La Poste : « Le boom du colis transforme en profondeur notre modèle »
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Alain Charrier directeur exécutif services courrier La Poste : « Le boom du colis transforme en profondeur notre modèle »

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Alors que la distribution de courrier chute d’environ 7 % chaque année dans la région, les livraisons de colis ne cessent d’augmenter. Ce qui oblige La Poste à se transformer. Le groupe investit 8 millions d’euros dans les Pays de la Loire, dont 5 millions à Carquefou, près de Nantes, pour la création d’une nouvelle plateforme.

Alain Charrier, directeur exécutif du groupe La Poste, dans la Région Pays de la Loire, mise sur la livraison de colis. — Photo : La Poste

Le Journal des Entreprises : Comment évoluent les activités de La Poste dans les Pays de la Loire (5 500 salariés, 400 M€ de CA) ?

Alain Charrier : Notre modèle est en profonde évolution. Tout le monde a dans l’esprit que La Poste, c’est la distribution de courrier depuis cinq siècles. Mais depuis la crise de 2008, nous connaissons une baisse brutale des volumes de courriers. En France, comme dans la région Pays de la Loire, cette activité chute de 7 % par an. Entre 2005 et 2020, on aura perdu la moitié de nos volumes.

Dans le même temps, notre activité de livraison de colis est en fort développement, avec une augmentation de 8 % par an. Nous sommes portés par le e-commerce, qui enregistre chaque année, une croissance de 10 à 15 %. En fin d’année, à partir du Black Friday et jusqu’à Noël, le nombre de livraisons est même multiplié par deux ou trois. Puis les volumes augmentent à nouveau pendant la période estivale. En parallèle, le nombre de petits colis, comme les câbles de branchement ou les coques de téléphones, augmente fortement également.

Comment vous adaptez-vous à ces mutations ?

A.C. : Nous allons investir 5 M€ dans une plateforme de 6 500 m² à Carquefou, afin de distribuer les 10 000, et jusqu’à 30 000 colis commandés par jour, dans l’agglomération nantaise. Cette plateforme sera livrée fin 2019. Nous avons également investi 1 M € à La Roche-sur-Yon, en Vendée, pour adapter nos outils industriels. Les plateformes du Mans, Angers et Laval subissent les mêmes transformations. Dans la région, l’activité colis a augmenté de 30 % en trois ans. Cette activité nous demande plus d’espace. Notre parc de véhicules n’est plus adapté. On ne peut pas livrer des colis à vélo. Nous devons complètement repenser nos outils.

« Si Amazon s’installe sur le territoire, c’est que le marché est intéressant et porteur. Nous avons donc raison d’investir ici. »

Au total, nous investissons 8 M€ dans la région. Aujourd’hui, la hausse de l’activité colis ne couvre pas complètement la chute du courrier. Nous voulons donc capter le maximum de flux. Le courrier va continuer de chuter, il faut que nous prenions le plus de parts de marché possibles dans la livraison de colis.

L’arrivée d’Amazon nous conforte dans ce choix. Pour nous, c’est à la fois un concurrent et un client, puisque nous livrons une partie de ses colis. S’il s’installe sur le territoire c’est que le marché est intéressant et porteur. Nous avons raison d’investir ici.

En termes de formation et de recrutement, que vous imposent ces transformations ?

A.C. : Nous avons de nouveaux besoins en recrutement, notamment pour accompagner les périodes de pointe. Nous recrutons entre 200 et 300 personnes chaque année et nous faisons appel à des CDD et des intérimaires pour les périodes où l’activité augmente. Nous investissons aussi beaucoup dans l’humain.

La livraison de colis est un marché très concurrentiel, nous voulons miser sur la qualité de service et proposer de la livraison haut de gamme. Pour cela, nous lançons la livraison J+1, afin de s’adapter au besoin d’urgence des clients. Nous voulons devenir leader du service humain et de proximité.

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