Entreprendre : Comment réussir sa transmission familiale ?

Entreprendre : Comment réussir sa transmission familiale ?

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En Europe, les entreprises familiales sont un véritable moteur de croissance. Favoriser leur continuité, et donc leur transmission est un enjeu majeur. Mais en France, réussir ce type d'opération s'avère souvent complexe. Dossier réalisé par Gilles Cayuela
— Photo : Le Journal des Entreprises

Selon le Family Firm Institute, les entreprises familiales représentent les deux tiers du nombre total des entreprises au niveau mondial et en génèrent chaque année 70 % du produit intérieur brut.




Un enjeu de croissance

Pourtant, leur importance économique est souvent sous-évaluée. En Europe, alors que l'économie est marquée par l'instabilité, les entreprises familiales sont pourtant un véritable moteur. Selon les pays du continent, elles fournissent entre 55 % et 90 % des emplois, révèle l'étude de KPMG « Tendances des entreprises familiales européennes ». Au total, l'Europe compte plus de 14 millions d'entreprises familiales qui pèsent plus de 60 millions d'emplois dans le secteur privé (source : Association European Family Businesses). 40 % des 250 premières entreprises françaises et allemandes sont d'ailleurs des sociétés à capitaux familiaux. Favoriser la continuité des entreprises familiales européennes, et a fortiori françaises, est donc un enjeu majeur. Le Parlement européen en a bien conscience et a d'ailleurs commandé l'élaboration d'un rapport d'initiative sur ce sujet. Selon ce rapport, « les entreprises familiales sont la principale source d'emplois du secteur privé. Par conséquent, ce qui favorise la continuité, la reprise et la croissance dans le secteur des entreprises familiales favorise la continuité, la reprise et la croissance de l'économie européenne ».




L'exception française

Oui mais voilà, en France ces entreprises familiales peinent à assurer cette stabilité. Selon l'observatoire CNCFA-Epsilon, les transmissions intrafamiliales ne représentent que 22 % des transmissions en France. « C'est moins que dans les autres pays européens. En Allemagne, c'est le double alors même qu'ils ont en moyenne des entreprises de taille plus importante », constate Pascal Julien Saint-Amand, président du réseau notarial Althémis. « C'est effectivement plutôt faible au regard d'un pays comme l'Italie, où les transmissions intrafamiliales représentent 80 % des transmissions », enchérit Céline Hermenier Desaintjean, expert-comptable chez In Extenso et auteur d'un mémoire sur les transmissions d'entreprises familiales. Les raisons de cette exception française ? « Elles sont avant tout fiscales, même si le pacte Dutreil a fait énormément de bien à la transmission familiale. Si nous n'avions pas ce régime de faveur, le coût d'une transmission familiale serait tellement dissuasif qu'il la rendrait impossible », assure Pascal Julien Saint-Amand. Si le pacte Dutreil a effectivement permis d'alléger le coût de la transmission intrafamiliale et, par conséquent, favorisé son essor sur les dix dernières années, réussir une telle opération reste un parcours long et complexe. Choisir entre donation et cession, mélanger les deux en ménageant ses propres intérêts et ceux de ses enfants, éviter les conflits entre les héritiers, mettre en selle son successeur, réfléchir au régime matrimonial le plus avantageux... Le chef d'entreprise doit penser à tout. « Il faut aussi prendre en compte les encadrants clés de l'entreprise qui voient arriver les enfants et à qui il va falloir proposer de nouvelles responsabilités pour ne pas qu'ils quittent l'entreprise. Bref, la clé de la réussite d'une transmission familiale c'est l'anticipation », conclut Céline Hermenier Desaintjean.