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CogniTalk, le nouveau projet d'intelligence artificielle de Stefan Knerr
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Stefan Knerr Stefan Knerr CogniTalk, le nouveau projet d'intelligence artificielle de Stefan Knerr

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Le fondateur de Vision Objects, devenu MyScript, s'est lancé dans un nouveau projet d'intelligence artificielle en lien avec la voix. Objectif : faire mieux que Siri, Alexa et Google Home.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Que devient Stefan Knerr depuis qu'il a vendu Vision Objects, ancien nom de MyScript, société spécialisée dans la reconnaissance de l'écriture ? Il se consacre à la création d'un autre logiciel d'intelligence artificielle, mais dédiée cette fois à la voix. Cela fait deux ans et demi qu'il travaille sur CogniTalk et espère faire mieux qu'Amazon, Google ou Apple. Interview

Le journal des entreprises : Comment décririez-vous Cognitalk ?

Stefan Knerr : « C'est un projet de recherche pure lié à l'intelligence artificielle. CogniTalk nous amène encore plus loin que Vision Objects (l'ancien nom de MyScript, l'entreprise de reconnaissance d'écriture qu'il a créée au sein de l'Université de Nantes il y a 20 ans et vendue en 2013). C'est un projet qui vise à développer un agent conversationnel qui soit vraiment capable de comprendre la discussion naturelle de l'homme. »

Il existe déjà des agents conversationnels comme Siri, Alexa, l'enceinte à commande vocale créée par Amazon ou l'agent conversationnel de Google.

S.K. : « Oui, c'est la deuxième génération d'agent conversationnel, je travaille sur la troisième voire la quatrième génération. Siri et les autres interfaces conversationnelles existantes ne reconnaissent pas la parole, elles détectent des mots. Si vous leur demandez « Quelle est la météo demain ? », elles savent en fait détecter les mots, mais elles n'ont rien compris. Elles ne savent pas répondre à la question : « Est-ce qu'il va pleuvoir ? » ou « que signifie légèrement ensoleillé ? ». Comment mettre ce genre de connaissances dans une machine ? C'est ce que nous essayons de faire. Dans un monde où l'homme parle de plus en plus avec la machine, l'évolution va clairement vers une interaction homme-machine beaucoup plus naturelle. Nous voulons résoudre l'intelligence artificielle. Notre objectif est de passer le test de Turing, ce test créé par le célèbre mathématicien Alan Turing. (NDLR : Il consiste à faire discuter l'homme avec un ordinateur. Si l'homme croit parler à un autre homme, alors le test est réussi). »

Vous êtes en concurrence directe avec des géants comme Google, Amazon ou Apple qui doivent investir des millions dans le même genre de recherches.

S.K. : « Oui, je vois très bien ce qu'il se passe, je lis les publications, cela fait 30 ans que je travaille dans l'intelligence artificielle. La réponse est très technologique. Ils utilisent des principes technologiques différents de ceux que l'on utilise. Ils travaillent tous avec le big data et le machine learning. J'ai une approche différente, une approche basée sur le small data. Je veux éduquer la machine, un peu comme on éduque un enfant à l'école. Cela s'appelle du deep learning. »

Quelles applications visez-vous ?

S.K. : « Les applications sont partout, le marché est immense, il s'estime à plusieurs dizaines de milliards d'euros et il n'a pas encore explosé. J'ai décidé de me focaliser sur la robotique et le commerce conversationnel. »

Comment travaillez-vous ?

S.K. : « Je finance le projet avec mes fonds propres. Nous sommes une petite équipe de moins de 10 personnes hébergée au sein du Hub Creatic. Nous travaillons aussi avec des chercheurs étrangers. Je me suis donné cinq ans pour mener à bien le projet mais je crois que cela ne va pas suffire. Cela fait deux ans et demi que nous travaillons. »

Vous êtes aussi actionnaire du programme d'accélération lancé par Rob Spiro

S.K. : « Oui, c'est moi qu'il avait contacté en premier quand il a souhaité s'installer à Nantes. C'est une bonne nouvelle pour la ville, il apporte vraiment l'esprit de la Silicon Valley à Nantes. La ville a vraiment changé en 20 ans. Quand j'ai créé Vision Objects en 1998, j'avais dû recruter des chercheurs à Paris. Aujourd'hui il y a de plus en plus de meet up, dont un sur le machine learning créé par Jeff Abrahamson, un ancien de Google. »

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