Lambert Manufil : La vieille PME découvre les vertus de l'innovation

Lambert Manufil : La vieille PME découvre les vertus de l'innovation

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Fabricant de fil métallique et de pointes né en 1924, Lambert Manufil mise de plus en plus sur le marché de la clôture. La PME de Couëron en distribue depuis 45 ans. Elle passe aujourd'hui à la vitesse supérieure en lançant son premier produit en propre, un panneau végétalisé.
— Photo : Le Journal des Entreprises

«L'innovation, c'est le moteur de l'entreprise... Nous venons de prendre conscience de cela». À la tête de Lambert Manufil depuis 2009, Carine Chesneau est en train de bousculer les habitudes de cette vieille entreprise de métallurgie couëronnaise qui fabrique des pointes et du fil d'acier depuis 1924. La PME de 60 salariés vient en effet de lancer son premier produit en propre, une gamme de panneaux végétalisables pouvant faire office de clôture, habiller une façade ou un mur intérieur. L'originalité de ces panneaux métalliques constitués par deux grillages espacés de quelques centimètres, c'est qu'ils peuvent servir de support à des plantes (chèvrefeuille, jasmin, lierre, etc.). «Il y a une réelle demande en matière d'occultation du jardin. L'avantage de nos panneaux Bipalis, c'est qu'ils sont totalement modulaires, qu'ils prennent beaucoup moins de place qu'une haie et que c'est une vraie innovation sur un marché qui ne propose principalement que des solutions de type toiles brise vue», expose Carine Chesneau. Au niveau industriel, cette nouvelle activité s'inscrit dans une certaine continuité pour la PME. Elle «coule de source», assure même la dirigeante.




400.000€ investis

Sur le plan technique, les panneaux végétalisables sont en effet constitués de fils métalliques, grande spécialité de l'entreprise qui a investi 400.000€ dans un parc machines dédié à cette diversification. Les poteaux en aluminium et la finition sont, eux, confiés à un industriel nordiste. Au niveau du marché, la PME ne débarque pas non plus en terre inconnue. Dans les Pays de la Loire et en Bretagne, via ses centres logistiques de Couëron, Rennes et Vannes, Lambert Manufil distribue en effet depuis une quarantaine d'années des clôtures, portails, barrières et gabions produits, pour la plupart, par le fabricant belge Betafence, leader mondial de la clôture. Plus que le marché ou le process industriel, c'est la démarche d'innovation qui constitue la plus grande nouveauté pour Lambert Manufil. «Nous avons eu recours à des services auxquels nous n'avions jamais fait appel auparavant: des études de marchés, une agence de communication, un commercial pour développer un réseau de distribution, etc. Cela nous change pas mal», s'enthousiasme Carine Chesneau.




Un fruit de la crise

Cette petite révolution, Lambert Manufil la doit en partie à la crise. La PME est en effet victime d'un gros trou d'air en 2009, son chiffre d'affaires chutant de près de 25% sur un an. «Au premier semestre 2009, l'activité s'est même effondrée de 45%. À cette époque, nous nous demandions ce que nous allions devenir», se remémore la dirigeante couëronnaise. Du coup, la PME familiale décide d'investir et d'innover. Jean-Pierre Sautejeau, le père et prédécesseur de Carine Chesneau aux commandes de Lambert Manufil, se retrousse les manches et dépose un brevet pour les panneaux végétalisables. En quelques semaines, ceux-ci prennent place dans le jardin de particuliers, dans des entreprises, au sein de collectivités. Pour l'instant, la PME a commercialisé son Bipalis auprès de 25 clients dans les Pays de la Loire. Le recrutement d'un commercial doit permettre de monter un réseau de distribution chargé de commercialiser les panneaux auprès de paysagistes. La PME prospecte aussi auprès des jardineries et des magasins de bricolage. La dirigeante estime que cette nouvelle activité pourra représenter à terme un tiers du chiffre d'affaires de l'entreprise (14M€ en 2010). Le marché de la clôture est en progression, estime t-elle. Contrairement à la fabrication de fils en acier et de pointes qui, concurrencés par la sidérurgie des pays de l'Est, stagne. Mais plus que cette perspective de développement, c'est bien le processus d'innovation que retient Carine Chesneau: «Quand on est absorbé par le quotidien, il y a toujours quelque chose de plus urgent que de faire de l'innovation. Or, c'est cela le plus urgent, c'est de se projeter dans l'avenir». Et l'avenir, la dirigeante pourrait bien le préparer en procédant au recrutement d'un premier collaborateur chargé de développer des nouveaux produits.

Lambert Manufil



(Couëron) P-dg: Carine Chesneau 60 salariés 14M€ de CA 02 40 38 35 47