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Charier expérimente l'hydrogène sur ses engins de chantier
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Charier expérimente l'hydrogène sur ses engins de chantier

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Engagé dans une démarche visant à réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, le groupe nantais de travaux publics Charier expérimente l’hydrogène sur l’un de ses engins de chantier. Objectif : accélérer sa transition énergétique.

Ce tracteur du groupe Charier est démonté par la société E-Neo pour remplacer le moteur classique par un moteur hydrogène — Photo : Charier

Le groupe nantais de travaux publics Charier a confié le soin à la société vendéenne E-Neo de convertir l’un de ses engins de chantier, un tracteur, à l’hydrogène. Cette opération de rétrofit, la première du genre pour Charier (1 400 salariés, 278 M€ de CA en 2019), s’inscrit dans le cadre de sa démarche de réduction de 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et de son engagement au sein de l’association Dirigeants responsables de l’Ouest (DRO). « Depuis 2010, nous quantifions chaque année nos émissions de CO2 pour mesurer l’impact de nos démarches environnementales. Et nous constatons qu’il est limité en dépit de tous nos efforts », décrypte Valéry Ferber, directeur Environnement et Innovation chez Charier. Schématiquement, les émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise sont liées pour moitié aux matériaux employés (béton, enrobés…), pour l’autre aux consommations d’énergie, à 70 % du gasoil.

Test sur le chantier de la digue de La Turballe

« Nous utilisons un litre de gasoil pour un mètre cube de terrassement. Nous avons déjà intégré des véhicules de société électriques. Mais il n’existe pas l’équivalent pour les engins de chantier. L’électricité n’est pas adaptée à leur poids. La seule voie possible pour ce type de véhicules, c’est l’hydrogène », détaille Valéry Ferber. Comme il n’existe pas non plus d’engins de chantier hydrogène sur le marché, Charier s’est adressé au spécialiste vendéen du rétrofit pour remplacer le moteur thermique classique par un moteur hydrogène. « L’objectif est que le tracteur soit opérationnel en avril pour l’expérimenter dans le cadre du chantier de la digue du port de La Turballe. En conformité à notre engagement à DRO, nous avions proposé dans l’appel d’offres de recourir à un engin hydrogène pour transporter les matériaux de construction à travers la ville afin de limiter la pollution et les nuisances sonores », indique Valéry Ferber.

Une filière qui reste à créer

Si l’opération paraît séduisante sur le papier, elle ne pourra être généralisée que si plusieurs problématiques économiques et techniques sont résolues. « Nous avons découvert à l’occasion de cette opération que les constructeurs de matériels de chantier ne sont pas prêts à mettre sur le marché des engins hydrogène. Le rétrofit est trop coûteux pour être envisagé à grande échelle. Un engin rétrofité revient 3 à 4 fois plus cher que son homologue fonctionnant au gasoil. Enfin, la production et la distribution d’hydrogène sont encore balbutiantes. C’est toute la chaîne de valeur qu’il va falloir industrialiser », énumère Valéry Ferber. En l’espèce, l’hydrogène sera fourni à Charier par la société nantaise Lhyfe, mais la gestion des flux hydrogène vers les chantiers requiert des matériels particuliers. Enfin, reste à valoriser le recours à l’hydrogène dans les appels d’offres. « Nous avons joué notre rôle en faisant un premier pas, insiste Valéry Ferber. Maintenant, il faut que tous les acteurs de la filière s’y mettent et que les politiques donnent des signaux forts pour inciter à la transition énergétique. Sinon, nous resterons au gasoil. »

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