
Plus des trois quarts des salariés ont accepté de quitter Toulouse pour Nantes. Une migration volontaire qui ne surprend pas Luc Reinhard, responsable marketing d’Airseas. "En janvier 2019, nous n’étions que 15 salariés dans l’entreprise, explique-t-il. Et puisque nous voulions déjà déménager à Nantes, les 65 personnes qui ont rejoint l’entreprise entre-temps, savaient, dès leur premier entretien d’embauche, qu’elles auraient à s’installer là-bas. Nous sommes désormais implantés sur plus de 5 000 m², dans le Bas Chantenay à Nantes. C’est un quartier que nous souhaitons, à terme, voir se transformer en nouveau pôle maritime".
Un moment, l’entreprise songeait à s’installer à Machecoul. Mais toutes les conditions d’une implantation réussie n’étant pas réunies, l’ancrage s’effectuera finalement à Nantes. Un choix somme toute assez logique : il permet, grâce à la Loire, un accès direct à la mer… tout en restant proche de l’un de ses actionnaires : Airbus.
Un cargo à voile reliera Saint-Nazaire aux USA
"La SAS Airseas, soutenue par l’Ademe et les Régions Occitanie et Pays de la Loire, est détenue majoritairement par les salariés, précise Luc Reinhard. Airbus est actionnaire de l’entreprise à hauteur de 10 % mais il est aussi notre premier client. Fin 2021, nous aurons équipé l’un de ses navires qui transportera des pièces d’avion entre Saint-Nazaire et la ville de Mobile située au nord du golfe du Mexique, en Alabama".
Le cargo de 150 mètres de long, propriété de Louis Dreyfus Armateur, opéré par Airbus, sera le premier navire équipé avec le système SeaWing, une voile de 500 m² mise au point par Airseas qui tirera le navire un peu à la manière d’un parapente ou d’un kitesurf. Objectif : économiser du carburant et réduire, dans les mêmes proportions, les émissions en CO2.
En juin 2019, l’entreprise a également signé un contrat avec l’armateur japonais K-Line (Kawasaki Kisen Kaisha). Il s’agira d’installer, l’été prochain, sur un vraquier de 300 mètres de long, l’ensemble du système de propulsion à vent : voile, mât, logiciels de contrôle et de routage… Pour cela, Airseas travaille en partenariat avec MaxSea (Pyrénées-Atlantiques), spécialisé dans les logiciels de cartographie, l’architecte naval LMG Marin (Toulouse) ainsi que l’entreprise de conception de parapentes Nervures (Pyrénées-Orientales).
200 emplois et une ambition…
"Nous sommes d’ores et déjà en discussion avec K-Line pour équiper un deuxième vraquier avec option d’achat de systèmes supplémentaires pour 50 autres de leurs navires", poursuit Luc Reinhard.
"Notre technologie permet une réduction en moyenne de 20 % de consommation de fuel et d’émission de gaz à effet de serre", expliquent les cofondateurs d’Airseas, Vincent Bernatets, actuel président, et Benoit Gagnaire, directeur technique. "A titre d’exemple, un tanker de plus de 300 mètres équipé de notre technologie permettrait une réduction annuelle de plus de 11 000 tonnes de CO2, précisent-ils. L’enjeu est d’autant plus important que le secteur maritime représente, à lui seul, 3 % des émissions mondiales de CO2."
Fondée voici seulement cinq ans, Airseas souhaite atteindre un effectif de 200 salariés d’ici la fin 2022. Parmi les recrutements en cours : ingénieurs, responsables de prototype, informaticiens… De quoi amorcer l’ambition de l’entreprise. À terme, elle espère équiper plus de 15 % de la flotte commerciale mondiale. Soit environ 8 000 navires…