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Coronavirus - Laurent Métral : « Nous sommes partis pour un marathon de l'accompagnement des entreprises »
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Laurent Métral directeur général de CIC Ouest Coronavirus - Laurent Métral : « Nous sommes partis pour un marathon de l'accompagnement des entreprises »

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C'est ce mercredi 25 mars qu'entre en vigueur la mesure phare du gouvernement pour préserver la trésorerie des entreprises dans la crise du coronavirus. Toutes les entreprises françaises peuvent désormais solliciter leurs banques pour bénéficier des " prêts garantis par l’État" (PGE). CIC Ouest s'est organisé pour répondre à ces demandes mais souhaite aller plus loin dans l'accompagnement des 25 000 entreprises et 150 000 professionnels clients de l'établissement, comme l'explique Laurent Métral, son directeur général.

Laurent Métral, directeur général de CIC Ouest — Photo : CIC Ouest

À partir d’aujourd’hui, de nombreuses entreprises vont déposer des dossiers pour obtenir des prêts garantis par l’État (PGE). Êtes-vous prêts à faire face à cet afflux de demandes ?

Laurent Métral : Non seulement nous sommes prêts, mais en plus, nous avons anticipé cette situation. Avant même que l’État ait précisé les modalités des PGE dans son décret du 24 mars, nous avions demandé à nos équipes de prendre contact avec nos clients, entreprises et professionnels, pour prendre le pouls, détecter leurs besoins spécifiques et apporter une réponse adaptée à leur situation particulière. Notre objectif est de concilier les mesures générales apportées par l’État et des mesures spécifiques complémentaires, taillées sur mesure pour chacun de nos clients. C’est notre valeur ajoutée.

Concrètement, comment les entreprises et professionnels doivent-ils procéder pour bénéficier de ces prêts garantis par l’État ?

Laurent Métral : Chaque entreprise ou professionnel doit d’abord prendre contact avec sa banque, afin d’obtenir un pré-accord. Ensuite, il faut se rendre sur la plateforme mise en ligne par Bpifrance pour renseigner un certain nombre d’informations, relatives au chiffre d’affaires, crédit demandé… L’entreprise peut ensuite télécharger une attestation et obtenir un numéro d’identification unique qu’elle devra fournir à la banque qui débloquera le crédit. Ce dispositif restera à la disposition des entreprises jusqu’à la fin de l’année. Toutefois, pour étaler le flux, il ne sera possible de déposer qu’une seule demande au cours du premier mois.

Il y en aura pour tout le monde, mais notre rôle est de conseiller les entreprises pour bien dimensionner cette première quotité en fonction de l’état de leur trésorerie. Nos équipes ont été renforcées pour traiter l’afflux de demandes, nous automatisons au maximum nos process pour réduire les délais de traitement (deux à six jours) et permettre à nos chargés d’affaires de se concentrer sur leur rôle de conseil. Nous demandons la même réactivité à nos clients pour nous renvoyer les contrats.

Quelles autres solutions proposez-vous pour aider les entreprises dans cette crise ?

Laurent Métral : Chez CIC Ouest, nous sommes partis pour un marathon de l’accompagnement des entreprises. Nous sommes mobilisés pour les accompagner dans la crise, mais aussi dans la reprise. Cette intervention dans la durée correspond, d’une part, à notre métier de banque de réseau qui consiste à accompagner les entreprises dans leurs projets et à sécuriser leur avenir, d’autre part à nos valeurs de proximité et d’implication dans le développement économique du territoire.

Dans ce contexte, nous avons décidé de reporter systématiquement et sans frais jusqu’en septembre les échéances sur crédits en cours. Cela signifie que l’entreprise n’a rien à demander, cela est fait automatiquement de façon à libérer du temps à nos chargés d’affaires pour qu’ils interviennent sur le fond. En plus des PGE, nous développons des mesures complémentaires comme les suspensions de loyers en crédit-bail mobilier et crédit-bail immobilier, la gratuité des frais de rejet… Nous voudrions que chaque entreprise considère sa banque comme un partenaire et lui fasse part en amont de ses difficultés pour qu’ensemble nous trouvions des solutions. Nous nous adapterons en temps réel pour répondre aux problématiques qui pourraient émerger et soutenir nos entreprises.

Quelles sont les problématiques les plus urgentes remontées par les entreprises actuellement ?

Laurent Métral : La grande problématique des entreprises, c’est d’assurer la trésorerie, payer les salaires et passer le cap. Nous avons beaucoup de questions sur les placements de trésorerie : faut-il les casser pour générer du cash ? Nous sommes également très sollicités pour mettre en place des lignes de crédit complémentaires. Beaucoup de clients tirent leurs autorisations au maximum. C’est compliqué, il faut gérer l’urgence, tout en préparant l’avenir. Nous prêtons également une attention particulière aux entreprises sous LBO. Nos équipes d’ingénierie financière les appellent pour évaluer la situation et les conseiller.

Vos agences restent-elles ouvertes ?

Laurent Métral : Notre obsession, c’est de concilier la sécurité des salariés et la continuité de service grâce à un mix de travail à distance et de présence physique. Nos agences sont ouvertes à 99, 9 % avec des collaborateurs qui sont présents physiquement. Nous avons adapté les horaires et régulé les conditions d’accueil. Mais pour des éléments importants, nos clients peuvent se déplacer. Dans un contexte d’extrême urgence, sur un périmètre très large de clients et dans un timing resserré, nous devons à la fois assurer le quotidien (virement des salaires, gestion des flux des entreprises…) et les urgences. Nous avons l’avantage de faire partie d’un groupe solide financièrement, qui nous donne des moyens d’action complémentaires. Et techniquement, nous avons les moyens de faire fonctionner la banque à distance si le confinement venait à être renforcé. Je le redis : nous sommes engagés dans un marathon.

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