C’est une nouvelle étape dans le développement de Florentaise. L’entreprise, installée à Saint-Mars-du-Désert au nord de Nantes, qui produit et commercialise des terreaux et supports de culture, était jusqu’à présent détenue par un actionnariat 100 % familial. Elle vient d’annoncer son introduction en Bourse sur le marché Euronext Growth Paris. Dans la perspective de cette opération qui devrait se concrétiser le 12 avril prochain, elle a obtenu l’approbation de son document d’enregistrement par l’Autorité des marchés financiers (AMF). L’ouverture du capital porte sur 30 à 40 % des titres de Florentaise et non sa maison mère Floreasy. "L’entreprise a fait 40 % de développement sur les trois dernières années et même 80 % en Chine. Nous avions atteint nos limites de croissance. Nous ne pouvions pas financer seuls l’augmentation du BFR que générera le doublement de taille. D’où notre choix de faire appel à la Bourse", explique Jean-Pascal Chupin, président directeur général de Florentaise. L’entreprise, qui emploie 245 salariés pour un chiffre d’affaires de 57,5 millions d’euros au 30 juin 2022, entend, en effet, accélérer son développement pour franchir le cap de 120 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2027. "Notre ambition est de changer d’échelle. Nous étions le pionnier des terreaux bas carbone et supports de culture responsable. Nous voulons désormais en être le leader mondial", affirme le dirigeant.
Terreaux décarbonés pour remplacer la tourbe
En effet, anticipant l’interdiction de l’exploitation économique des tourbières partout en Europe à l’horizon 2050, Florentaise a depuis le début des années 2000 travaillé au développement de solutions alternatives en s’appuyant sur un important effort de R & D. Brevetées et élaborées respectivement à partir de plaquettes et d’écorces de bois, les fibres de bois Hortifibre et Turbofibre représentent une solution pour remplacer la tourbe utilisée dans les terreaux. "Ces deux produits éco-responsables ont une empreinte carbone 20 à 50 fois moins importantes que les tourbes. C’est important, car les tourbières sont des zones humides qui stockent un tiers du carbone mondial et hébergent une biodiversité très riche. Nous avons pris de l’avance puisque 77 % des matières premières que nous utilisons pour produire nos terreaux sont dépourvues de tourbe", souligne le dirigeant. La montée en puissance des deux produits permettra de prendre le relais, après l’arrêt programmé fin 2026 de l’exploitation par Florentaise de la dernière tourbière autorisée en France, à Baupte, dans la Manche.
Renforcement des ventes en France
Les fonds levés via l’introduction en Bourse ont pour premier objectif de consolider les positions de Florentaise sur le marché français. La PME, qui distribue plus de 600 références en marque propre ou en marques distributeurs, réalise 61 % de son chiffre d’affaires sur le marché des particuliers et 39 % auprès de professionnels. Présentes dans les enseignes Truffaut, Botanic, Mr Bricolage, Super U, Casino, Intermarché, Lidl, Aldi…, Florentaise vend près d’un sac de terreau sur cinq auprès du grand public et couvre 12 % du marché des professionnels. L’entreprise mise sur la vogue persistante du jardinage et la conquête de nouvelles enseignes pour se développer auprès des particuliers. Sur le marché des professionnels, elle entend profiter du développement des cultures hors-sol et de la végétalisation des villes. Florentaise a pour objectif de porter à 75 % le volume de produits bas carbone vendus à ses clients professionnels à l’horizon 2027.
Trois nouvelles unités de production en Chine
Présente depuis 2016 en Chine, la société a pour ambition de dupliquer le modèle français sur ce marché, via des partenariats locaux. Florentaise dispose déjà de deux usines en Chine et prévoit l’installation de trois nouvelles unités de production : dans le Yunnan fin 2023, à Pékin en 2024 et à Qingdao en 2025, couvrant ainsi les cinq grandes régions horticoles chinoises. "La Chine vient de fermer ses tourbières et nous sommes le seul fabricant de terreaux à capitaux occidentaux à proposer une vraie solution pour remplacer 100 % de la tourbe", souligne Jean-Pascal Chupin. Au total, la société dispose de 9 sites de production en France et de 12 dans le monde, notamment en Grande-Bretagne, en Estonie, en Inde et, donc, en Chine.
Un nouveau modèle locatif
En complément de la vente de terreaux aux particuliers, Florentaise souhaite proposer aux fabricants de terreaux une ligne de production dite "Bivis". Cet outil industriel permet de fabriquer les fibres de bois Hortifibre et Turbofibre, selon un procédé spécifique reposant sur l’extrusion et le défibrage thermomécanique d’écorces ou de plaquettes de bois. Dans cette perspective, Florentaise a acquis auprès d’un fabricant partenaire, la société Clextral, implantée à Firminy dans la Loire, plusieurs machines Bivis qu’elle utilise sur ses différents sites de production en France pour fabriquer ses terreaux. Depuis 2021, Florentaise est devenue le distributeur exclusif de la Bivis à des fins horticoles dans le monde.
38 machines Bivis en location en 2027
Son ambition est de diffuser cet outil de production clé en main, moyennant une location à l’heure, assortie d’un forfait de maintenance. Florentaise vise un parc de 38 machines Bivis en fonctionnement dans le monde d’ici 2027. Un fabricant de terreau britannique de premier plan, qui loue déjà six Bivis, en a commandé sept autres qui devraient être installées d’ici le mois de juin. Trois projets sont en discussions avancées en Europe et aux États-Unis pour des installations entre juillet 2023 et juin 2024. En 2027, la location des Bivis devrait générer 20 % du chiffre d’affaires contre 80 % pour les ventes des terreaux.
La mise en œuvre de cette stratégie devrait s’accompagner d’une amélioration de la rentabilité de l’entreprise, fondée sur les marges plus élevées du modèle Bivis et le développement de l’activité en Chine.
