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Zeiss : L'usine de Fougères de verres ophtalmiques sort du flou
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Zeiss : L'usine de Fougères de verres ophtalmiques sort du flou

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Le fabricant allemand d'optiques a réinvesti 1,5 millions d'euros dans son usine bretonne, redevenue compétitive après sa restructuration. L'horizon s'éclaircit jusqu'à 2019, grâce à un nouveau marché avec le réseau Santéclair et un produit innovant pour l'automobiliste.

Photo : LeeChangmin - Pixabay CC0

La perte de 208 des 528 emplois de Carl Zeiss en France - dont 117 à l'usine bretonne du fabricant allemand d'optiques - avait traumatisé Fougères, en 2013. Même Nicolas Sériès, le directeur général de la division France - l'une des six du groupe au monde - parle encore de « tsunami » et de situation « apocalyptique ». Ce plan social sans précédent était dû à la perte non anticipée, sur appel d'offres, d'un gros client représentant plus de la moitié du business à l'époque : le réseau GrandVision (GrandOptical et la Générale d'Optique). « Ce qui a entraîné une perte de chiffre d'affaires de 56 % entre 2013 et 2014. »

« Sortis du rouge et à nouveau profitable »

Il reste aujourd'hui 320 salariés à Fougères et l'usine qui taille les verres pour le marché français exclusivement retrouve progressivement la vue. « Nous sommes sortis du rouge, l'entreprise est à nouveau en croissance et profitable », explique Nicolas Sériès. Son enthousiasme est notamment dû à un nouveau référencement des verres Zeiss, pour quatre ans (jusqu'à mi-2019), cette fois dans le réseau de soins Santéclair. Ce dernier « agrège » 8,5 millions de Français et 3.000 opticiens à travers des mutuelles partenaires comme MMA, la Maaf, Alliance, les mutuelles d'Air France, d'Apple, d'Ikéa...

Un millier de points de vente supplémentaires

« Cela nous a permis de pouvoir toucher 1000 nouveaux points de vente et de nouveaux clients dont le nombre a augmenté de 50 %. Du coup, nous avons pu augmenter notre production de 25 %, de 2014 à fin mai 2015. Et notre chiffre d'affaires est reparti à la hausse de 28 %. C'est nettement plus que ce que l'on avait prévu dans nos plans, sur un marché national de l'optique à zéro, voire en légère baisse », note Nicolas Sériès qui a investi 1,5 millions d'euros à Fougères en 2014 (dont 189 000 € de subventions des collectivités), dans la réorganisation et la modernisation de l'outil de production, avec une nouvelle salle de contrôle qualité. « Cela nous permet aussi d'envisager de nouveaux investissements dans le renouvellement d'équipements... », ajoute-t-il sans en dire davantage. Les budgets seront décidés cet été.

La production remontée de 2 800 à 3 500 verres par jour

À Fougères, Zeiss prévoyait de « revenir à l'équilibre en 2015 et à la profitabilité en 2016 »... D'après ses calculs, l'entreprise a gagné près de deux ans. « Nous sommes dans la situation espérée à fin 2016... » La production quotidienne, tombée de 5 800 au plus fort à 2 800 verres, est remontée à 3 500 verres aujourd'hui. Là encore, il s'agissait des volumes prévus en 2016. Du coup, 21 postes mis au chômage technique peuvent être réactivés et pérennisés. Certes, ce ne sont que 10 % des effectifs perdus il y a deux ans... Certains salariés ont pu rebondir et être reclassés dans d'autres entreprises. Six d'entre eux ont ainsi été recrutés par ST Microelectronics à Rennes, grâce notamment à des partenariats stratégiques. « Nous avons formé toutes les équipes opérationnelles au lean », explique Xavier Médard, du cabinet Sens & Co.

Innovations : du jamais vu !

Le nouveau contrat décroché avec Santéclair n'explique pas à lui seul le retour au succès. « Nous introduisons aussi à Fougères toutes les innovations du groupe (Ndlr, 10 % du CA en R & D et deux brevets déposés par jour) et nous avons pris le leadership sur le marché français », souligne Nicolas Sériès. Ses parts de marché étaient tombées à 7 % mais remontent en flèche : « Nous visons les 20 %. » Pour cela, Zeiss mise sur le dernier né de la marque : le verre DriveSafe, « optimisé pour la conduite ». Ce verre innovant permet de réduire l'éblouissement des phares la nuit, notamment ceux au xénon, mais aussi les aberrations liées aux mauvaises conditions météo. Du jamais vu d'après ses utilisateurs ! À grands renforts de campagnes médias et de marketing, Zeiss qui ne travaille qu'en B to B veut toucher le grand public. Une première. Objectif : convaincre le client final de réclamer à son opticien ces verres spéciaux fabriqués essentiellement en Bretagne. Des perspectives plus claires pour Fougères.

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