Cycleurope : Pourquoi Intersport va fabriquer ses vélos à Machecoul
# Industrie # Investissement

Cycleurope : Pourquoi Intersport va fabriquer ses vélos à Machecoul

S'abonner
Fabrication de vélos En reprenant à la barre du tribunal de commerce de Troyes l'usine Cycleurope de Machecoul, Intersport relocalise une production qui était principalement réalisée à l'étranger. Pour le groupe, le vélo made in France a donc de l'avenir. À certaines conditions.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Et si le vélo made in France avait toujours de l'avenir ? Nouveau propriétaire de l'usine Cycleurope de Machecoul, placée en redressement judiciaire en octobre dernier, Intersport y croît très fort. Second distributeur d'articles de sport en France derrière Décathlon, le groupe coopératif vient en effet de se doter en Loire-Atlantique de sa toute première usine qu'il relance en injectant d'emblée six millions d'euros, en capital et en compte courant.




100.000 vélos relocalisés

Effectuée à la barre du tribunal de commerce de Troyes, cette reprise s'accompagne d'une première décision aussi symbolique que décisive pour le carnet de commandes de l'usine de Machecoul, rebaptisée La Manufacture Française du Cycle. À partir de 2014, Intersport va confier à l'ancienne filiale du groupe suédois Cycleurope l'assemblage de 100.000 des 210.000 vélos que les 600 magasins du groupement distribuent sous la marque Nakamura. L'activité était jusqu'alors sous-traitée, essentiellement en Italie, au Portugal et en Bulgarie, moins de 25.000 unités étant assemblées à Machecoul et à La Rochelle. Cette relocalisation de la production représente 40 % des capacités de production actuelles de l'usine ligérienne.




« Sur la main d'oeuvre, on ne peut pas lutter »

Le vélo français peut donc économiquement rivaliser avec le cycle portugais ou bulgare. À la différence du textile par exemple, « le vélo entre dans une catégorie qui le permet. C'est un produit technique », explique François Bouche, directeur général d'Intersport. Mais, « si on ne se bat que sur les coûts de main d'oeuvre, on ne peut pas lutter », poursuit le dirigeant du groupe coopératif, conscient que le made in France « est un plus, pas un sésame » auprès du consommateur français. Certains modèles requérant davantage de main d'oeuvre, les vélos pour les enfants par exemple, devraient ainsi toujours être assemblés à l'étranger. D'autres, qu'ils soient de ville, de course ou tout-terrain ont leur place en France. Et notamment « des gammes de produits plus performantes et plus techniques » qu'Intersport compte à terme développer en Loire-Atlantique.




Base logistique en projet

Et c'est par une analyse « euro par euro » englobant aussi bien la conception, la production, la logistique que la commercialisation qu'Intersport compte être compétitif. « Le fait d'intégrer l'ensemble de la filière vélo va nous permettre d'être plus efficace », soutient François Bouche. Un meilleur lien entre la conception et la fabrication doit ainsi générer des gains de productivité. La définition d'une nouvelle stratégie logistique va également permettre à Intersport de faire des économies. La création d'une plate-forme de stockage de 8.000 à 10.000 m² sur le site de l'usine de Machecoul, dont les murs appartiennent au conseil général de Loire-Atlantique, « doit permettre d'optimiser les flux. Stocker des vélos ici coûte moins cher que dans des centres commerciaux », assure le directeur général d'Intersport. Actuellement à l'étude, cette base logistique pourrait alimenter les magasins du groupe en vélos, tout en recevant d'autres pièces comme le matériel de fitness. Pour gagner en compétitivité, le repreneur va également abaisser le point mort de l'usine ligérienne en mutualisant les fonctions supports (RH, informatique, etc.), déjà présentes au sein du siège social de l'entreprise situé à Longjumeau, en région parisienne. À Machecoul, 175 des 254 salariés entrent ainsi dans le périmètre de la reprise, une cinquantaine de départs volontaires et 29 licenciements étant prévus.




Accord avec Système U

Enfin, le pari d'Intersport passe par la capacité du groupe à gagner de nouvelles commandes pour son usine. La direction compte faire passer la production machecoulaise de 180.000 unités cette année à 300.000 vélos en vitesse de croisière. Pour cela, elle compte s'appuyer sur le dynamisme commercial de la marque. En France, Intersport, qui affiche un chiffre d'affaires en croissance de 10 % en 2012, va ouvrir 90 nouveaux points de vente dans l'Hexagone sous trois ans. Le vélo « est un enjeu stratégique pour nous. Intersport en vend 250.000 par an en France, dont 210.000 sous notre marque Nakamura. On estime notre potentiel entre 500.000 et 600.000 », indique François Bouche. Président de la coopérative, Jacky Rihouet compte également exporter les vélos machecoulais dans les 5.000 autres magasins étrangers de l'enseigne. Enfin, Intersport va chercher à vendre des vélos sous d'autres marques auprès de la grande distribution, positionnement traditionnel de l'usine de Machecoul. Un accord de principe a d'ores et déjà été conclu à ce sujet avec Système U, déjà client de l'usine ligérienne.




Intersport




(Longjumeau, Essonne) Président : Jacky Rihouet 7.000 salariés 1,4 milliard d'euros de CA 01 69 10 82 78

# Industrie # Investissement