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Cetih se met en ordre de marche pour une croissance durable et vertueuse
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Cetih se met en ordre de marche pour une croissance durable et vertueuse

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Investissements, recrutements, gouvernance…, le groupe Cetih, spécialisé dans l’enveloppe de l’habitat et la rénovation énergétique, mène de front plusieurs chantiers d’envergure. En accord avec son nouveau statut d’entreprise à mission, l’ETI industrielle de Machecoul (Loire-Atlantique) transforme son modèle pour une croissance responsable et durable.

CETIH investira 15 millions d’euros dans son outil industriel en 2022 — Photo : CETIH

En 2022, le groupe Cetih, fabricant de portes d’entrée, de fenêtres et de solutions solaires, de ventilation et d’isolation, a prévu d’injecter 15 millions d’euros dans son outil industriel. Celui-ci comprend sept usines spécialisées par matériau et par produit, dont celle de Machecoul, en Loire-Atlantique, où est installé le siège social de l’ETI industrielle (1 300 salariés, 225 M€ de CA). "Nous investissons habituellement 10 à 12 millions d’euros par an. En 2022, cela sera un peu plus, en raison d’un effet de rattrapage après la crise sanitaire et la reprise qui ont mobilisé nos ressources et parce que nous voulons consolider notre outil de travail sur un marché porteur", explique François Guérin, président-directeur général de Cetih.

François Guérin, président de l’ETI industrielle Cetih — Photo : CETIH

Renforcement de l’outil industriel

Ces investissements portent, pour l’essentiel, sur l’extension de 6 000 m² du site de Machecoul dédié aux portes aluminium, l’augmentation des capacités de production des fenêtres alu, ainsi que celle des portes en bois et en métal à Roanne (42). Le programme inclut également la finalisation de la nouvelle ligne de production de panneaux photovoltaïques dans l’usine Systovi, à Carquefou, qui a bénéficié de 1, 8 million d’euros d’investissement. En revanche, il faudra encore attendre pour la mise en place de la seconde ligne de production. Celle-ci s’inscrit dans le cadre du projet Bélénos, associant Systovi et l’alsacien Voltec, et visant à faire émerger un géant français du solaire, avec une capacité de production de 1 gigawatt par an. Systovi est actuellement en capacité de produire de 50 à 60 mégawatts chaque année.

Projet solaire en attente de financements

L’aboutissement du projet, qui représente un investissement d’une quinzaine de millions d’euros, est subordonné à un soutien public. "Sur le plan réglementaire, les discussions sont bien avancées avec les pouvoirs publics pour différencier nos panneaux solaires bas carbone des panneaux réalisés en Chine. Mais il faut passer par une validation européenne. Concernant le financement de ce projet d’envergure et de long terme, il n’est pas encore bouclé. Nous sommes en discussion avec la région des Pays de la Loire, le ministère de l’Industrie, l’Ademe, Bpifrance… ", indique François Guérin.

Parallèlement, Cetih a racheté l’entreprise mayennaise Bignon (140 salariés, 20 M€ de CA) qui produit des fenêtres bois et mixtes (bois-alu). "Cette acquisition vient compléter notre offre fenêtre PVC et alu. Elle nous permet également d’intégrer un matériau biosourcé, bas carbone et renouvelable qui représente l’avenir", commente le dirigeant.

59 % des salariés au capital

Par ailleurs, Cetih qui a adopté le statut d’entreprise à mission à l’été 2021, a réorganisé son capital et sa gouvernance pour dérouler sa feuille de route, en accord avec sa raison d’être : "s’engager pour une entreprise et un habitat harmonieux, durables et tournés vers l’humain". "Depuis une dizaine d’années, nous avions une démarche RSE forte et stimulante. Notre nouveau statut est encore plus exigeant. Il nous oblige à penser autrement, à faire différemment pour poursuivre notre activité tout en diminuant notre impact de 50 % d’ici 2030", avance François Guérin. Dans ce contexte, l’actionnariat salarié, mis en place depuis 2005, a été étendu, via une souscription qui a permis à 715 collaborateurs de l’entreprise, soit 59 % des effectifs, de devenir actionnaires de Cetih. Désormais, les salariés et la direction détiennent 33 % du capital.

Le groupe Cetih produit des portes d’entrée, des fenêtres et des solutions solaires dans ses sept sites industriels — Photo : Caroline Scribe

Un fonds de dotation philanthropique

Pour permettre cette opération de recapitalisation, Yann Rolland, qui possédait 50 % du capital de Cetih, a cédé 40 % de ses titres à un fonds de dotation philanthropique qui devient actionnaire à hauteur de 35 %. Les dividendes perçus par ce fonds, présidé par Yann Rolland, seront affectés au mécénat et à des associations solidaires. "Le fonds de dotation est un modèle encore rare en France, une quinzaine d’entreprises seulement s’y sont engagées et encore moins d’ETI industrielles comme nous. C’est pourtant un modèle qui permet d’assurer la stabilité du capital au moment de la transmission et la pérennité de l’entreprise, tout en finançant des projets philanthropiques", pointe François Guérin qui a pris, à cette occasion, la présidence du groupe. Trois fonds d’investissement, sélectionnés pour leur alignement sur la stratégie et le modèle de développement de l’entreprise, ont également rejoint le projet. Ils détiennent les 32 % de titres restants. "Nous avons choisi Ouest Croissance, un fonds régional et partenaire historique de Cetih pour l’ancrage local, Quadia, un vrai fonds à impact, engagé pour une économie responsable et Tikehau T2 Energy Transition, investisseur principal, spécialisé dans la transition énergétique", énumère François Guérin.

Tensions sur les matériaux et l’emploi

L’entreprise est ainsi en ordre de marche pour poursuivre sa croissance, qu’elle veut vertueuse et durable, sur un marché porteur. Sur son exercice clos en août 2021, Cetih a réalisé un chiffre d’affaires de 225 millions d’euros, contre 200 millions d’euros avant la crise. "Le marché est dynamique, notamment en rénovation. Il est alimenté par la rénovation de maisons anciennes, les flux migratoires importants vers l’ouest de la France, la rénovation énergétique ou encore les extensions de maisons en lien avec le télétravail", analyse le dirigeant. Ce dernier ne se risque pas toutefois à faire des prévisions de chiffre d’affaires pour 2022 en raison de l’existence de plusieurs freins. Le premier porte sur la pénurie de main-d’œuvre, un vrai défi pour Cetih qui a planifié 162 embauches en 2022. le second est lié à la pénurie de matières premières qui, entre hausse des prix et allongement des délais, suscitent l’attentisme chez les particuliers et désorganise les chaînes de production. "Nous vivons une vraie mutation. Nous avons basculé d’un monde du pétrole à un monde du métal avec le passage à l’électrique, aux objets connectés… Pour moi, nous sommes durablement entrés dans un cycle de coûts élevés qui nous oblige à revoir nos modèles en travaillant sur la durabilité des produits, leur recyclabilité et la recherche de matériaux biosourcés, moins énergivores et plus disponibles, comme le bois. Sur le plan humain, être une entreprise à mission fait sens. C’est aussi un élément différenciant qui peut attirer des candidats", conclut François Guérin.

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