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Coronavirus : à Nantes, les sociétés de livraisons de produits alimentaires en plein boom
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Coronavirus : à Nantes, les sociétés de livraisons de produits alimentaires en plein boom

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Chiffre d'affaires multiplié par deux ou trois, afflux de commandes et recrutements en urgence..., les sociétés nantaises Graines d'ici et Vite Mon Marché qui livrent des produits alimentaires en direct des producteurs, tout comme la plateforme de livraison collaborative Shopopop, connaissent une hausse exponentielle de leur activité depuis le début de la crise du coronavirus.

La société Vite mon marché livre des denrées alimentaires produites localement à 75 % — Photo : Vite mon marché

« Depuis les premières mesures de confinement, nous sommes passés de 150 à 500 commandes par jour. Nous avons réalisé sur le seul mois de mars 350 000 euros de chiffre d’affaires, contre 800 000 sur l’ensemble de l’année 2019. Nous avons recruté, pour porter nos effectifs de 20 à 40 personnes et doublé le nombre de nos camions. Nous en avons 12 contre 6 auparavant. Le changement a été violent. Il a fallu « scaler » (changer d'échelle, NDLR) en deux semaines. Heureusement, notre site internet et notre organisation ont tenu le choc », témoigne Reynald Naulleau, cofondateur avec Nicholas Hoddevick de l’entreprise Vite mon marché. Créée en 2017, la start-up qui a levé 2,3 millions d’euros en 2019, livre à domicile sur Nantes et La Roche-sur-Yon fruits, légumes, viande, poisson, crémerie, épicerie, boissons… produits localement pour 75 % d’entre eux et bio également à 75 %.

Explosion des demandes de livraison à domicile

Le confinement et la fermeture des marchés ont en effet massivement incité les consommateurs à se tourner vers la livraison à domicile. Ce réflexe permet à la société Graines d’ici (25 salariés), spécialisée dans la livraison de paniers bio, de compenser l’arrêt de ses activités de livraison de corbeilles aux entreprises et de ventes sur les marchés par le développement de la livraison aux particuliers. « Nous bénéficions d’un bon bouche-à-oreille. Les clients se passent le mot. Nous sommes passés de 100-150 commandes par jour à 300, à tel point que nous sommes obligés d’en limiter le nombre. Nous avions 3 préparateurs de commandes avant la crise. Nous en avons 15 désormais. Les collaborateurs des filières à l’arrêt sont venus renforcer les équipes de livraison à domicile et nous recrutons actuellement en CDD pour remplacer les collaborateurs en retrait ou ayant des problèmes de garde d’enfants », rapporte Mathias Esnault, dirigeant de Graines d’ici, qui se montre optimiste pour l’exercice 2020.

Shopopop (40 salariés), la plateforme nantaise qui a été reconnue Service d’utilité publique par l’État pour la livraison des courses alimentaires à domicile entre particuliers, bénéficie de la même dynamique. « Globalement, notre activité a doublé. Nous accompagnons les magasins de la grande distribution qui doivent tenir la cadence de la croissance des demandes de livraison. Au mois de mars, nous avons travaillé avec 775 magasins dans toute la France et effectuons en moyenne 2 500 à 3 000 livraisons chaque jour. Nous recevons actuellement des demandes de la part de nouvelles enseignes nationales, mais aussi de commerces de proximité. Nous étudions la faisabilité de ces dossiers et la façon de mettre en place notre service », indique Johan Ricaut, président de Shopopop.

Difficultés d’approvisionnement dans certaines filières

Outre la montée en puissance des équipes et des systèmes informatiques, le point de vigilance pour ces sociétés porte sur l’approvisionnement en produits. Pour fournir ses 3 500 clients, Vite mon marché a pu compter sur de nouveaux producteurs, privés de certains de leurs débouchés par la fermeture des marchés, des cantines et des entreprises. Quelques filières éprouvent cependant des difficultés à livrer, comme celle des œufs ou encore des fraises. « Les producteurs sont confrontés à des problématiques sociales. Dans la bio, ce sont les mêmes canaux de distribution qui approvisionnent tous les acteurs, il y a un engorgement pour certains produits », assure Mathias Esnault.

Que se passera-t-il après la crise ? « Je pense que cette épidémie démontre la force du modèle collaboratif de par sa résilience et sa flexibilité », assure le dirigeant de Shopopop. « Nous vivons quelque chose de très fort. Nos clients nous remercient et les producteurs aussi. Nous n’avons jamais été aussi proches des consommateurs. Je pense que ce lien devrait perdurer et témoigner de la pertinence des circuits courts », avance, pour sa part, Reynald Naulleau.

 

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