Adrien : Le groupe nantais accélère sa diversification

Adrien : Le groupe nantais accélère sa diversification

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Il y a cinq ans, le turbot et les crevettes portaient le groupe Adrien. Aujourd'hui, l'entreprise investit dans l'ostréiculture, le calamar et le négoce international.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Changement de cap pour le groupe Adrien. Cette entreprise bouguenaisienne, créée en 1957 par Michel Adrien et aujourd'hui dirigée par son fils René, accélère sa diversification. Il y a dix ans, le groupe était surtout connu pour l'élevage de turbots et la transformation de crevettes. S'il reste encore positionné dans la reproduction de ce poisson plat, René Adrien estime que cette activité ne va pas progresser, concurrence espagnole oblige. Quant aux crevettes, le groupe s'en est tout bonnement séparé. En 2007, l'usine Adrimex de Bouguenais est cédée à l'Islandais Alfesca. En 2009, l'activité de pêche au Sénégal (Sopasen) est vendue à un armateur local. Pour assurer son développement, le groupe mise aujourd'hui sur le lancement d'une activité de négoce international (lire ci-dessous), l'ostréiculture et ses activités péruviennes.

Vers le milliard de naissains
Cela fait cinq ans que le groupe Adrien s'est lancé sur le marché de l'huître, en s'appuyant sur le savoir-faire acquis dans la production de turbots. Alors que l'élevage d'huîtres se spécialise en fonction du cycle de vie du mollusque, l'entreprise bouguenaisienne investit le marché de l'écloserie/nurserie (à Noirmoutier) et du pré-grossissement (dans le Languedoc-Roussillon). Elle vient d'injecter quelques centaines de milliers d'euros pour accroître les capacités de production de son site vendéen. Troisième producteur de naissains d'huîtres français avec 400millions d'unités cultivées chaque année, René Adrien devrait porter ce chiffre à 700millions en 2011 et à un milliard en 2013. Au niveau du pré-grossissement, l'entreprise compte sur un partenariat avec un ostréiculteur breton pour doper ses ventes. «On va progresser dans l'huître, qui va représenter 3,4M€ de chiffre d'affaires en 2010, c'est-à-dire un peu plus que ce que nous réalisons avec le turbot. L'huître est un marché qui se porte bien, qui passe très bien les crises et qui va se démocratiser», assure René Adrien. La profession doit pourtant faire face à une crise de production, les huîtres de l'Atlantique souffrant d'un taux de mortalité anormalement élevé. En s'associant avec trois autres écloseurs au sein de SFC (Noirmoutier), société qui opère une sélection des huîtres les plus résistantes, le groupe compte enrayer le phénomène dans les trois ans.

2M€ investis au Pérou
L'autre grand axe de développement d'Adrien, c'est le Pérou. Une des plus grandes zones de pêche du monde et un pays qui a multiplié son PIB par trois en quinze ans. Le groupe y a positionné des bateaux au début des années 1990. Il y pêche toujours 7.000 tonnes de merlus par an. Le Nantais y transforme le double de produits de la mer dans une usine de douze hectares, créée en 1998 et qui emploie près de mille personnes, principalement des journaliers. On y transforme du merlu, on y fabrique aussi depuis quelques années du surimi à partir de calamar géant et d'anchois ainsi que de la farine pour l'aquaculture. 99% de la production de l'usine est exportée auprès d'industriels de l'agroalimentaire. Le groupe va investir 2M€ en2011 et2012 dans ce site pour porter sa capacité annuelle de production de 14.000 à 20.000 tonnes. Il s'apprête aussi à lancer sur le marché son premier produit élaboré en propre, une saucisse à base de surimi d'anchois, élaborée avec un institut de recherche péruvien. Le produit sera commercialisé au Pérou en 2011, et un an plus tard en France, le temps de le mettre au goût du marché européen.

«Nos marchés sont repartis»
Très perturbé par la crise, à cause de l'effondrement de la demande en provenance d'Ukraine, de Russie et du Japon, le groupe Adrien, qui réalise plus du tiers de son chiffre d'affaires à l'international, se porte aujourd'hui beaucoup mieux. «Cette année, tous nos marchés sont repartis à la hausse», indique le dirigeant qui a pu compter sur le soutien d'Oséo pour restructurer son haut de bilan. «Notre axe principal pendant la crise a été une stratégie de diversification commerciale, avec le renforcement de nos équipes à Bouguenais», poursuit René Adrien. Après 44millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009, celui-ci espère que cette stratégie de diversification contribuera à porter les revenus du groupe familial à 60millions d'euros en 2010 et à 70millions en 2011.

Groupe Adrien

- Bouguenais - Président: René Adrien - 283 salariés permanents - 41M€ de CA en 2009 - 02 40 05 25 01