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Comment Sodebo gère la crise des œufs contaminés
Vendée # Agroalimentaire

Comment Sodebo gère la crise des œufs contaminés

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L’entreprise agroalimentaire Sodebo (2.000 salariés ; 425 M€ de CA) a été cet été victime de la fraude aux œufs contaminés au fipronil après avoir reçu un peu plus de 30.000 œufs durs contaminés à ce produit. Comment l'entreprise vendéenne gère-t-elle la crise ? Réponses de Julien Lorieau, responsable qualité, sécurité, environnement de l’entreprise vendéenne.

— Photo : Le Journal des Entreprises



Julien Lorieau, comment avez-vous réagi quand vous avez su que des œufs contaminés avaient été utilisés dans vos ateliers ?


« Nous avons réagi rapidement quand un de nos fournisseurs belge d’ovoproduits nous a alerté sur la présence d’œufs contaminés dans des lots qui nous ont été livrés entre le 4 et le 27 juillets. Grâce à la traçabilité, nous avons retrouvé les productions impactées par ces lots d’œufs. Nous avons alors regardé ce que nous avions en stock et en livraison. Comme ce sont des produits frais, il ne nous restait qu’une petite quantité de produits finis et quelques centaines de kilogrammes de matière première. Le reste a été soit vendu soit retiré des rayons du fait des dates limites de consommation courtes sur ces produits. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de risque pour les consommateurs, nous avons procédé à des analyses et celles-ci ont montré que les doses de fipronil dans nos produits étaient 30 fois inférieures aux doses admises légalement. Nous avons aussi très vite prévenu la direction départementale de la protection des populations.


Avez-vous dû stopper les lignes de production de salade et de sandwichs ?


« Nous n’en avons pas eu besoin pour plusieurs raisons. La première, c’est que seulement un type d’ovoproduit est concerné et pas l’ensemble de ceux que nous utilisons. La seconde, c’est que notre fournisseur a continué à nous fournir des lots sains a posteriori et que ceux-ci ont été analysés et jugés conformes à la réglementation. Nous allons d’ailleurs continuer à procéder à des analyses durant plusieurs semaines et nous avons demandé à nos fournisseurs de faire de même.


Envisagez-vous de diversifier vos sources d’approvisionnement pour éviter ce genre d’incident ?


« Le problème n’est pas lié à l’origine des produits. 70% de nos ovoproduits viennent de France, le reste vient de l’Union européenne. Nous cherchons toujours à diversifier nos approvisionnements et nous allons continuer à le faire, car certains bassins géographiques peuvent avoir des problèmes de santé animale comme on a pu le voir encore récemment dans le Sud-Ouest avec la grippe aviaire.


Comment avez-vous géré la communication ?


Une cellule d’une dizaine de personnes a été mise en place pour gérer cette affaire. C’est notre cellule habituelle de gestion des cas sensibles. Celle-ci s’est occupé de la communication vers nos clients, les consommateurs, les médias, l’administration et en interne. Nous avons joué la transparence même s’il faut reconnaître que personne n’aime être dans ce genre de situation.


Avez-vous évalué les coûts pour l’entreprise ?


Les coûts se chiffrent surtout en temps avec l’équipe dédiée et il faut compter aussi quelques milliers d’euros pour procéder aux analyses par un laboratoire indépendant. D’un point de vue économique, pour le moment, ce n’est pas une grosse crise. Mais il est encore un peu tôt pour évaluer l’impact réel. Nous allons évidemment analyser l’impact sur les ventes. Pour le moment, on ne nous a pas demandé de retirer de produits de la vente. Ce que nous craignons, ce sont plutôt les effets négatifs sur la perception de l’industrie agroalimentaire alors que l’on travaille tous les jours pour obtenir des produits de qualité.


Quelles suites allez-vous donner à cette affaire ?


« C’est une fraude dont nous et nos fournisseurs sommes les victimes. Nous allons militer pour mobiliser l’ensemble de la filière et proposer une concertation à l’interprofession pour que des mesures soient prises avec l’ensemble des acteurs. On ne peut pas contrôler systématiquement toutes les substances. Aujourd’hui, des contrôles systématiques sont réalisés par les différents acteurs sur des éléments connus. Il faut que l’on soit capable de détecter en amont ces phénomènes. Mais il est peut-être un peu tôt pour prendre des décisions.

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