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En Vendée, l’emploi souffre du manque de logements
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En Vendée, l’emploi souffre du manque de logements

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Pour les chefs d’entreprises vendéens, le manque d’offres d’hébergements est un frein au développement économique. Le 2 septembre, ils ont pu soumettre cette problématique à la ministre du Logement en visite à Montaigu. Des pistes concernant les particuliers propriétaires et les entreprises ont été esquissées.

Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, aux chefs d'entreprise vendéens : "Je retiens qu'il faut développer le locatif." — Photo : Cyril Raineau - Le Journal des Entreprises

Un plan de relance gouvernemental dont elle ne pouvait dévoiler les détails la veille de son annonce, des chefs d’entreprise en attente de solutions pour trouver un toit à leurs salariés… La ministre du Logement Emmanuelle Wargon, en visite le 2 septembre à Montaigu (Vendée), a mis immédiatement les cartes sur la table plutôt que de jouer les équilibristes ou de faire de fausses promesses. Au sujet de la problématique du manque de logements dans le département, induisant des difficultés à recruter des salariés, la ministre a tout de suite annoncé qu’elle n’avait « pas de solution toute faite ». « Je suis venue pour discuter », a-t-elle plaidé. Et s’enrichir des expériences de terrain. À l’issue d’une heure trente d’échanges avec un panel d’une dizaine de dirigeants, elle leur a assuré qu’elle ne resterait pas passive.

Le manque de logements conduit à des difficultés de recrutement

Comme l’a résumé Pierre Postic, dirigeant du groupe Liébot, concepteur et fabricant de portes et de fenêtres basé aux Herbiers (3 000 collaborateurs, essentiellement dans le grand Ouest), « le manque de logements freine (les entreprises) dans (leur) développement ». Comprendre que, faute de biens à louer ou à acheter, difficile d’attirer les salariés qui cherchent à se loger. Un point noir pour les dirigeants, a fortiori quand le plein-emploi impose de démarcher bien au-delà des frontières départementales pour recruter.

Quelques exemples marquants sont venus de Christophe Guyony, directeur général du spécialiste de la volaille Maître Coq (2 500 salariés, 500 M€ de CA). Dont celui-ci, tout frais : « Hier, j’ai recruté un cadre, mais il n’a pu visiter que deux maisons, il n’y a rien d’autre sur le marché ». Ou ces deux autres illustrations qui remontent à plusieurs mois : « Nous sommes allés chercher des salariés en région parisienne : nous avions trente candidats, nous n’avons pu en conserver que deux. Puis, vingt-huit candidats de l’Île de la Réunion sont venus visiter l’usine, et malgré toutes les bonnes volontés, seulement six sont restés ! »

« Aujourd’hui, nous n’avons plus rien à louer »

Un autre chef d’entreprise se souvient « d’un couple qui a dû loger dans un village : l’épouse du salarié s’est alors sentie isolée, l’équilibre n’était pas trouvé sur le plan de la vie familiale. » Bénédicte Mercier, coprésidente du géant de l’agroalimentaire Sodebo (2 000 salariés, 434 M€ de CA), appuie sur les jeunes en stage ou alternance qui peinent à se loger et qui en perdraient la volonté de rester dans la région. « Nous avons une chance sur deux de les perdre », estime-t-elle. Alain Duret, dirigeant du groupe de promotion immobilière Duret, résume la discussion avec un constat accablant : « Aujourd’hui, nous n’avons plus rien à louer. ».

Face à la pénurie de logements et, par voie de conséquence, de salariés, quels remèdes ? Gil Briand, dirigeant du groupe de BTP Briand (1 900 collaborateurs), recrutant « des Polonais, des Roumains, bien sûr aux conditions françaises », se voit contraint de construire ou de rénover des logements pour accueillir ses salariés.

« Si nous avions des incitations fiscales, nous pourrions nous lancer dans des projets plus rapidement et sur des opérations plus importantes », estime de son côté le promoteur immobilier Duret. Pourquoi pas, lui a répondu en substance la ministre Emmanuelle Wargon, tout en recommandant de faire attention aux dispositifs de type Scellier en faveur de l’investissement locatif, lequel a eu comme effet pervers de parfois conduire à construire dans des secteurs où l’offre de logement était déjà plus importante que la demande.

Un dispositif financier pour louer aux salariés

Constatant un déficit de logements sociaux en Vendée de l’ordre de 30 % par rapport aux autres départements de la région, Olivier Joachim, directeur régional d’Action Logement (anciennement 1 % Logement), appuie sur un autre constat douloureux. « Il existe d’autres publics prioritaires dans les files d’attente des logements sociaux que les salariés, le fait d’être recruté par une entreprise ne donne pas de droits ». La ministre du Logement fait de l’attribution des logements sociaux l’une de ses priorités. Sans en dévoiler davantage sur ses intentions, notamment à l’endroit des salariés. Emmanuelle Wargon demande cependant, pour le territoire de la Vendée, « à faire une revue de détails, avec le préfet, de tout ce qu’il y a dans les tuyaux des bailleurs sociaux » en termes de projets.

Olivier Joachim a également fait la publicité de « louer pour l’emploi ». Pour faire simple, un propriétaire privé reçoit une subvention allant jusqu’à 15 000 € maximum pour rénover son bien, à condition de le louer à un salarié en mobilité. Ce dispositif n’en est qu’à ses balbutiements, freiné par la crise du Covid. « Je vais regarder de près ce projet qui me semble très intéressant », note la ministre.

Enfin, parmi les solutions esquissées, celle imaginée par Podeliha,promoteur de logements sociaux du groupe Action Logement. Son directeur Gonzague Noyelle en résume l’essence : « Créer des logements qui peuvent potentiellement bouger, les repositionner d’un endroit à un autre en fonction des besoins ». Des entreprises locales se chargeraient de les construire. Techniquement et financièrement, le projet est viable selon lui. Restent les nombreux freins réglementaires et administratifs. « Nous sommes prêts à expérimenter le projet », lance-t-il à la ministre. Laquelle lui fera savoir qu’il mérite des discussions complémentaires localement, « et si le besoin est confirmé, je m’engage à regarder les aspects » qui concernent son ministère, voulant ainsi dire qu’elle pourrait lever des obstacles administratifs.

Si elle a à plusieurs occasions évoqué le plan de relance gouvernemental attendu le 3 septembre, la ministre n’a en revanche rien révélé de ses détails. Tout juste a-t-on appris que l’État allait « soutenir massivement la rénovation » de biens. Et aider à la réhabilitation des friches, un autre moyen de participer à la future construction de logements.

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