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Coronavirus : en Vendée, les acteurs du tourisme préparent le coup d'après 
Enquête Vendée # Tourisme

Coronavirus : en Vendée, les acteurs du tourisme préparent le coup d'après 

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Le tourisme est le premier secteur économique du département. La Vendée est d’ailleurs le territoire qui compte le plus de campings en France. Mais, à l’heure de l’épidémie de coronavirus, tous les acteurs sont à l’arrêt. Si les conséquences seront dramatiques pour certains, les institutions s’organisent pour limiter la casse.

— Photo : Aloa Vacances

« Si on ne peut pas réaliser le chiffre d’affaires nécessaire à la survie de notre entreprise, on déposera le bilan et on fera faillite. » Fabien Rousseau, le dirigeant du parc accrobranche, Explora Parc, à Saint-Jean-de-Monts est plus qu’inquiet. Sa petite structure, rachetée en 2016, emploie 4 salariés et devait ouvrir le 4 avril. Une date déjà particulièrement attendue pour le parc qui doit gérer sa trésorerie sur 12 mois, avec seulement six mois d’exploitation.

D’autant qu’Explora Parc réalise 15 à 20 % de son chiffre d’affaires en avant saison grâce aux écoles ou aux séminaires d’entreprise. « Certaines académies comme celle de Caen ont annulé toutes les sorties scolaires. Ce n’est pas encore le cas de celle de Nantes mais ça en prend le chemin », déplore le dirigeant qui a mis ses salariés au chômage partiel et renoncé au recrutement de cinq saisonniers.

Fabien Rousseau, le dirigeant du parc accrobranche Explora Parc, à Saint-Jean-de-Monts (Vendée). — Photo : Jéromine Doux - Le Journal des Entreprises

Et Fabien Rousseau n’est pas beaucoup plus serein pour la saison estivale. « Est-ce que les sites comme le nôtre seront autorisés à ouvrir ? Devrons-nous limiter les entrées ? Quant au recrutement, doit-on réduire la voilure pour diminuer les charges au risque que la fréquentation soit élevée ? » Une montagne de questions qui reste pour l’instant sans réponse.

Premier secteur économique de la Vendée

Dans le domaine du tourisme, premier secteur économique du département avec 14 % du PIB et plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’incertitude règne. La Vendée est le premier département français en nombre de campings. La plupart des structures touristiques devaient ouvrir le 4 avril. Aujourd’hui, elles ne savent absolument pas quand elles pourront commencer à accueillir du public. Pas avant la mi-mai dans tous les cas. « La date d’ouverture du Puy du Fou est toujours à l’étude, témoigne le parc de loisirs vendéen. Nous poursuivons le dialogue avec les services de l’État. Dès que le Puy du Fou et l’ensemble des acteurs du tourisme français se seront accordés avec les représentants de l’État, une nouvelle date d’ouverture sera officialisée. »

En plus du mois d’avril qui signait l’ouverture de la saison avec les vacances de Pâques, les acteurs du tourisme s’inquiètent de voir la totalité du mois de mai et ses quatre longs week-ends leur passer sous le nez.

« D’habitude à cette époque, je suis complet de début avril jusqu’au 23 septembre. »

À Noirmoutier, Jean-Pierre Mikol, propriétaire de trois gîtes touristiques a déjà perdu 4 000 € en avril et estime que sa perte sera semblable en mai. Son chiffre d’affaires annuel, qui se situe entre 40 000 et 45 000 € sera donc amputé de près de 20 %. « Pour autant, nous devons continuer à payer les charges : les impôts, le chauffage, entretenir les espaces verts… », déplore le gérant, qui emploie également une salariée à temps partiel pour l’accueil des voyageurs. Et s’il ne connaît pas encore d’annulations pour les mois de juillet et août, les réservations sont au point mort. « D’habitude à cette époque, je suis complet du début du mois d’avril jusqu’au 23 septembre. »

72 % des séjours et prestations annulés ou reportés

Selon Wilfrid Montassier, le président de Vendée Expansion, qui assure notamment la promotion de l’offre touristique en Vendée, 72 % des séjours et prestations ont été annulés ou reportés dans le département. Si 81 % des réservations du mois d’avril ont évidemment été repoussées ou annulées, c’est aussi le cas pour 30 % des réservations de juin, 19 % de juillet et même 22 % de celles du mois d’août. Outre l’anxiété des vacanciers, ces résiliations s’expliquent par le fait que « la caisse d’allocations familiales (Caf) a informé ses bénéficiaires qu’elle suspendait les aides de départ en vacances jusqu’à la fin du mois de mai », assure Franck Chadeau, le dirigeant du groupe de campings Chadôtel.

Photo : Flower Campings

Pour aider les indépendants du secteur du tourisme, le Département, en lien avec la CCI, la Chambre de Métier et Vendée Expansion, a débloqué un fonds d’aide d’extrême urgence doté d’un million d’euros, qui s’adresse également aux artisans et aux commerçants. Selon Franck Chadeau, élu à la CCI, « ce sont les hôtels, café et restaurants qui souffrent le plus. » Un second plan devrait ensuite voir le jour pour relancer l’économie avant un troisième, pour accentuer l’attractivité du territoire.

« Mais certains pourraient ne pas s’en remettre », estime Franck Chadeau. Le président de Vendée Expansion, Wilfrid Montassier, est plus optimiste. « Les séjours annulés pourront être à nouveau réservés lorsque le confinement sera terminé. Nous ne pouvons pas faire de conclusion hâtive sur la saison, on ne sait pas du tout comme cela va se passer. »

Une stratégie de communication pour limiter la casse

Pour limiter la casse, Vendée Expansion élabore d’ailleurs un plan de bataille et vise l’arrière-saison. « Nous allons d’abord miser sur la clientèle française et de proximité », confie Wilfrid Montassier qui estime que les étrangers viendront peu en France cette année et que les Français partiront peu à l’étranger. La Vendée reste, heureusement, peu dépendante de la clientèle étrangère. Celle-ci représente environ 17 % de la fréquentation touristique.

Afin de relancer le tourisme, Vendée Expansion souhaite également mettre le paquet sur l’arrière-saison, avec la perspective du Vendée Globe. « Nous allons cibler les seniors qui n’auront pas pu voyager au printemps et qui voudront, peut-être, partir après l’été », envisage Wilfrid Montassier. Mais les familles et les groupes d’amis « qui auront envie de se retrouver » sont également en ligne de mire.

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