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Le nantais JVD veut s'imposer comme un pionnier de l’hygiène connectée
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Le nantais JVD veut s'imposer comme un pionnier de l’hygiène connectée

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Se voulant précurseur dans l’hygiène connectée, le concepteur et fabricant de produits d’hygiène JVD, installé à Rezé, près de Nantes, voit l’avenir en grand. Boostée par l’explosion des commandes de ses distributeurs de gel hydroalcoolique, la PME de 48 salariés va disposer d’un nouveau bâtiment répondant à son fort développement.

La crise du Covid a renforcé la PME JVD, dirigée par Thierry Launois, dans un de ses axes de développement : l’hygiène connectée — Photo : Cyril Raineau

Des demandes qui ont noirci comme jamais le carnet de commandes, un nouveau bâtiment fraîchement acquis, un chiffre d’affaires qui suit une courbe ascendante : le concepteur et fabricant de produits d’hygiènes JVD, installé à Rezé, près de Nantes, ressort renforcé de la crise sanitaire du Covid-19. « Même si nous avons été mis sous tension, et même si des process habituellement bien huilés ont été grippés », en convient le directeur général Thierry Launois.

JVD, trois initiales pour Jacques de Vasselot Distribution, du nom du fondateur de l’entreprise voici 35 ans. Une PME qui pèse 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, et qui atteindra probablement entre 32 et 35 millions d’euros en 2020. Le groupe JVD, englobant des filiales à Singapour, au Mexique et à Alicante en Espagne, emploie au total 120 salariés. Sur le site de Rezé, ils sont en temps normal 48 salariés, et pour répondre à l’explosion de la demande de distributeurs de gels et de savons ces derniers mois, l’effectif est passé, avec la signature de contrats d’intérims et de CDD, à 105.

En février, frémissement des commandes, puis explosion dès mars

Photo : JVD

« Dès février, nous avons constaté les premiers effets de la crise, se souvient le directeur général de JVD. Les produits comme les nôtres, notamment les distributeurs de savon et gel, sont produits essentiellement en Chine. Le Nouvel an chinois et le Covid ont bloqué ce pays, entraînant une rupture d’approvisionnement. » Début mars, la crise sanitaire frappe la France. La défaillance de la Chine conjuguée à la peur de contracter le coronavirus a fait que « les ventes de distributeurs de gel et savon ont explosé en un temps très court », poursuit Thierry Launois. Quelques dizaines de milliers auraient dû être produits entre mars et juillet. Ce seront finalement « plusieurs centaines de milliers », observe le dirigeant, volontairement discret sur les chiffres pour brouiller les pistes à l’endroit de la concurrence. Et de préciser malgré tout que « 70 % des commandes ont été passées pour la France, 30 % pour l’étranger ». Mi-juin, la demande ralentissait pour « revenir à une forme de normalité début juillet ». Fin juillet, face à une possible résurgence du Covid, elle frémissait de nouveau.

Pionnier sur l’hygiène connectée

Au-delà d’une hausse « colossale » de la production pour reprendre le terme du dirigeant, la parenthèse désenchantée du Covid a aussi renforcé JVD dans un de ses axes de développement : l’hygiène connectée. « Pendant la crise, et ce sur un temps très court, nous avons vendu quelques centaines de solutions connectées pour la surveillance du gel hydroalcoolique à destination des aéroports, des transports en commun… Les gens avaient peur de l’absence de gel », décrit le dirigeant

JVD se définit comme « précurseur » dans ce domaine. « Nous inventons l’hygiène intelligente », résume Thierry Launois, qui fait observer malgré tout qu’il existe aujourd’hui une société concurrente, « un des leaders mondiaux dans la vente de papier toilette et de savon, le groupe suédois Essity (12,2 Md € de CA en 2019, 2 500 collaborateurs en France). » Reste que le pionnier JVD, ambitionnant de « révolutionner les métiers de l’hygiène », a amorcé le projet voici quatre ans, s’appuyant sur un chiffre de la Fédération des entreprises de propreté : 70 % des plaintes d’usagers des toilettes publics sont liées au manque de consommables (papier toilette essentiellement). « Nous avons ainsi imaginé des produits de distribution de consommables (papiers toilettes, gel, savons…) connectés, équipés de capteurs et de cartes électroniques, pour remonter de l’information sur ce qui se passe dans le distributeur. Ils permettent de mesurer en permanence le niveau de savon ou de papier restant », détaille Thierry Launois. Bénéfices : éviter une rupture du consommable et plus de tournée permanente de surveillance des stocks, tout se faisant à distance. Outre également des poubelles connectées pour établir leur niveau de remplissage, JVD a créé un boîtier évaluant la fréquentation des sanitaires. « S’il y a un pic de passage, vous pouvez alors intervenir pour nettoyer au plus vite », décrit le directeur général.

Thierry Launois, DG de JVD à Rezé — Photo : Cyril Raineau-JDE

L’offre commerciale de produits connectés, baptisée Hygiaconnect, a été lancée en mai 2019. « Nous avions auparavant mené quelques années de développement et d’expérimentation, notamment à l’aéroport de Marseille. Puis, nous avons déployé nos produits dans un grand nombre de sites : aéroports de Paris, l’aéroport de Luxembourg, les transports en commun à Bordeaux, Lyon… ». Et dans les tramways nantais pour les distributeurs de gel à la suite de la crise du Covid. Ce marché d’hygiène connectée en est à ses balbutiements, « nous le créons, et évangéliser prend du temps. »

Deux segments : les produits d’hygiène et les accessoires d’hôtels

JVD, détenu à 90 % par le fonds d’investissement lyonnais Orfite, et à 10 % par le management de l’entreprise, va de l’avant en misant sur deux segments. Le premier, les produits d’hygiène, représente 85 % de son chiffre d’affaires en France et 50 % à l’international. Dans cette catégorie, les sèche-mains électriques constituent la gamme historique. « Nous présentons entre 10 et 15 références, plus de 40 000 sèche-mains électriques sont produits par an, détaille Thierry Launois. On entend parler de Dyson dans ce secteur, mais nous vendons en France beaucoup plus que ce concurrent. » L’autre gamme, ce sont les distributeurs de consommables comme les distributeurs de papiers hygiéniques, de savon, de gel, de papier essuie-main ou de parfum d’ambiance. De 450 000 à 500 000 unités sortent de l’usine chaque année. Enfin, le complément de la gamme de produits d’hygiènes se matérialise par des poubelles professionnelles, produites en partenariat avec la société belge Probbax.

Le deuxième segment, « ce sont les accessoires de chambre d’hôtel comme les sèche-cheveux, les bouilloires, les minibars, les miroirs grossissants… ». Ils représentent 15 % du chiffre d’affaires français, 50 % du business à l’international.

Avec toutes ses activités, JVD se sentait à l’étroit. « Depuis longtemps, nous savions que notre site ne suffirait plus, notre développement naturel demandait de l’espace, résume Thierry Launois. Notre positionnement et notre foi dans le made in France ont été confortés avec la crise du Covid. » Le 30 juin, la PME prenait possession d’un bâtiment de 3 000 m2 voisin du sien, anciennement la carrosserie Lemasson. Le cabinet d’architecture nantais UrbanMakers va s’emparer du projet d’aménagement. Ce bâtiment abritera un entrepôt, un atelier, des bureaux et un espace de détente, et pourrait être totalement prêt en juin 2021 pour un coût de 3 millions d’euros. Une concrétisation de la dynamique de JVD résumée par son directeur : « Il faut qu’on continue à croire dans le made in France, les vents sont favorables. »

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