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Atlanpole Biotherapies veut plus de financements et moins de réglementations pour les biotechs
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Atlanpole Biotherapies veut plus de financements et moins de réglementations pour les biotechs

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Si la crise sanitaire a fait office de révélateur pour plusieurs biotechs innovantes du pôle Atlanpole Biotherapies à Nantes, elle a aussi mis en lumière plusieurs points faibles, parmi lesquels un manque de financement et un processus administratif long et compliqué.

Les biotechs nantaises manquent de financements pour se transformer en licornes — Photo : Valneva

En forte croissance, le pôle de compétitivité Atlanpole Biotherapies, à Nantes, fédère aujourd’hui 220 membres en Pays de la Loire, Bretagne et Centre-Val de Loire. Ces entreprises sont elles-mêmes en croissance, puisqu’elles ont levé 300 millions d’euros en six ans. 30 projets collaboratifs ont été labellisés en 2020, un chiffre déjà atteint cette année.

11 lauréats de France Relance

À la faveur de la crise sanitaire, plusieurs sociétés du pôle se sont distinguées dans la course pour trouver un traitement ou des vaccins contre le Covid-19, même si leurs efforts n’ont pas encore abouti : Valneva, Osé Immunotherapeuthics ou encore Xenothera. Par ailleurs, sur 50 projets lauréats du Plan de relance dans la santé, 11 sont situés dans l’Ouest : Affilogic, Algosource, Clean Cells, Goliver, i-Sep, Naogen Pharma... En l’absence de "big pharmas", l’innovation est essentiellement portée par des PME, issues de la recherche en sciences de la vie et positionnées dans la troisième ère de la médecine, c’est-à-dire, après la chirurgie et la chimie, celle des biothérapies", décrit Florence Halloin, directrice du pôle.

L’enjeu de l’accélération

Tout l’enjeu pour le pôle consiste précisément à accélérer ces biotechs pour en faire les licornes de demain, alors que la crise sanitaire a révélé les insuffisances de l’écosystème français. "Sur huit vaccins en Europe, six sont nés dans les biotechs. L’innovation ne vient pas forcément de l’Institut Pasteur ou des grands groupes. Nous avons la capacité, via les incubateurs, de transformer notre recherche d’excellence en entreprises innovantes. La question est de savoir comment les accélérer pour en faire les Moderna ou les Eurofins de demain", pointe Jean-François Balducchi, délégué général d’Atlanpole. Les freins à lever sont doubles. Le premier porte sur le financement, notoirement insuffisant en Europe, si on le compare aux sommes mises sur la table par l’agence américaine Barda pour soutenir les projets de vaccins anti-covid. "Il faut disposer en France de tous les maillons de la chaîne permettant d’aller du concept au patient. Actuellement, une société française peut lever facilement 10 millions d’euros pour aller jusqu’à la preuve de concept. Mais dès que l’on arrive aux phases humaines, il est très difficile de rassembler les 100 millions d’euros nécessaires", déplore Maryvonne Hiance, cofondatrice d’Osé Immunotherapeutics.

L’usine que Naobios n’a pas pu financer

La société Naobios (basée à Saint-Herblain) du groupe Clean Biologics illustre cette difficulté. "Pendant la crise sanitaire, nous avons eu des discussions avec l’État pour produire environ 50 millions de lots de vaccins anti-Covid. Une telle production aurait nécessité de construire un site représentant un investissement de 100 millions d’euros. Nous n’avons pas réussi à trouver un partenaire bancaire prêt à financer le projet. Il aurait fallu que l’État s’engage et prenne le risque", témoigne Olivier Boisteau, vice-président du groupe vendéen. L’autre frein à lever porte sur les procédures réglementaires et administratives, particulièrement longues en France. Pour résoudre ces problèmes, Maryvonne Hiance milite pour des procédures européennes unifiées et simplifiées, ainsi que la création d’une agence européenne, à l’image de la Barda américaine, disposant de plusieurs centaines de millions pour financer les projets innovants.

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