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Laurent Herr (Orange) : « La 5G peut révolutionner les usines »
Interview Loire-Atlantique # Télécoms # Innovation

Laurent Herr directeur de l'Agence entreprises Ouest Atlantique d'Orange Laurent Herr (Orange) : « La 5G peut révolutionner les usines »

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A la tête d'une équipe de 600 salariés, Laurent Herr est le nouveau responsable du marché entreprises d'Orange pour la Bretagne et Pays de la Loire. 5G, intelligence artificielle et cybersécurité : il fait le point sur les révolutions à venir pour les entreprises.

Laurent Herr est le directeur de l'Agence Entreprises Ouest Atlantique (AEOA) au sein d'Orange depuis le 1er janvier 2020. — Photo : Orange

Orange teste depuis un an la 5G à Nantes. Quand est-ce qu’elle sera commercialisée ?

Laurent Herr : D’ici la fin de l’année, nous espérons. Nous attendons les autorisations de la part de l’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes. Nous sommes dans les starting-blocks. Cela va être une révolution très profonde. La 5G apporte dix fois plus de débit que la 4G : nous allons passer de 10 Mbit par seconde à 100 Mbit. Les entreprises vont plus en tirer parti que les particuliers. Cela va permettre d’envisager des usages que nous n’avons même pas encore identifiés. La 5G sera par exemple utilisée dans la future usine électronique du groupe Lacroix, dans le Maine-et-Loire. Elle est déjà testée à Lyon chez le fabricant de grues Manitowok qui a installé des capteurs sur ses produits. Cela lui permet de faire du SAV à distance mais aussi de réaliser de la maintenance prédictive en analysant les données enregistrées par les capteurs. La 5G peut révolutionner les usines. Elle permet de rassembler le système d’information de l’entreprise et l’internet des objets. L’internet des objets, c’est ce qui pilote les robots, c’est propre aux entreprises, à leur fonctionnement. Le but est de rapprocher ces deux mondes. Nous estimons que moins de 30 % des entreprises l’ont fait. C’est l’un des enjeux majeurs de la 5G pour les industriels.

L’autre enjeu pour Orange, c’est accompagner les entreprises dans la gestion de leurs data et l’intelligence artificielle ?

Nous travaillons sur la voix. Nous faisons par exemple un test avec une banque à Nantes qui identifie grâce à la voix, mais aussi l’historique de navigation du client sur le site, les comportements du client et peut lui conseiller certains produits, comme des outils sur la protection juridique par exemple. Le test lui a permis d’augmenter ses ventes de 36 % par conseiller. Nous pouvons en effet utiliser le contenu des conversations téléphoniques. Une conversation avec un client, c’est un trésor ! On peut détecter son émotion par exemple et adapter ainsi les réponses au client. Nous voyons beaucoup d’entreprises qui veulent renouer avec la relation commerciale que les commerçants avaient dans les années soixante. L’intelligence artificielle peut rétablir cette relation perdue. À Nantes, plus de 500 salariés d’Orange (sur 2 500) travaillent sur la data. Aujourd’hui, au niveau national, 37 % des effectifs travaillent sur l’IT, en 2025, ce sera la moitié des effectifs. D’ici 2025, les données générées par les entreprises représenteront 60 % des données, contre 30 % aujourd’hui. Il faut accompagner les entreprises dans cette révolution.

Orange vient d’ouvrir un cybercampus à Rennes. Quelle est votre ambition sur la cybersécurité ?

La cybersécurité, c’est l’un des autres enjeux majeurs pour Orange. Le but est de générer un milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2022 et de devenir leader européen sur ce sujet. C’est un sujet quotidien : en Loire-Atlantique, une usine dont je ne citerai pas le nom a dû fermer en catastrophe et arrêter deux semaines à cause d’une cyberattaque. Il faut accompagner les entreprises car les vieilles recettes ne marchent plus. Les multiples accès à internet des collaborateurs font que l’entreprise n’est plus protégée comme avant.

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