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Comment le groupe Idéa se mue en logisticien 4.0
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Comment le groupe Idéa se mue en logisticien 4.0

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Depuis deux ans, le groupe Idéa revoit sa stratégie et sa façon de travailler. Le logisticien basé à Montoir-de-Bretagne a établi une nouvelle feuille de route pour 2020. Objectif : augmenter le chiffre d’affaires de 100 à 150 millions d’euros.

— Photo : Amandine Dubiez

C’est un robot qui roule tout seul au milieu de l’entrepôt du groupe Idea qui jouxte l’aéroport Nantes-Atlantique. Il va chercher les références demandées par le client Airbus. Testé depuis l’an dernier au sein du groupe de logistique Idéa, il a rapidement été adopté par le géant aéronautique qui l'essaye actuellement aussi dans ses locaux. C’est une révolution en soi, tant pour le produit en lui-même que pour la manière dont il a été intégré. « Nous avons travaillé avec la start-up Scallog, testé le dispositif chez nous en informant Airbus et le groupe Kuehne + Nagel que nous prenions seuls la responsabilité de tester la solution en assumant les conséquences pour ne pénaliser en aucune manière nos clients » explique Nicolas Derouault, directeur général délégué du groupe Idea, basé à Montoir-de-Bretagne mais présent sur plusieurs sites en Loire-Atlantique.

« On se met en maillot de bain devant nos clients »

Un changement de process inédit dans un environnement où tout est si cadré, hiérarchisé. Voici un exemple parmi tant d’autres des applications de la nouvelle stratégie initiée par le logisticien il y a deux ans, et qui a conduit à la conception d’un nouveau plan de développement jusqu’en 2020. Aéronautique, énergie, naval, défense, industrie, vrac agroalimentaire, le groupe Idéa reste sur les mêmes segments, tout en proposant des nouveaux services et des nouveaux métiers. Il s’ouvre aussi aux nouveaux marchés du bâtiment et du chantier. Objectif : se positionner en logisticien 4.0.

Une démarche collaborative avec les clients

« On se met en maillot de bain devant nos clients », plaisante Bruno Hug de Larauze. Sérieusement, le PDG du groupe Idéa a décidé de casser les silos, de rénover ses process. Fini les projets préparés dans le plus grand secret autour d’une garde rapprochée. Désormais, Idéa teste directement ses nouvelles idées avec ses clients, dans une démarche collaborative, avant de les mettre en place de manière industrielle. « Nous avons la chance d’avoir de bonnes relations avec nos 800 clients, nous n'en avons perdu presque aucun depuis quinze ans », se targue Bruno Hug de Larauze.

Innovations à tous les niveaux

C’est ainsi qu’il teste actuellement avec quelques clients, dont Stelia et Thyssen, la réalisation d’opérations de manufacturing sur les lieux de stockage - des petites opérations de finitions pour faire gagner du temps. Avec le fabricant de moteurs géants Man diesel, le groupe industriel s’essaye à la prise en charge des pièces en fin de vie. « Ce n’est pas encore rentable, mais on n’en est pas loin », explique Nicolas Derouault.

« Je vais à San Fransisco tous les neuf mois, pour sentir le pouls de l’innovation »

Toujours avec Man diesel, l’ETI teste le contrôle des moteurs par drone. Autre projet en cours : l’application Fifty Truck, sorte de "Blablacar" du colis qui permet aux entreprises de réserver au dernier moment des camions qui auraient encore de la place pour acheminer leur chargement. Parallèlement, le logisticien investit dans le suivi et l'analyse de ses données et travaille pour la fin de l’année sur un nouvel emballage connecté et intelligent qui traque le produit de la fabrication jusqu’à la livraison. L’innovation, à tous les niveaux.

Plus de 10 millions investis dans les start-up.

« Nous voulons grandir plutôt que grossir », résument Bruno Hug de Larauze et Nicolas Derouault. Le groupe qui réalise 109 millions d’euros de chiffre d’affaires vise en 2020 les 150 millions d’euros. Il ambitionne de passer de 45 à 70 millions d’euros de fonds propres. Sur les cinq dernières années, la rentabilité était de 4% « Elle se tasse un peu avec le plan de développement », précise Bruno Hug de Larauze. L’ETI compte par ailleurs recruter 200 nouveaux collaborateurs pour rejoindre les 1.100 employés.

Le groupe Idéa devient aussi incubateur. Il prévoit d’investir plus de 10 millions d’euros dans les start-ups dans les cinq ans à venir et espère en retirer 20 millions d’euros en relais de croissance. Depuis 2014, il a investi dans une quinzaine de jeunes entreprises dont Systovi, le fabricant français de solutions solaires qui va notamment équiper la toiture du futur MIN de Nantes, mais aussi dans le centre de méthanisation de l’entreprise Vol-V à Montoir-de-Bretagne. Idéa a aussi récemment racheté GMI, une entreprise de robinetterie industrielle installée à Saint-Nazaire qui vend uniquement sur internet. Le prestataire en logistique industrielle a aussi collaboré avec la start-up Joul, qui permet de tracer en interne les produits. Et récemment, Bruno Hug de Larauze est entré au capital de Startup Palace, qui vient de lancer son accélérateur.

Un "codir" simplifié plus collaboratif

Le nouveau plan stratégique d'Idéa, baptisé ID2020, Bruno Hug de Larauze l’a initié en changeant les process et le fonctionnement de la direction. Fini les réunions réservées au reporting, l’ensemble du Codir, se réunit régulièrement dans des ateliers de travail où règnent la co-création et la collaboration. « On parle de toutes les innovations existantes - réalité virtuelle, imprimante 3D, logistique on time, data etc.. - et on essaye de voir comment on peut l’intégrer chez nous », explique Bruno Hug de Larauze. Résultat : plus de 75 projets innovants lancés en un an par l'encadrement mais aussi par les salariés ouvriers qui font remonter les problématiques identifiées. Certains ont ainsi travaillé avec des Lego sur le réaménagement de l’entreprise à Chantenay. Ces méthodes nouvelles, le P-dg Bruno Hug de Larauze les a par exemple ramenées de San Francisco : « j’y vais régulièrement, tous les neuf mois, pour sentir le pouls de l’innovation ».

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