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Comment le chantier naval Alubat a été remis à flot
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Comment le chantier naval Alubat a été remis à flot

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En 2013, le chantier naval Alubat, au Château d’Olonne (Vendée), déposait le bilan avant d’être repris par quatorze chefs d’entreprise vendéens. Trois ans après, les investisseurs faisaient appel à Christian Picard, dirigeant d’une autre entreprise navale, pour reprendre les rênes du chantier. Aujourd’hui, le pari est presque gagné.

Pour Christian Picard, directeur général du chantier naval vendéen Alubat, « la richesse de l’entreprise est dans les ateliers » — Photo : Jéromine Doux - Le Journal des Entreprises

Les actionnaires lui avaient donné trois ans pour redresser la barre. Il aura mis deux ans à remettre l’entreprise à flot. Le chantier naval Alubat du Château d’Olonne (Vendée) termine son exercice avec un chiffre d'affaires de 3,4 M€. Il était de 2,8 M€ un an plus tôt. Quand le chantier construisait douze bateaux par an, il en fabrique quinze aujourd'hui et espère atteindre les vingt dans peu de temps. « Notre objectif était d’atteindre la rentabilité et nous y sommes presque », confie Christian Picard, le dirigeant. Reprendre Alubat n’était pourtant pas dans les plans de cet autodidacte, charpentier de formation. Il s’apprêtait à partir à la retraite quand les actionnaires du chantier l’ont appelé en 2016. Ils ont vu en cet homme, expert de la plaisance à la tête du courtier en bateaux AYC, le capitaine idéal pour redresser les finances.

Christian Picard est à la tête du chantier naval Alubat depuis 2016 — Photo : Jéromine Doux

Derrière ces actionnaires se trouvent quatorze chefs d’entreprises vendéens qui souhaitent rester discrets. Ils se sont cotisés pour reprendre le constructeur de voiliers de plaisance en aluminium, fleuron local, passé de 120 salariés à moitié moins en quelques années. Placée en redressement judiciaire en 2013, Alubat est rachetée 150 000 € et 25 salariés sont sauvés.

Miser sur la qualité avant tout

Aujourd’hui, le chantier trouve un second souffle. Dans les ateliers, le nouveau dirigeant passe saluer ses salariés et motive les troupes. Ici, les voiliers prennent forme. Les plus récents sont décorés de panneaux solaires et équipé d’une hydrogénérateur, une petite hélice qui permet de produire de l’électricité dans l’eau.

« Nos bateaux sont de plus en plus propres, quasiment autonomes en énergie », précise Christian Picard, qui cherche à booster au maximum l’ergonomie de ses produits. Car pour relever son défi, le directeur général mise avant tout sur la qualité. « Nous atteignons désormais un niveau que l’on n’avait plus depuis longtemps », se satisfait le dirigeant.

Le chantier naval Alubat compte désormais 31 salariés. Jusqu'à 120 personnes y ont travaillé. — Photo : Doux

Une fabrication entièrement en interne

Quand le carnet de commandes a commencé à se vider, la stratégie a été de baisser les prix. Et donc la qualité des produits. « Le bateau en aluminium, c’est le 4x4 de la mer. Son identité, c’est la fiabilité, la sécurité, explique Christian Picard. Il faut environ 4 000 heures de travail pour en fabriquer un, contre 1 500 heures pour un voilier en composite. On ne peut pas être compétitifs en termes de prix. »

Dans les années 2000, l’idée a donc été de s’implanter en Chine pour attaquer le marché asiatique et réduire les coûts de main-d’œuvre. Un échec. « La richesse de l’entreprise est dans les ateliers », insiste le dirigeant, qui tient à ce que toute la production soit réalisée en interne. L’électricité, la plomberie, la menuiserie… Tout est fait de A à Z. « Cela nous permet de nous adapter aux clients handicapés par exemple. » Et la stratégie porte ses fruits. Désormais, l’entreprise veut augmenter sa capacité de production et recréer des emplois. Christian Picard cherche d’ailleurs à réintégrer les personnes licenciées il y a cinq ans. « Ils étaient 28 quand je suis arrivé. Aujourd’hui, nous sommes 31. Nous espérons être bien plus dans les années à venir. »

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