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« Il faut arrêter de penser que les PME ne sont pas généreuses »
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Catherine de Charette directrice de la Fondation de l’Université de Nantes « Il faut arrêter de penser que les PME ne sont pas généreuses »

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La Fondation de l’Université de Nantes lance sa deuxième campagne de collecte de fonds et part à la recherche de 7 millions d’euros auprès des entreprises et particuliers. Cela représente 2 % du budget de l’Université. Objectif : l'aider à moderniser son patrimoine immobilier alors que le gouvernement a revu à la baisse ses aides financières. Entretien avec Catherine de Charette, directrice de la Fondation de l’Université de Nantes.

Catherine de Charette est directrice de la Fondation de l'Université de Nantes — Photo : Amandine Dubiez-JDE

Il est question que la fiscalité sur le mécénat évolue. Est-ce que cela représente une menace pour les fondations et notamment la Fondation de l’Université de Nantes ?

Catherine de Charette : La réforme fiscale sur le mécénat a finalement été repoussée en 2020. Mais nous restons attentifs. Ce qui a fait tanguer les choses, c’est l’incendie de Notre-Dame de Paris qui a fait prendre conscience au gouvernement de la générosité des entreprises dans le cadre du mécénat culturel. La réforme en préparation aurait eu pour conséquence un coup de rabot sur le dispositif fiscal du mécénat. Pour nous, la crainte c’était que le financement de chaires de recherche ne soit plus éligible au mécénat. Avec l’Association Française des Fundraisers, qui fédère les professionnels de la collecte de fonds, dont je fais partie, et le Centre Français des Fonds et Fondations, nous restons très vigilants. Pour nous, un changement de fiscalité serait un 'krach philanthropique' alors que nous avons pour le moment une fiscalité intéressante. La loi de finance 2019 est beaucoup plus favorable pour les PME en ce qui concerne les dons et le mécénat. Pour elles, il est désormais possible de donner jusqu’à 10 000 euros ou 0,5 % de leur chiffre d'affaires. C’est une bonne nouvelle car ce sont les PME qui donnent le plus en France. Il faut arrêter de penser que les PME ne sont pas généreuses.

Vous venez de clôturer une première campagne de collecte de 7 millions d’euros et en relancer une autre. Quels sont vos objectifs ?

C. C. : Notre objectif est de lever à nouveau 7 millions d’euros entre 2019 et 2024. Nous avons pour cela renforcé les équipes de la Fondation de l’Université pour passer de 3 à 5 salariés cette année. Pour donner un ordre d’idée, 7 millions, c’est un peu plus que la facture énergétique de l’Université (6 millions d’euros), c’est 2 % du budget de l’Université qui atteint 340 millions d’euros par an et forme 38 000 étudiants chaque année. Sur la dernière collecte opérée, 80 % des dons proviennent des entreprises et 20 % des particuliers. Parmi les donateurs, nous retrouvons les grands groupes RTE et EDF, mais aussi Harmonie Mutuelle, Crédit Maritime, Caisse d’Épargne ainsi que les PME Charier, Keran, Europe Technologies, Sigma… L’engagement moyen de nos mécènes est de 120 000 euros, en général sur un plan pluriannuel de trois ans. 60 % des fonds récoltés sont destinés à l’innovation, la recherche et l’enseignement. Les 40 % restant permettent de soutenir différentes initiatives, et notamment celles des étudiants.

Comment les entreprises peuvent s’investir pour l’Université de Nantes ?

C. C. : Il y a différentes voies possibles de collaboration avec l’Université, le mécénat en est une. Être mécène de la Fondation de l’Université de Nantes c’est donner aujourd’hui pour demain, c’est avoir un accès privilégié auprès des étudiants – les collaborateurs de demain –, c’est participer à l’élaboration des innovations d’avenir. Cela peut être aussi donner son nom à un amphithéâtre, un bâtiment, un fauteuil… Soit l’entreprise laisse la fondation décider de l’utilisation de son don, soit elle choisit le projet qu’elle souhaite soutenir : cela peut être payer les frais de scolarité d’un étudiant, financer une bourse, une chaire de recherche ou participer à la rénovation du patrimoine de l’Université. C’est le thème de la dernière campagne que nous menons car c’est une priorité. Nous avons en effet besoin de financement pour rénover la faculté de droit, le théâtre universitaire, les six bibliothèques universitaires et la halle de génie chimique de Saint-Nazaire. Le gouvernement accorde une aide trop faible pour la sauvegarde de notre patrimoine : de l’ordre de 4 € /m² contre 15 € /m² préconisés, soit pour l’Université un déficit de 6 M€ annuel pour l’entretien des 125 bâtiments.

Quels sont les derniers projets financés par la Fondation de l’Université ?

C.C. : La Fondation a soutenu ces quatre dernières années 40 projets, dont notamment l’équipement de l’école de chirurgie, le soutien à la thérapie génique pour le traitement des maladies génétiques, des chaires labellisées Unesco… La Fondation a aussi contribué à la création de la Chaire Maritime, qui mène une réflexion sur les modalités d’appropriation de l’espace maritime. Elle a aussi produit une vaste étude régionale sur la santé des dirigeants qui a été financée par Harmonie Mutuelle et qui est à l’origine de la création de l’association 1nspir.

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