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Akryvia invente un nouveau procédé pour découper le métal
Nantes # Industrie # Innovation

Akryvia invente un nouveau procédé pour découper le métal

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Jusqu’à présent les industriels de la construction métallique avaient le choix entre deux technologies pour la découpe des tôles : le laser ou le plasma. La jeune société nantaise Akryvia finalise actuellement une nouvelle solution de découpe brevetée par jet de plasma combinant les performances des deux.

Akryvia développe une technologie de découpe des matériaux par plasma ultra-intense — Photo : Akryvia

Pour construire un paquebot géant, les Chantiers de l’Atlantique doivent découper 45 000 tonnes de tôles d’acier. L’opération, qui s’étale aujourd’hui sur un an, pourrait à l’avenir être ramenée à neuf mois grâce à la solution mise en œuvre par Akryvia. La start-up nantaise créée en 2015 conçoit et développe des outils de découpe des métaux, un enjeu majeur pour les industriels de la construction métallique « Jusqu’à présent, les industriels avaient le choix entre deux technologies : le laser, précis mais cher, ou le plasma, quatre fois moins cher, mais aussi quatre fois moins précis. Nous avons conçu une solution qui a la précision du laser, associée à la productivité et au niveau de coût du plasma actuel », affirme Frédéric Camy-Peyret, dirigeant fondateur de la société Akryvia (5 salariés), hébergée à l’École Centrale de Nantes, où elle a développé son démonstrateur.

Innovation industrielle

« Nous avons réussi à intensifier le jet de plasma pour atteindre une température de 30 000 degrés Celsius, soit six fois la température à la surface du soleil. Ce plasma est envoyé sous la forme d’un jet à très haute vitesse (15 000 km/h) qui, lorsqu’il touche une plaque de métal, la fait fondre. La densité de puissance de notre jet de plasma atteint 10 milliards de watts par mètres carrés, d'où sa précision, deux fois plus fine que le meilleur des plasmas. Nous sommes les seuls au monde à savoir faire cela », revendique le dirigeant. Celui-ci souligne : « Nous sommes dans une démarche d’innovation deeptech par la connaissance. Ce sont les progrès de la science, notamment ceux des outils de simulation, qui ont permis de développer ce procédé de rupture pour la découpe des matériaux ». Pour l’heure, Akryvia a déposé trois brevets, et d’autres sont en cours de dépôt, pour protéger sa solution. Se présentant sous la forme d’une torche, cette-ci viendra équiper des machines ou cellules automatisées de découpe de matériaux. Elle est actuellement codéveloppée avec deux industriels, dont Les Chantiers de l’Atlantique, qui ont d’ores et déjà annoncé leur intention de passer commande dès qu'elle serait disponible sur le marché. Ce qui devrait demander encore 12 à 18 mois.

Ambitions mondiales

« Notre ambition est de devenir un acteur de dimension mondiale sur le marché de la machine-outil de découpe pour la tôlerie. Il s’agit d’un marché à plusieurs milliards d’euros, à forte valeur ajoutée sur lequel l’innovation est une carte maîtresse », annonce Frédéric Camy-Peyret. Pour industrialiser sa technologie, l’entreprise a levé 2,1 millions d’euros, dont 900 000 euros en fonds propres apportés par Go Capital Amorçage, Atlantique Vendée Innovation, Pays de la Loire Innovation et deux business angels, qui rejoignent au capital le fondateur et Centrale Innovation. L’entreprise est également soutenue par Atlanpole, Réseau Entreprendre Atlantique, Total Développement, Airbus… « J’habitais Paris mais j’ai créé à Nantes pour profiter de la Manufacturing Valley. Le jeu à la nantaise, je l’ai vécu, chaque acteur apportant sa pierre à l’édifice », se réjouit le dirigeant qui prévoit cinq recrutements cette année et une dizaine l’année suivante.

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