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Yann Bucaille Lanrezac, le dirigeant des Cafés Joyeux donne sa chance à la différence
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Yann Bucaille Lanrezac, le dirigeant des Cafés Joyeux donne sa chance à la différence

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Yann Bucaille Lanrezac est le fondateur des cafés Joyeux, des coffee-shops qui emploient des personnes en situation de handicap cognitif ou mental à Rennes et Paris. Une aventure entrepreneuriale d’un nouveau genre pour le dirigeant du groupe Émeraude, qui ne manque pas d’idées pour développer encore davantage le modèle.

— Photo : Jean-Luc Toublanc

Il arrive dans le café, situé dans une petite rue piétonne de Rennes, comme s’il rentrait à la maison. Yann Bucaille Lanrezac salue tout son petit monde avec chaleur et répond avec enthousiasme aux sollicitations des équipiers qui l’entourent. Le chef d’entreprise de 50 ans ne boude pas son plaisir : depuis qu’il a lancé le premier café Joyeux à Rennes en décembre 2017, puis un second à Paris en mars 2018, cette aventure entrepreneuriale l’absorbe presque entièrement.

L’idée était originale : créer des coffee-shops en plein cœur de ville, qui emploient essentiellement des personnes autistes ou trisomiques. Aujourd’hui, 26 cuisiniers et serveurs sont employés en CDI dans les deux cafés, encadrés par cinq managers. Le modèle économique des cafés Joyeux fonctionne : « Les serveurs sont différents, mais c’est la même offre culinaire qu’ailleurs. Nous proposons des plats préparés sur place, avec des produits locaux ou bio. »

De l’acquisition d’un hôtel 5 étoiles au lancement de cafés solidaires

A priori, rien ne prédestinait Yann Bucaille Lanrezac à se lancer dans ce type de projet. Ce Breton d’adoption de 49 ans, diplômé de l’EM Lyon, était passé par Danone avant de prendre la tête du groupe Émeraude, un groupe international spécialisé dans les énergies renouvelables et le négoce de matières plastiques. Yann Bucaille Lanrezac s’est tourné aussi vers le domaine de l’hôtellerie : il est à la tête du Castelbrac, un hôtel 5 étoiles à Dinard. Depuis deux ans, l’activité s’est encore étoffée avec l’acquisition d’un nouvel hôtel en Saône-et-Loire.

Les Cafés Joyeux, créés à Rennes et Paris, emploient exclusivement des personnes en situation de handicap cognitif ou mental — Photo : Jean-Luc Toublanc

Dès l’ouverture du premier café à Rennes, le succès a été immédiat : « Je n’étais pas préparé à un tel raz-de-marée médiatique. Cela montre que le monde est prêt, il y a une vraie attente. Mais ce n’est que le début de l’histoire. L’objectif, ce n’est pas de faire un coup, on voudrait que ça dure. Le monde de la restauration est un monde concurrentiel, difficile. Il n’y a pas de place pour le doute », raconte le dirigeant.

Un projet porté sur la Route du Rhum

A terme, l’idée est de dupliquer le modèle, à partir de l’exemple rennais. « On aime bien l’ambiance "village" du café de Rennes. Il faut parvenir à développer ce modèle sans pour autant le standardiser. Au-delà d’un engagement personnel, c'est ça qui m'anime », explique-t-il.

Pour aller plus loin et conforter davantage l’assise de l’entreprise, Yann Bucaille Lanrezac a lancé une nouvelle idée : commercialiser le propre café des coffee-shops Joyeux, en grains et en capsules. Les bénéfices des ventes serviront à ouvrir de nouvelles enseignes du même type, en France et à l’étranger. Pour lancer ce projet, un bateau aux couleurs de Joyeux a pris part à la Route du Rhum, en s'offrant le luxe de remporter l'épreuve dans sa catégorie. « Au départ, je voulais y participer sur mon propre bateau, raconte Yann Bucaille Lanrezac, qui avait déjà participé à la Coupe de l’America en 1995. Mais j’ai laissé la main à Sidney Gavignet, un ami skipper de longue date. » Il sourit. « Plutôt qu’être seul au milieu de l’Atlantique, je me mets au service de ce projet. Ma "Route du Rhum" à moi, c’est Joyeux ! »

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