« La disparition du RSI ne règle pas le problème »
Interview # Politique économique

Olivier Morin président de la CPME Pays de la Loire « La disparition du RSI ne règle pas le problème »

S'abonner

Le Vendéen Olivier Morin, dirigeant des sociétés SR Concept et Serge Ratouit SARL, a pris la succession de Christophe Desarthe à la tête de la CPME Pays de la Loire en mars 2017. Également mandataire au RSI, il revient sur les changements - mineurs selon lui - induits par le passage des travailleurs indépendants au régime général.

— Photo : CPME

Depuis le 1er janvier 2018, la protection sociale des travailleurs indépendants est confiée au régime général, qui couvre déjà l’essentiel de la population française. Que va devenir votre mandat au régime social des indépendants (RSI) ? Et que vont devenir les personnels des caisses locales du RSI ?

Olivier Morin : Je ne sais pas. On ne sait pas trop comment va se passer la phase de transition. On nous a assuré qu’il n’y aurait pas de licenciements. Au sein des équipes, il y a un sentiment désabusé, de ne pas avoir été reconnus. Il y a un écœurement. On a dépensé beaucoup d’énergie pour pallier les dysfonctionnements, cela commençait à porter ses fruits. Les dossiers problématiques étaient moins nombreux, les délais de prise en charge étaient rapides. Ce qui ne marchait pas, c’étaient les outils informatiques. La disparition du RSI ne change pas le problème.

C’est-à-dire ?

O.M. : 99 % des problèmes rencontrés étaient liés à l’Urssaf. C’est en effet l’Urssaf qui était chargée de faire les appels à cotisation mais aussi de régler les contentieux et les recouvrements via son système informatique. Elle qui se charge aussi d’envoyer les courriers aux indépendants. Et ce sera toujours le cas avec la réforme. Or la grande majorité des dysfonctionnements viennent de son logiciel informatique qui ne prend pas en compte les nombreuses particularités. C’est lui qui créé des bugs et des erreurs. Il y a tellement de particularités, c’est du bricolage. On a fait remonter le problème et l’on nous répond que l’on n’a pas les moyens de le changer. Cela coûterait des millions d’euros. Les agents avaient fini par s’organiser pour se régler les dossiers papiers un par un, en face-à-face et régler les problèmes à la main.

Le RSI n’était donc pas si mal géré que cela ?

O. M. : Il y avait une bonne gestion, ce qui n’est pas le cas du régime général. Surtout, c’est l’un des rares régimes spéciaux à être excédentaires. Le régime complémentaire retraite des indépendants a accumulé 17 milliards d'euros d’excédents. À l’origine, ils devaient servir à combler le passif de l’Urssaf et faire face à la demande croissante des versements liés au baby-boom. On n’a pour le moment aucune garantie qu’il soit utilisé à bon escient. S’il est utilisé pour combler le déficit du régime général, on ne fera que repousser le problème. Autre inquiétude : si le RSI était géré par des entrepreneurs, l’Urssaf est un organisme paritaire, et cela nous inquiète qu’un salarié mandataire gouverne nos retraites.

Propos recueillis par Amandine Dubiez

# Politique économique