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Argilus, le futur colosse soutenu par Bercy
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Argilus, le futur colosse soutenu par Bercy

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Citée en exemple par Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, la briqueterie de Chaillé-sous-les-Ormeaux prépare sa mutation industrielle. Elle ouvre une nouvelle usine près de la Roche-sur-Yon l'an prochain, avant d'inonder les marchés du Moyen-Orient.

— Photo : JDE

« Dans trois ans, la taxe carbone va arriver et tous les acteurs industriels vont se rendre compte qu'utiliser le ciment leur coûtera très cher... Et nous, on sera là », sourit Julien Blanchard. Lui et son innovation, HP2A, qui solidifie l'argile et le rend aussi dur que du béton armé. Un enduit qui peut remplacer le ciment, avec en prime un bilan carbone 10 à 15 fois moindre. C'est ce que l'entrepreneur explique à Emmanuel Macron alors ministre de l'Économie, en visite dans le département. Depuis que le procédé a été breveté, il y a un an, Julien Blanchard est suivi de très près par Bercy. Il faut dire que l'enjeu est considérable. La petite briqueterie de 15 salariés qui réalise 2 millions de chiffre d'affaires pourrait bien devenir à terme le fournisseur de tous les acteurs du BTP au Moyen-Orient. Rien que ça. Pour développer son produit écologique, elle a besoin du sable que l'on trouve dans le désert des pays du Moyen-Orient. Et, le hasard fait bien les choses, c'est justement là que se monte tous les plus gros projets de construction en ce moment.

Une usine de 5.000 m² à La Roche-sur-Yon en 2017

Le ministère de l'Économie a bien flairé l'enjeu industriel pour l'entreprise mais aussi pour le pays. « Le conseiller Innovation d'Emmanuel Macron m'a contacté en mars dernier. Il a pris en main notre dossier, il le suit de façon très précise. Il nous aide à monter les dossiers nécessaires pour obtenir des financements. On a obtenu des aides à l'embauche pour l'année prochaine », raconte Julien Blanchard. Le projet est classé dans la catégorie « projet d'investissement d'avenir français ». Un dossier vient d'être déposé à l'Ademe le 29 août. Le PDG demande aussi de l'aide au niveau européen. « C'est clair que ce soutien du gouvernement ouvre des portes, ça accélère le processus », explique Julien Blanchard. Une aide qui lui permet de faire construire dès l'an prochain une usine près de la Roche-sur-Yon, un « petit » pilote industriel de 5.000 m² qui va tout de même demander 6 à 8 millions d'euros d'investissement. Celui qui a repris la briqueterie Gillaizeau il y a 10 ans, alors qu'il n'avait que 25 ans, sait qu'il faut consolider les fondations avant d'ériger des murs. Avant de voir grand, très grand...

Cité en exemple par Emmanuel Macron

Pour grandir vite, Julien Blanchard peut compter sur ses tuteurs, en quelque sorte : Total, Michelin et Airbus lui ont accordé un prêt à taux zéro. Une aide complètement intéressée explique Dominique Gueudet, délégué Ouest pour Total développement régional : « on pourra le soutenir à l'internationalisation puisqu'il aura besoin des sables des déserts du Moyen-Orient, dans des pays que loin connaît bien. On pourra le mettre en relation avec des clients potentiels, des industriels ». L'objectif c'est d'être prêt pour ces marchés monstres d'ici trois ans. L'entreprise réalise déjà 30 % de son chiffre d'affaires à l'export. Une réussite qu'Emmanuel Macron cite comme exemple. « On ne fait rien industriellement sans des talents et de l'enthousiasme. Quand vous avez un entrepreneur (comme Julien Blanchard) qui croit dans son projet, dans son territoire, et qui est prêt à prendre des risques, vous avez les clés de la réussite en France », déclarait-il en tant que ministre de l'Économie, en visitant la briqueterie de Chaillé-sous-les-Ormeaux.

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