasse aujourd’hui les 100 millions d’euros. Son excédent brut d’exploitation s’élève à 29 millions d’euros. Par ailleurs, le grand port maritime déclare avoir réduit son endettement l’an dernier.

Année record pour le gaz naturel liquéfié

Et si le trafic a été marqué par la baisse des flux de charbon et de produits pétroliers, ou encore des céréales (-28 %), d’autres marchandises ont progressé.

Pour la première fois, les volumes de gaz naturel liquéfié (GNL) « ont dépassé tout le reste », « avec 8,6 millions de tonnes, un nouveau record », indique le président du port. Ces dernières années, le complexe industriel Elengy (filiale d’Engie), à Montoir-de-Bretagne, a dopé l’activité. Mais ses cuves étant pleines actuellement, l’activité a surtout été tirée en 2019 par le « transbordement de navire à navire ». Des bateaux à effet brise-glace arrivent notamment de Sibérie, pour transvaser leur marchandise sur d’autres navires qui livreront des lieux de consommation dans une foule de pays. « Nous sommes l’un des seuls ports en France, voire en Europe, capables de réaliser cette opération », assure Olivier Trétout.

Le port de Nantes Saint-Nazaire revendique aujourd’hui la place de numéro un français sur des secteurs comme le GNL ou encore l’alimentation animale. « Nous restons optimistes. Le potentiel de ce port est extraordinaire », assure son président. Il revendique un rôle de « cheville ouvrière d’un bassin industriel de 25 000 salariés ». Et évalue à 15 milliards d’euros le chiffre d’affaires cumulé des industriels liés à l’activité portuaire présents sur l’estuaire

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