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Farwind cherche environ 10 millions d’euros pour fabriquer son premier navire-énergie
Nantes # Production et distribution d'énergie

Farwind cherche environ 10 millions d’euros pour fabriquer son premier navire-énergie

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La start-up Farwind Energy a mis au point un navire capable de capter les vents au large pour stocker de l’énergie à bord, grâce à l’utilisation de rotors Flettner. Ce spin-off de l’École Centrale cherche environ dix millions d’euros d'ici mi-2024 pour industrialiser son premier modèle, dont la mise à l’eau est prévue début 2026.

Le prototype du navire de Farwind Energy à l’échelle 1/14e avec ses fondateurs, Arnaud Poitou, Felix Gorintin et Aurélien Babarit — Photo : Amandine Dubiez

L’émergence de la propulsion par le vent ne concerne pas que les cargos. Située à l’interface entre le secteur maritime et celui de l’énergie, la start-up nantaise Farwind Energy développe un navire qui n'aura aucune fonction de transport. Il servira à capter les vents en pleine mer, pour stocker de l’énergie à bord (dans des batteries dans un premier temps) afin de la ramener ensuite au port. Après la mise à l’eau d’un premier prototype mi-2021 et une première levée de fonds de deux millions d’euros quelques mois plus tard, la start-up finalise actuellement le design de son premier navire de 85 m de long. En parallèle, elle entame les discussions avec les chantiers navals pour une mise à l’eau prévue pour 2026. "Pour financer cette phase d’industrialisation, nous aurons besoin de lever environ 10 millions d’euros d’ici mi-2024", prévoit Arnaud Poitou, cofondateur et président de Farwind Energy.

Des rotors aux multiples avantages

Farwind Energy n’utilisera pas des voiles pour propulser son navire. Elle équipera le pont de quatre rotors Flettner, des tubes conçus sur mesure de 50 m de hauteur et 7 m de diamètre. Via un moteur, ces cylindres tourneront sur eux-mêmes, telle une balle de tennis à laquelle on a donné un effet lifté. "La rotation des cylindres va faire avancer le navire en fonction des vents. Lorsque les vents sont de travers, les rotors créent une force aérodynamique sept fois plus puissante qu’une voile traditionnelle", justifie Arnaud Poitou. Or, comme les navires de Farwind n’auront pas une destination précise, ils pourront toujours se positionner en travers du vent, afin que les trajets aller et retour soient aussi rapides. La vitesse du navire fera ainsi tourner des hydrogénérateurs situés sous la coque qui produiront de l'électricité et chargeront les batteries. Le premier navire devrait produire 10 GWh par an, permettant ainsi d’économiser jusqu’à 6 000 tonnes de CO2 chaque année.

Nouveau design du navire de Farwind Energy — Photo : Farwind Energy

De plus, ce système présente aussi un avantage de sécurité en haute mer. "Avec un voilier classique, il faut prendre le temps de descendre les voiles pour éviter de chavirer en cas de fortes tempêtes. Dans notre cas, il suffit de diminuer la rotation des cylindres pour ralentir et se mettre en sécurité". Comme les navires de Farwind sont destinés à terme à être télé-opérés depuis le continent sans équipage à bord, la simplicité de la manœuvre est un critère non négligeable.

Un œil sur le marché du transport

Le premier bateau de Farwind naviguera dans les Caraïbes. "Ces îles ont des problèmes bien spécifiques. Beaucoup sont des zones non raccordées aux réseaux électriques continentaux. La région est soumise à de nombreux cyclones, ce qui ne pousse pas à construire des centrales nucléaires ou des champs d’éoliennes, par exemple. Le recours aux énergies fossiles y est donc d’autant plus élevé", analyse le dirigeant. En cas de catastrophes climatiques, les navires de Farwind peuvent s’éclipser, avant de revenir livrer une énergie vitale. "Cette mobilité permet aussi à une flotte d’approvisionner plusieurs îles", ajoute Arnaud Poitou.

Le marché mondial de l'électricité des zones non interconnectées comme les îles représente environ 10 milliards d'euros par an, selon le président. Pour s'y attaquer, il ambitionne à long terme la construction de flottes d’environ cinq navires. "Ceux-ci pourront être à batteries ou à hydrogène suivant les marchés ciblés".

En parallèle, Farwind Energy commence à flairer un autre sillon, celui du transport maritime. Les rotors de la start-up constitueraient alors une nouvelle solution de propulsion. "Notre rotor est plus grand que ceux aujourd’hui sur le marché, et donc aussi plus puissant", détaille Arnaud Poitou. "Nous constituons une solution française, qui est de plus compétitive au niveau des prix". Celui-ci pourrait donc intéresser certains armateurs, aujourd’hui déjà en discussion avec la start-up.

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