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Civiteo : « Beaucoup d’entreprises se demandent comment utiliser les données publiques »
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Jacques Priol président du cabinet Civiteo Civiteo : « Beaucoup d’entreprises se demandent comment utiliser les données publiques »

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Depuis le mois d'octobre, les communes de plus de 3 500 habitants doivent ouvrir leurs données au public. Quelles opportunités cela représente-t-il pour les entreprises ? Le point avec Jacques Priol, président de la société de conseil Civiteo, spécialiste de la donnée publique et de la smart city. Il est l’auteur du livre Le big data des territoires (FYP Editions).

— Photo : Olivier Lanrivain

Le Journal des Entreprises : Les communes de plus de 3 500 habitants doivent désormais ouvrir leurs données au public. Quel type de données les entreprises peuvent-elles exploiter ?

Jacques Priol : Depuis octobre 2018, la loi pour une République numérique, votée en 2016, s’applique pleinement : toutes les administrations, les ministères, comme les collectivités locales de plus de 3 500 habitants, doivent publier leurs données « par défaut ». Cette définition conduit à la publication progressive de données très variées.

La loi vise à une plus grande transparence de la gestion publique. On trouvera donc des données sur les décisions des conseils municipaux et de toutes les assemblées locales, les budgets et les subventions par exemple. On trouvera des informations utiles aux citoyens : le menu des cantines scolaires ou la liste des prénoms donnés dans l’année à l’état-civil sont deux jeux de données très consultés.

On trouvera aussi de nombreuses données utiles aux entreprises, qui bien souvent étaient accessibles, mais dans des formats peu exploitables ou par des intermédiaires, et donc payants. Tous les marchés publics de plus de 25 000 € HT seront publiés. Ces données permettront des études de marché, des comparaisons, des ajustements de stratégie de prix. La totalité de la base de données Sirene de l’Insee est maintenant en open data, exploitable nationalement ou par bassin d’activité. Des entreprises l’utilisent directement pour de la veille concurrentielle.

La ville de Nantes a été l'une des premières à ouvrir des données. Avez-vous des exemples d'entreprises de la région nantaise, qui utilisent ces données publiques pour leur activité ?

J.P. : Au-delà d’une transparence accrue de la gestion publique, les collectivités peuvent en tirer avantage pour améliorer la gestion de leurs services publics. C’est l’un des enjeux du mouvement des « villes intelligentes », ou « smart cities ». Un exemple bien connu des Nantais est l’application "Nantes dans ma poche". Tous les services offerts via l’application sont alimentés par des données ouvertes et mises à jour en temps réel.

L’entreprise EP, qui développe des services aux particuliers à travers sa plateforme Izigloo est un pionnier de l’utilisation des données ouvertes. EP a inventé un modèle économique fondé notamment sur l’utilisation des données énergétiques en open data.

L’open data est elle aussi pratiquée par de plus en plus d’entreprises. Pour quelle raison ?

J.P. : C’est un mouvement intéressant. Beaucoup d’entreprises se demandent comment utiliser les données publiques qui ont été ouvertes, et certaines décident d’ouvrir des données à leur tour. Certaines le font pour créer un écosystème d’innovation autour d’elles et susciter l’intérêt, par exemple de start-up spécialistes de la « data science », qui créeront peut-être avec elles de nouveaux produits et services. D’autres entreprises en font un axe de leur RSE, l’open data étant un gage de transparence sur des sujets sociétaux.


Livre Le big data des territoires. Les nouvelles stratégies de la donnée au service de l’intérêt général, Jacques Priol, FYP Editions.

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