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Le groupe Sepro veut conquérir l’Asie du Sud-Est
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Le groupe Sepro veut conquérir l’Asie du Sud-Est

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Le fabricant de robots de presse à injection plastique, n° 2 dans le monde et n°1 aux Etats-Unis, se prépare à conquérir l'Asie du Sud Est avec ses nouveaux robots fabriqués à la Roche-sur-Yon. Si le groupe vendéen a été freiné en 2020 par la crise sanitaire, l'année 2021 s'annonce plus prometteuse.

— Photo : Sepro

Sepro l’avait prévu, même avant la crise sanitaire. L’année 2020 ne sera pas une année de croissance pour le numéro 2 mondial de la fabrication de robots de presse à injection plastique. La période d’activité réduite en mars et avril a plombé un peu plus les résultats du groupe familial vendéen qui travaille pour 85 % à l’export. " On se projette vers un chiffre d’affaires en baisse de 15 % ", explique Nicolas Prefol, directeur administratif et financier de Sepro (581 salariés, 110 millions d’euros de CA). Une baisse similaire à celle encaissée en 2019. Les causes sont les mêmes : le repli du marché automobile, principal débouché de l’ETI. L’année 2020 se termine tout de même avec une note positive, malgré les impacts des deux confinements. " Le niveau de commandes est finalement supérieur à 2019 sur le deuxième semestre ", constate Nicolas Préfol.

Sepro continue donc son plan de route. L’ETI vendéenne qui a connu des courbes de croissance impressionnantes toute la dernière décennie, réussissant à quintupler ses volumes de ventes depuis 2009, garde les mêmes ambitions : devenir numéro 1 mondial en détrônant le grand concurrent japonais Yushin (689 salariés, 160 M€ de CA) et s’imposer en Asie du Sud Est avec des robots fabriqués en France, à La Roche-sur-Yon.

Une nouvelle gamme standardisée en février

C’est en effet là que se trouvent les marchés les plus dynamiques. " L’Asie reste le marché le plus solide pour les robots industriels : le stock opérationnel du plus grand adoptant de la région, la Chine, a augmenté de 21 % et a atteint environ 783 000 unités en 2019. La part des robots nouvellement installés en Asie représente environ les deux tiers de l’offre mondiale ", constate la Fédération Internationale de la robotique (IFR) dans son dernier rapport 2020.

L'un des premiers éléments de la nouvelle gamme développée par Sepro. — Photo : Sepro

Vis-à-vis de ses prospects évoluant dans le secteur automobile, l’électronique, le médical, Sepro veut se positionner comme la référence sur les robots haut de gamme. " On ne fera jamais du bas de gamme, on ne pourra pas s’aligner sur des robots qui coûtent aujourd’hui 5 fois moins cher, mais on veut s’aligner sur le prix haut de gamme ", explique le directeur commercial monde de Sepro Xavier Lucas. Pour cela, l’ETI vendéenne doit standardiser ses gammes, réduire ses coûts de fabrication, baisser le nombre de pièces disponibles, repenser le design. Un premier robot de cette nouvelle gamme sortira en février de l’usine de La-Roche-sur-Yon. " Ce sont comme des briques de Lego qu’il faut repenser différemment ", résume Xavier Lucas.

Des nouveaux bureaux à Singapour et en Inde en 2021

Pour cela, Sepro s’est appuyé sur son centre R & D et son bureau d’études qui rassemblent une centaine de collaborateurs, soit un cinquième de ses effectifs. Parallèlement, Sepro étoffe aussi son réseau commercial. L’ETI qui compte déjà 11 filiales et bureaux de ventes dans le monde (États-Unis, Canada, Mexique, Brésil, Chine, Allemagne, Suisse, Espagne…) s’apprête à ouvrir un bureau à Singapour en 2021 et signe des partenariats avec des distributeurs en Corée au Sud, Malaisie et au Japon. Des ouvertures sont aussi prévues en Lituanie, en Lettonie et en Inde, l’un des marchés les plus prometteurs du moment. " En cinq ans, l’Inde a doublé le nombre de robots industriels opérant dans les usines du pays ", constate l’IFR dans son dernier rapport.

Enfin, Sepro muscle les équipes de sa filiale chinoise qu’elle avait ouverte pour suivre l’activité des clients grands comptes. " Nous réalisons 2,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en Chine, on part de quasi rien ", analyse le directeur commercial Xavier Lucas.

En Asie, l’ETI vendéenne marche sur les platebandes de son éternel concurrent japonais Yushin, qui affiche toujours un chiffre d’affaires annuel de 160 millions d’euros, ainsi que d’autres fabricants asiatiques. Une concurrence qui ne fait pas peur à Sepro. " Si on est leader sur le marché américain, mais aussi en Allemagne et en France, ce n’est pas pour rien ! Nous proposons de l’automatisation et une solution complète qu’ils ne font pas ", argumente le directeur commercial. "Sepro n’a pas à rougir !", ajoute Benoit Furet, professeur à l’IUT de Nantes, chercheur au laboratoire LS2N. "Ils ont par rapport à Yushin, une vraie expertise sur les interfaces hommes-machines qui sont très intuitives, très faciles", poursuit le professeur.

Plus de data dans le système de commandes

Nicolas Préfol, directeur administratif et financier, pilote le pôle gestion du groupe Sepro. — Photo : Jéromine Doux - Le Journal des Entreprises

Pour conserver sa place de numéro 2 mondial, Sepro investit donc pour améliorer encore cette interface, ce fameux logiciel de systèmes de commandes des robots par tablette qui a contribué à sa réputation et à son hypercroissance sur le marché ces 10 dernières années. " Le but est que les clients puissent développer leurs propres applications, générer des statistiques de production, qu’ils récupèrent aussi des données sur la productivité, le temps de fonctionnement des machines afin de faire de la maintenance prédictive ", explique Xavier Lucas. Sepro devrait recevoir un coup de pouce financier de l’État pour cela. Elle fait partie des 30 entreprises retenues dans le cadre du plan de modernisation de l’industrie automobile.

Ce n’est pas la seule innovation numérique sur laquelle planche Sepro. L’ETI travaille aussi la partie services : elle développe des plateformes et contenus d’E-learning et de tutoriels qui serviront pour les clients et salariés. Objectif : vendre plus de formations à distance. Le confinement et le télétravail imposé à ses clients ont confirmé que c’était un des virages à prendre. " Le service représente 20 % de notre activité ", précise Nicolas Prefol. Sepro investit aussi dans un nouveau site internet en espérant en faire un site d’e-commerce. " L’idée serait de vendre des pièces détachées ", explique le responsable communication Jean-Sébastien Clément. Pendant le confinement, Sepro a aussi innové en digitalisant ses stands. " On a enregistré entre 2 000 et 3 000 visites en une semaine ", note Jean-Sébastien Clément.

La crise sanitaire pousse le marché du médical

La crise sanitaire aura également eu un effet salutaire : permettre à Sepro, freiné par le repli de l’automobile, de se développer sur le marché de la santé. " Nous avons été sollicités pour fournir des robots afin de produire des respirateurs ou des produits à usage unique ", explique le directeur commercial. Aux États Unis, le marché médical est même devenu le premier marché de Sepro. " Aux USA, on est passé à 50 % de nos ventes sur le médical. Au total, nous sommes passés de 8 à 15 % de notre activité liée au médical ", poursuit Xavier Lucas.

Parallèlement, la demande revient du côté de l’automobile. " Nous prenons pas mal de commandes liées au nouveau marché des véhicules électriques. On développe beaucoup d’automatisation. C’est une tendance de fond ", explique Xavier Lucas.

Sepro est donc fin prêt pour retrouver en 2021 le chemin de la croissance. Il en a en tout cas les capacités : son site de la Roche-sur-Yon, depuis sa rénovation et son extension en 2017 (de 13 000 à 20 000 m²), est capable de produire 5 000 robots par an contre 3 000 actuellement.

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