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Valorex sème ses graines à l'international
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Valorex sème ses graines à l'international

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Fondé en 1992 près de Fougères, Valorex a fait le pari d'une alimentation végétale riche en oméga 3 et produite à partir d'une filière locale. Le groupe, dont l'activité croit de 10 % par an, espère augmenter fortement sa part à l'export dans les années à venir.

Pierre Weill, président de Valorex, espère quadrupler la part de son activité à l'export en cinq ans, notamment grâce à la vente de brevets pour son procédé unique d'extrusion de graines — Photo : Pierre Gicquel

« Notre métier, c'est la cuisson de la graine », résume en quelques mots Pierre Weill, président et fondateur de Valorex, groupe basé à Combourtillé près de Fougères (Ille-et-Vilaine). Création de filières végétales (lin, lupin, féverole, etc.), dosage, broyage, maturation, thermo-extrusion, séchage, conditionnement, export... Le savoir-faire de Valorex en matière d'alimentation animale et humaine se base sur des procédés complexes et une quinzaine de brevets.

Ingénieur agronome de formation et écrivain spécialiste de la nutrition, le président de Valorex, Pierre Weill est aussi un entrepreneur opiniâtre : après avoir réussi à faire reconnaître en France, les atouts santé de ses produits, il souhaite maintenant conquérir d'autres continents.

Objectif 80 % à l'export d'ici 5 ans

Valorex présentait lors de son dernier exercice un chiffre d'affaires de 76 M€, « en croissance de 10 % par an en moyenne », précise Stéphane Deleau, directeur général. Avec pour l'heure huit sites, dont un en Allemagne et un en Suisse, le groupe affiche clairement son appétit pour des marchés plus lointains : « 20 % de notre activité se fait à l'international, dans une trentaine de pays, comme l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie ou les pays d'Europe de l'Est, énumère Pierre Weill. Notre objectif est d'atteindre les 80 % dans cinq ans, grâce à la vente de brevets. »

Quant à l'installation de nouveaux sites à l'étranger, le dirigeant reste prudent : « La logique voudrait que nous nous implantions à l'étranger, mais proposer un savoir-faire en Chine implique de pouvoir le protéger, ce qui est difficile. » Pierre Weill lorgne néanmoins le Japon, la Corée, le Vietnam, « des pays avec un fort potentiel pour nos produits », mais aussi vers le Brésil qui est pourtant le royaume du soja et où Valorex vient de poser un premier pied avec l'ouverture d'un bureau.

Développer un savoir-faire

« En 1992, la holding qui nous employait et qui détenait ce qui était alors une usine d'alimentation classique allait mettre la clé sous la porte », se rappelle Pierre Weill. C'est alors qu'avec cinq collaborateurs, il fait le pari de créer Valorex : « Un pari risqué car il s'agissait de développer un savoir-faire unique en matière d'extrusion de graines, en mettant en valeur les oléagineux et protéagineux. En luttant contre ce qu'on appelle aujourd'hui la déforestation importée, alors qu'on ne parlait que de maïs et de soja. Bref, on nageait à contre-courant ! »

Si les débuts ont été difficiles, Valorex a fini par convaincre : 26 ans plus tard, l'entreprise produit 220 000 tonnes de graines cuites par an, dont 65 000 tonnes depuis son site historique de Combourtillé. 30 % de la production est vendue directement aux éleveurs, le reste aux industriels.

Clé du succès : la recherche collaborative

Le déclic s'est produit en 1997 lorsque l'entreprise a mis sur pied les premières études humaines mesurant l'impact des modes de production agricole sur la santé humaine. Et ce, en optant pour un modèle de recherche collaborative mené conjointement avec l'Inra et le CHU de Lorient, en comparant les effets d'une alimentation humaine à base de viande nourrie au soja, contre une autre nourrie au lupin et au lin. « L'étude a démontré l'effet bénéfique de notre modèle sur la santé humaine, et ce, en seulement 15 jours. Ce fut un signe important pour l'ensemble de la filière », affirme le dirigeant d'entreprise qui a par la suite cofondé l'association "Bleu Blanc Cœur" en 2000, démarche qui regroupe industriels et agriculteurs sous une charte responsable, durable et locale, mais aussi le Pôle Valorial, cluster pour la recherche en nutrition. « Partager son savoir peut profiter à la concurrence, mais il vaut mieux être à dix sur un marché de mille, que seul sur un marché de dix », explique le dirigeant.

L'entreprise, qui a opté pour des laboratoires externes et partagés, investit 3 % de son chiffre d'affaires chaque année en R&D et compte une trentaine de chercheurs parmi ses 130 salariés, « un nombre important dans ce domaine », enchérit Stéphane Deleau. « La valeur ajoutée se fait grâce à l'usine, où l'on investit aussi dans le développement de savoir-faire uniques et dans la matière grise. En sachant que ce n'est pas facile d'attirer les chercheurs à Combourtillé… »

Autre preuve de cet engouement pour l'innovation, la participation de Valorex au projet national de R&D Proleval, d'un montant record de 17 M€ et destiné au développement de nouvelles technologies pour la nutrition.

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