
"Nous prenons part au projet depuis le début, il y a 10 ans. La réglementation a donc évolué en même temps que ce premier chantier éolien offshore français". Jacques Matillon, PDG de Bureau Veritas Construction, contemple avec fierté les 80 éoliennes qui sortent de l’eau au large du Croisic. Durant cette décennie, la société parisienne Bureau Veritas (82 000 employés dont 8 000 en France, CA 5,7 Md€) a encadré le chantier du parc éolien de Saint-Nazaire de la conception (design), à la fabrication, jusqu’à l’installation. Mais l’entreprise, qui a inauguré l’année dernière un nouveau pôle d’excellence à Saint-Herblain accueillant 360 salariés, n’en a pas fini pour autant. Depuis fin 2022, et la mise en exploitation du parc, l’entreprise poursuit ses missions d’audit pour assurer la sécurité des édifices. "Nous nous positionnons en tiers de confiance. Nous vérifions les installations techniques, avec par exemple une inspection régulière des pales. Nous avons aussi une mission de conseil en qualité et sécurité, en plus d’un service de formation en sécurité", témoigne David Carle, vice-président de Bureau Veritas Exploitation. Le parc éolien a mobilisé au total une cinquantaine de salariés de l’entreprise. "Les contrôles de la phase actuelle d’exploitation réquisitionnent entre 3 et 5 personnes", ajoute David Carle.
Des recrues du secteur pétrolier
Bureau Veritas avait déjà encadré des chantiers éoliens offshores ailleurs dans le monde, notamment sur les côtes allemandes, mais Saint-Nazaire reste le premier de l’Hexagone. "Nous avons dû faire venir des compétences métiers que nous n’avions pas en France. La majeure partie de nos recrutements était des profils issus du secteur pétrolier, notamment pour la partie sécurité", ajoute Jacques Matillon. Durant le chantier de Saint-Nazaire, Bureau Veritas a créé, en lien avec EDF, un recueil réglementaire spécifique à la France et aux chantiers offshores. "La plupart des textes précédents ne s’appliquaient qu’aux parcs terrestres. Il fallait donc identifier les manques au fur et à mesure de l’avancée du chantier, et les adapter", ajoute Jacques Matillon. Pour intervenir en mer, chaque salarié suit ainsi une formation d’une semaine. "Ce travail ne sera plus à effectuer pour les autres chantiers". Bureau Veritas considère ainsi ces années comme une phase d’apprentissage, qu’il va mettre à profit des autres parcs français, pour accélérer les processus de certification.
Les éoliennes flottantes en ligne de mire
À ce jour, Bureau Veritas est impliqué sur tous les projets de parc éolien français (Saint-Brieuc, Fécamp, Yeu-Noirmoutier, etc.). "Le futur parc au large de Fécamp aura des fondations en béton posé. Il faut donc assurer le coulage en béton à terre, et bien définir le transport de ces blocs, ce qui ajoute une complexité par rapport au chantier nazairien", ajoute Jacques Matillon. Le groupe est désormais dans les starting-blocks, et attend en parallèle l’émergence de parcs d’éoliennes flottantes, dont les premiers appels d’offres ont été émis. "De par notre expérience dans le Oil & Gas, notre service marine et offshores possède aussi les capacités de suivre ces projets".