Le Journal des Entreprises : Vous êtes président de la division Services et Solutions du groupe Manitou. Vous avez récemment lancé un site d’e-commerce pour les pièces de rechange des machines dédiées à l’agriculture et à la construction. Est-ce une révolution culturelle ou pas pour l’entreprise?
Maxime Deroch : « Non, pas vraiment. Le site est né d’un constat. Les agriculteurs sont très connectés. Or, quand ils cherchaient sur internet des pièces pour la maintenance de leurs machines, ils ne les trouvaient pas. Il nous manquait un canal de vente. Nous avons donc co-construit le site de A à Z avec nos concessionnaires pour les intégrer dans la démarche. Plutôt que de lancer un site mondial en 45 langues, nous avons préféré créer un site s’adressant au marché des agriculteurs. Cela a valeur de test. Si cela fonctionne bien, nous l’étendrons à d’autres marchés. »
La transformation numérique, c’est donc effectif chez Manitou?
M.D. : « La grande tendance actuelle c’est d’apporter de plus en plus de valeur ajoutée à nos clients. Pour cela, il faut les connaître et être proches d’eux. Le site d’e-commerce permet de créer cette proximité. Les nouvelles technologies également. Il y a 15 ans, nous avons été les premiers à connecter nos machines avec des systèmes de géolocalisation. Maintenant, nous sommes capables de nous connecter avec toute l’informatique de la machine. Notre offre «easy manager» permet ainsi de collecter les données des machines pour être proactif sur la maintenance. Si une panne est détectée, le concessionnaire peut appeler le client. Le fait d’avoir l’information lui permet d’être plus efficace et de diminuer le temps d’immobilisation de la machine. »
Cette transformation a-t-elle nécessité l’intégration de nouvelles compétences chez Manitou ?
M.D. : « Oui et c’est passionnant. En ce moment, nous avons une équipe d’une dizaine de personnes, travaillant comme une start-up au sein de l’entreprise sur les nouvelles technologies dont les machines connectées. »
Quels sont les autres domaines auxquels vous vous intéressez ?
M.D. : « Nous nous posons la question de savoir comment transformer les data que nous collectons via les machines en données intelligentes. Comment allons-nous les utiliser ? Une anecdote : grâce à ces données, nous avons pu retrouver en 5 heures une machine qui avait été volée en Allemagne et transportée en Pologne. Inutile de dire que le concessionnaire a été conquis. »
