Nantes
BNP Paribas Real Estate : « Ce n'est pas encore la mort du bureau »
Interview Nantes # Immobilier # Investissement

Christine Serra directrice Centre Ouest de BNP Paribas Real Estate  BNP Paribas Real Estate : « Ce n'est pas encore la mort du bureau »

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Nantes est la cinquième métropole française sur le marché de l’immobilier tertiaire. Et malgré la crise du Covid qui rebat les cartes, pour Christine Serra, directrice de la région Centre Ouest chez BNP Paribas Real Estate, les besoins en bureaux vont demeurer. Mais il faudra songer à les réadapter.

Christine Serra, de BNP Paribas Real Estate : "Il faut réfléchir au bureau de demain, ce qui ne veut pas dire stopper la construction." — Photo : BNP Paribas

Crise du Covid, confinement, incertitude sur les plans sanitaire et économique : comment se porte le marché de l’immobilier tertiaire à Nantes et dans sa métropole ?

Sur les neuf premiers mois de 2020, Nantes Métropole conforte sa 5e place des marchés régionaux (1). Un léger redressement se constate sur ces trois derniers mois : nous étions à -40 % au premier semestre par rapport à celui de 2019 et nous sommes, à fin octobre, à -35 %. Ce qui représente 54 000 m2 de bureaux en transaction de janvier à septembre, pour 83 000 m2 sur la même période l’an passé. Tout s’est arrêté pendant quasiment trois mois et, c’est une évidence, on ne les rattrape pas comme ça. Mais on peut dire que le marché de l’immobilier tertiaire est en phase de redémarrage.

Nantes fait-elle mieux ou moins bien que les autres grandes métropoles (Lille, Bordeaux, Toulouse, Lyon et Aix-Marseille) sur ces neuf premiers mois ?

Les six métropoles (Nantes inclus, NDLR) sont à -42 % pour -35 % à Nantes, ce n’est donc pas la catastrophe.

Quel secteur souffre le plus ?

C’est surtout le neuf qui a été impacté avec une baisse de 60 % des transactions. D’une part car le neuf concerne souvent des grandes transactions et ce sont elles qui ralentissent habituellement en premier en période de crise. D’autre part et surtout, nous sommes en pénurie d’offres neuves en centre-ville de Nantes. Ce n’est pas nouveau, nous avions annoncé ce manque dès 2019, cette pénurie se confirme en 2020, et ce sera sûrement encore le cas en 2021 et 2022.

Cette pénurie touche-t-elle uniquement le centre-ville nantais ?

Si l’on regarde le stock au global de neuf, il a augmenté mais en périphérie. L’offre neuve est à son plus haut niveau, mais elle est concentrée sur le secteur ouest de l’agglomération, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Il faut savoir que le marché du centre-ville représente 40 % du marché global nantais.

Les loyers évoluent-ils en conséquence ?

Pour l’instant, en cette période dite de crise, les loyers dans le neuf ne sont pas en baisse (185 euros le m2 en moyenne en centre-ville pour le neuf, NDLR). Le loyer de seconde main, en centre, progresse lui fortement (180 €/m2). Ce qui veut dire que l’on se reporte vers le "seconde main", où l’offre n’est pas non plus abondante et qui concerne en premier lieu les petites et moyennes surfaces.

Des implantions ont-elles échoué à cause de la pénurie de neuf dans le centre ?

C’est difficile de répondre car les grandes opérations sont toujours un peu longues, donc soumises à des hauts et des bas. Certaines sont certes stoppées mais d’autres sont simplement reportées. Et tous les salariés ne sont pas revenus au bureau, ce qui pose des questions sur le nombre de mètres carrés exact dont on aura besoin demain.

Avec la crise du Covid, le recours au télétravail va s’amplifier. Les cartes seront-elles rebattues sur le marché de l’immobilier tertiaire ?

Ce sont des questions qui passionnent. Je pense qu’on n’en verra pas l’impact avant deux ou trois ans. Il y a de nombreuses réflexions qui émergent : comment organiser le travail en fonction des secteurs d’activité ? Est-ce qu’il y aura réellement un impact direct sur les mètres carrés ou faudra-t-il réaménager les bureaux ? Quelles conventions seront mises en place avec les salariés ?

Il faut réfléchir au bureau de demain, ce qui ne veut pas dire stopper leur construction. Ce n’est pas la mort du bureau comme on l’entend. Il y aura des besoins quand vous télétravaillez, c’est-à-dire un bureau réadapté aux nécessités de travailler en groupe, des espaces de tailles différentes, plusieurs modèles de salles de réunion, de lieux adaptés à la réflexion… Il faudra réaménager les bureaux puisque le besoin de collectif sera davantage marqué par le télétravail.

Malgré le contexte, qu'en est-il des gros projets de déménagement du siège social du groupe Réalités (155 M€ CA 2019, 280 salariés) à Saint-Herblain sur 6 000 m2, et du transfert du site de One Point à la Chapelle-sur-Erdre sur 3 000 m2 dans le centre de Nantes ?

Oui. One Point cherchait à se rapprocher du centre car il y a un attrait des collaborateurs de l’entreprise pour tous les services du cœur de ville, pour la mobilité douce largement prônée actuellement. Quant à Réalités, le groupe déménage son siège et réunit ses entités sur un immeuble de seconde main qui a onze ans d’âge, sur la ZAC Armor.

(1) Lyon : 162 000 m2 transactés sur les 9 premiers mois ; Lille : 94 000 m2 ; Bordeaux : 90 000 m2 ; Aix-Marseille : 83 000 m2 ; Nantes Métropole : 54 000 m2.

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