Nantes
Jacques Boucheton (JBA) : "Nantes est un laboratoire urbain à la pointe de l’architecture"
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Jacques Boucheton fondateur et dirigeant de JBA "Nantes est un laboratoire urbain à la pointe de l’architecture"

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En pleine croissance, l’agence d’architecture nantaise JBA vient d’être retenue par le groupe Giboire parmi les 8 cabinets pouvant candidater pour la réhabilitation de la Tour Bretagne. Jacques Boucheton, fondateur et dirigeant, défend avec passion la réhabilitation, en particulier celle des bâtiments industriels.

Jacques Boucheton, fondateur et dirigeant de l'agence d'architecture JBA, à Nantes, dans les locaux de OnePoint — Photo : David Pouilloux

Vous venez d’apprendre que vous faisiez partie de la liste des 8 agences d’architecture retenues par le groupe Giboire pour la réhabilitation de la Tour Bretagne. C’est une fierté ?

C’est un projet qui nous tient à cœur. Et c’est effectivement une fierté d’être dans cette liste. Il existe en France plusieurs centaines grandes agences d’architecture, et l’on fait désormais partie des huit candidats qui vont pouvoir présenter un projet de réhabilitation et transformation de l’usage de la Tour Bretagne. Sur ce dossier, nous sommes associés à l’agence nantaise Urbanmakers. Notre candidature est la seule qui soit 100 % nantaise.

C’est important pour vous ?

Habituellement, pour ce genre de projet d’envergure, les grosses agences parisiennes s’associent avec une agence locale, pour légitimer davantage leur candidature à Nantes. Nous n’avons pas fait ce choix de partir en duo avec une équipe internationale. Notre agence compte 60 salariés et celles d’Urbanmakers (UMK), 25. Nous avons la taille, le talent, la légitimité, et l’envie d’y aller pour défendre une candidature nantaise. Nantes, notre ville, est depuis longtemps un laboratoire urbain à ciel ouvert à la pointe de ce que l’on peut réussir en architecture. Notre savoir-faire est reconnu partout ailleurs, en France, et en particulier en Nouvelle-Aquitaine où nous avons une agence (JBA est aussi présent à Paris, NDLR).

Vous semblez très attaché à ce projet ?

C’est vrai. La Tour Bretagne est un bâtiment emblématique de notre ville, et nos deux agences sont déjà intervenues, notamment sur un bar panoramique que l’on appelait "Le Nid" pour Urbanmakers et sur un projet de rénovation de plusieurs étages. C’est un immeuble de bureau de 32 étages, de 120 mètres de haut, unique en son genre à Nantes, et dans l’Ouest. Pour l’heure, la tour fait un peu penser à ce parallélépipède sombre et lisse que l’on voit au début du film 2001, l’Odyssée de l’espace. Elle semble déconnectée de la ville qui l’entoure et du quartier où elle se dresse. Cette tour devra pourtant accueillir demain entre 150 et 200 logements, un hôtel, un restaurant, et des activités d’économie sociale et solidaire. Le travail sur la verticalité est une contrainte, mais c’est aussi une opportunité : il va falloir insuffler de la vie à l’intérieur de cet immeuble de 20 000 m2, veiller à répondre aux attentes en matière de lieux de partage, d’échanges et d’écologie. C’est un défi extraordinaire.

La réhabilitation est l’une des forces de votre agence ?

La réhabilitation, c’est extrêmement stimulant, par la complexité qu’elle apporte et par les possibilités qu’elle offre. Nous réalisons 30 % de notre chiffre d’affaires sur la réhabilitation de logements, mais aussi du patrimoine industriel. La transformation d’usage, d’usine, d’entrepôts, par exemple, est vraiment passionnante… Nous aimons nous appuyer sur l’histoire de ces lieux, garder les traces du passé, bâties ou végétales, valoriser des structures, comme des charpentes métalliques, et réemployer des matériaux (tuiles, briques, gravats…). C’est de l’architecture circulaire. L’un des projets les plus significatifs en ce sens est celui de la réhabilitation d’une ferblanterie, à Nantes, une usine qui fabriquait des boîtes de biscuits en métal. Nous tenions à garder le bâtiment dans son jus à l’extérieur, mais proposer un espace de travail moderne et très chaleureux à l’intérieur. Cela a donné le site nantais de l’une des plus importantes entreprises du numérique française, celui de Onepoint.

Votre agence connaît une belle croissance depuis cinq ans, comment expliquez-vous cela ?

Nous étions 15 en 2018, 25 en 2019, 35 en 2020, 50 en 2021 et nous sommes aujourd’hui 60 dont 45 architectes. Nous réalisons 3,7 millions d’euros de chiffre d’affaires sur 2022, et visons les 5 millions pour 2023. Le secteur de l’architecture vit une période de quasi plein emploi, et nous avons, nous-mêmes, du mal à recruter. Pour expliquer ce boom d’activités et notre fort développement, plusieurs facteurs entrent en jeu. Le plus important est sans doute lié à notre positionnement historique sur la réhabilitation, notamment de grands ensembles des années 70, pour améliorer les performances énergétiques de ces grandes passoires thermiques, mais aussi redonner de la qualité à l’habitat pour que les habitants s’y sentent mieux. Cela fait qu’aujourd’hui nous sommes experts dans ce domaine, au moment où le marché du renouvellement urbain bat son plein et où l’urgence climatique est si prégnante.

Quels sont vos autres secteurs d’activité ?

Notre activité repose également sur le logement neuf, à 30 %, secteur très dynamique, et, pour environ 30 %, sur le tertiaire (comme le siège Eiffage à Saint-Herblain) et les bâtiments publics comme des pôles santés, des écoles, des crèches, des hôtels de ville… Nous aimons aussi ce que l’on nomme à l’agence des "licornes", des petits projets ultra-innovants et créatifs, des projets qui stimulent fortement notre imagination.

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