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Frédéric de Gombert : "Akeneo sera bientôt une licorne mais ce n'est pas un objectif en soi"
Interview Nantes # Commerce # Levée de fonds

Frédéric de Gombert PDG d'Akeneo "Akeneo sera bientôt une licorne mais ce n'est pas un objectif en soi"

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L'entreprise Akeneo a levé 122 millions d'euros, un montant sans précédent dans l'écosystème numérique nantais. Ce financement record doit permettre à Frédéric de Gombert et ses associés de faire de leur entreprise le leader mondial sur le marché de la gestion de l'information produit et de l'expérience produit, et peut-être une future licorne française.

Frédéric de Gombert veut faire d'Akeneo un leader mondial de la gestion de l'information produit — Photo : © OHÉ ! - William Jezequel

Vous finalisez un tour de table d’un montant record de 122 millions d’euros. Cette opération a-t-elle un impact sur la gouvernance d’Akeneo ?

Non ! Ce financement de série D a été mené par Summit Partners, une société américaine de capital-investissement basée à Boston où nous avons un bureau de 50 salariés. Nos investisseurs historiques Alven et Partech ont également participé au tour de table, portant le montant total des fonds levés à 176 millions d’euros. Nicolas Dupont, Benoît Jacquemont et moi-même ne sommes plus les actionnaires majoritaires d’Akeneo mais nous conservons le contrôle de l’entreprise. Il n’y a pas de bloc majoritaire et la gouvernance n’est pas modifiée.

De gauche à droite : Benoît Jacquemont, Frédéric de Gombert et Nicolas Dupont, les trois dirigeants associés de la société Akeneo — Photo : Akeneo

Vous aviez déjà levé 41 millions d’euros fin 2019. Comment expliquez-vous l’appétence des investisseurs pour votre société ?

Le Covid a joué un rôle de "crash test" pour de nombreuses entreprises de la Tech. Nous, nous sommes ressortis plus forts de la crise. Celle-ci a fait soudainement basculer le commerce vers les canaux digitaux. Les marques et les distributeurs ont pris conscience de l’intérêt de pouvoir pivoter rapidement. Ce que nos outils permettent de faire. Nous avons donc une opportunité énorme à saisir pour aider les distributeurs à s’adapter aux nouvelles tendances du commerce grâce à nos solutions. Pendant la crise, nous avons ainsi connu une très forte progression en BtoB, avec des industriels qui accéléraient leur transformation numérique en commençant par la digitalisation de leurs catalogues. Notre autre atout, c’est notre empreinte internationale forte. Nous réalisons 80 % de notre chiffre d’affaires à l’international.

À quels enjeux répond cette levée de fonds ?

L’enjeu principal est d’accélérer en investissant très massivement en R & D, notamment, en saisissant les opportunités de croissance externe qui se présenteront pour avancer plus vite sur les technologies. C’est ce que nous avions fait en 2018 en rachetant la société israélienne Sigmento, spécialisée dans le "machine learning". Le principe est le même aujourd’hui. Nous voulons étendre les fonctionnalités que nous proposons à nos clients, soit en les développant par nous-mêmes, soit en procédant à des acquisitions dans les domaines plus pointus. Aujourd’hui, nous commercialisons des solutions facilitant la gestion de l’information produit (PIM) et de l'expérience produit (PXM). Demain, l’objectif est d’étendre notre champ d’action au-delà de la donnée produit en proposant des outils pour gérer de façon dynamique les tarifs, les commandes, les stocks et la disponibilité en temps réel… pour obtenir une vision complète du produit et de son environnement.

Akeneo fournit aux marques et distributeurs des solutions de gestion de l'expérience et de l'information produit — Photo : Akeneo

Allez-vous procéder à de nouveaux recrutements et étendre vos partenariats ?

Oui, actuellement Akeneo emploie plus de 300 salariés dans neuf pays, dont 180 à Nantes. Nous voulons désormais recruter des cadres clés pour, par exemple, muscler nos compétences en matière de croissance externe dans la perspective de nos futures acquisitions. Nous voulons également étendre notre réseau de partenaires stratégiques. Nous en comptons 120 actuellement, tels que Salesforce, Adobe etc...

Quelle est la prochaine étape pour Akeneo ?

Notre dernière levée de fonds nous permet de sortir de notre catégorie. En nous donnant les moyens d’évoluer vers une plateforme plus complète, nous creusons l'écart entre nous et nos principaux concurrents. Nous avons une vraie volonté de créer un leader mondial. Nous ne pensons ni à entrer en Bourse, ni à vendre. Il existe un espace pour grandir et aider les marques et les distributeurs à augmenter leurs ventes, à réduire les délais de commercialisation, à stimuler leur productivité… Depuis notre série C en septembre 2019, nous avons beaucoup accéléré notre croissance. Je ne citerai pas le montant de notre chiffre d’affaires mais je peux dire que notre solution a été téléchargée plus de 80 000 fois et que nous avons plus de 600 clients à travers 40 pays. Nous comptons des références, telles qu’Accor, Air Liquide, Rémy Cointreau, Franprix, Manitou, Nuxe, Nature & Découvertes ou encore la licorne française Back Market.

À propos de licorne française, allez-vous bientôt en devenir une ?

C’est très probable, même si ce n’est pas important. Pour nous, les enjeux sont ailleurs. Nos priorités sont de réussir nos prochaines croissances externes et de poursuivre la conquête du marché américain. Ce marché représente 80 % du marché de l’achat de logiciel et 30 % de notre chiffre d’affaires. Nous allons chercher 50 % assez rapidement. L’Amérique du Nord, avec le Royaume-Uni où nous avons ouvert un bureau en 2020, joue un rôle de locomotive pour la croissance d’Akeneo. Nous sommes actuellement dans une phase de consolidation de nos marchés existants. D’ici quelques années, nous nous attaquerons à l’Asie, après avoir pris pied en Australie en ouvrant un bureau.

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