Le groupe Beneteau est entré en négociations exclusives pour céder son activité Habitat. Cette dernière repose sur la fabrication de mobile-homes en particulier pour le secteur de l’hôtellerie de plein air. L’entreprise, dont le siège se situe à Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée, justifie ce choix par la volonté de se focaliser sur les marchés du nautisme. Ces négociations s’effectuent avec le groupe Trigano, acteur européen dont le siège social est à Paris, qui a justement pour activité principale et historique de concevoir, fabriquer et commercialiser des habitations mobiles de plein air. La division habitat de Beneteau, créée en 1994, est riche de trois marques : O’hara, IRM et Coco Sweet. Elle compte 900 collaborateurs répartis sur six sites de production en France et un en Italie, et réalise un chiffre d’affaires de 257 millions d’euros en 2022. D’ailleurs pour 2023, le groupe tablait sur une croissance et un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros pour sa division habitat.
"C’est une belle pépite, et avec les activités de Trigano, cela va permettre de créer un véritable champion européen", assure Bruno Thivoyon, directeur général du groupe Beneteau depuis juin 2022. Ces chiffres s’inscrivent dans une dynamique de forte croissance pour le géant vendéen, qui a clôturé l’exercice 2022 avec un total de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, soit une augmentation de 22,9 % comparée à 2021.
De plus gros investissements sur la division bateau
La réalisation de l’opération pourrait intervenir d’ici la fin de l’exercice 2023, et demeure pour le moment soumise à l’obtention de l’approbation des autorités de concurrence. Par cette opération, Beneteau se recentrerait alors sur son cœur de métier historique. "Ce projet de cession nous permettrait de focaliser notre développement et nos innovations sur le marché du nautisme", projette Bruno Thivoyon.
Le groupe, qui avait prévu une enveloppe de 70 à 80 millions d’euros d’investissement pour 2023, souhaite ainsi profiter de cette future vente pour avoir une capacité d’investissement future plus forte sur sa division bateau. Celle-ci comporte aujourd’hui quatre segments de marché : dayboating (petit voilier sans couchage), real estate on the water (voilier jusqu’à 25 mètres), voile monocoque et voile multicoque.
Beneteau ambitionne également de s’élargir vers de nouveaux métiers du nautisme, comme les métiers de la location, ou encore de continuer à s’ouvrir au domaine du digital, et du service personnalisé. "Nous avons, par exemple, développé récemment l’application Seanapps. Elle nous offre une connaissance des cas d’usage pour pouvoir développer un produit qui répond parfaitement aux pratiques", explique Bruno Thivoyon. "La maintenance pourrait également être mieux anticipée".
Accélérer autour des enjeux environnementaux
Le groupe souhaite aussi accélérer sur le terrain environnemental, en utilisant, par exemple, des matériaux recyclés et recyclables. Le groupe annonce d’ailleurs l’intégration de solutions de propulsions alternatives sur 100 % de son offre produit d’ici 2030.
"Nous proposons d’ores et déjà une propulsion électrique pour notre segment dayboating", ajoute le dirigeant. Cela fait notamment suite au partenariat noué l’année dernière avec Vision Marine Technologies, entreprise cotée au Nasdaq américain et leader de la transition électrique dans le secteur de la navigation de plaisance. "Nous avons également débuté de premières ventes sur des voiliers à propulsion électrique, mais le cas d’usage se cantonne pour l’instant au lac, l’électrique ne constituant pas encore une alternative assez rassurante en mer", précise Bruno Thivoyon.
À la suite des résultats financiers 2022, le groupe vendéen avait mis en avant de nouveaux objectifs pour 2025 avec un chiffre d’affaires compris entre 1,8 et 2 milliards d’euros, mais cette vente viendrait bien sûr redistribuer les cartes.
