Stéphane Heulot : Patron hors cadre

Stéphane Heulot : Patron hors cadre

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Après une brillante carrière dans le cyclisme, l'enfant de Noyal-Châtillon-sur-Seiche a monté et dirige désormais l'équipe professionnelle Saur-Sojasun. Un retour à la fois logique et inattendu pour l'électron libre du cyclisme tricolore.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Deux étapes du Paris-Nice, 9e de la Flèche Wallonne, 5e du Dauphiné Libéré, dans les vingt premiers lors de trois Tours de France. Mais aussi - apothéose en 1996 - champion de France et porteur du maillot jaune sur le Tour pendant trois jours! Son palmarès de coureur cycliste est impressionnant. Pour autant, à presque quarante ans, Stéphane Heulot semble comme indifférent face à ce passé. «J'ai vécu des moments évidemment uniques mais c'est comme si c'était un autre moi», nous livre aujourd'hui le fondateur et patron de l'équipe professionnelle Saur-Sojasun (lire interview).




Le dopage, le destin

L'enfant de Noyal-Châtillon-sur-Seiche ne s'en est jamais caché. Le cyclisme professionnel qu'il a connu - avec l'affaire Festina en 98- ce n'était pas son milieu. Rigueur, travail, honnêteté. Des valeurs inculquées par son père - président pendant trente ans de l'AC Noyal Châtillon- et auxquelles il a toujours cru. Résultat, «je n'ai pas un souvenir énorme de ma carrière», confie Stéphane Heulot, avec cet air sérieux qui le caractérise. «J'ai fait mon métier le plus honnêtement possible mais je n'ai jamais adhéré à certaines pensées, certaines fatalités.» Le dopage, puisque c'est de cela dont il est question, il dit être passé à côté. Une chance. «Ce qui m'a préservé? Le destin. À partir du moment où l'on n'a pas de choix à faire, c'est plus simple.»




Fier de démissionner

Plutôt que les courses gagnées, ce qui le rend le plus fier, c'est d'avoir démissionné en 2002 de son équipe, fait rare pour un coureur. «Parce que je n'étais plus en phase avec mon sport», indique celui qui dit avoir tourné la page. Mais la page de coureur, pas celle du vélo. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, Stéphane Heulot a replongé dans le cyclisme pro il y a maintenant deux ans. Un retour qu'il ne doit pas au hasard. Entre sa retraite de sportif - «une petite mort» - et 2008, il s'était lancé, comme d'autres, dans les affaires. Un petit centre de bronzage pour son ex-épouse, et des relations publiques, grâce à sa notoriété. Deux entreprises toujours actives. Mais parallèlement, Stéphane Heulot a toujours gardé un oeil attendri sur l'AC Noyal Châtillon. Un club qu'il a lancé dans la compétition amateur en 1998, jusqu'à l'engager en 2004 en nationale. C'est un autre coureur, son «grand pote» Lilian Lebreton, qui l'a incité à poursuivre dans cette voie-là. Sans le savoir, Stéphane Heulot posait les fondations de ce qui allait devenir une véritable équipe professionnelle: Besson Chaussures-Sojasun en 2009, puis Saur-Sojasun cette année. Son retour dans le milieu professionnel par la porte de directeur sportif, il le doit d'abord à lui-même. «Dans tout ce que je fais je ne travaille pas avec la notion d'échec.» Mais il le doit aussi à un homme: le chef d'entreprise Pierre Le Duff. Le frère de Louis - l'homme des Brioches Dorées - est le fondateur des magasins Super Sport (disparus depuis le rachat par le groupe Vivarte). Il est aussi et surtout un amateur éclairé de vélo. Et c'est donc lui qui a mis en connexion Besson Chaussures (Vivarte) et Stéphane Heulot, désormais plus jeune manager du circuit mondial.




«M.Le Duff»

Le considérant comme un «tuteur professionnel», l'ex-champion est toujours en contact régulier avec celui qu'il appelle Monsieur Le Duff. «C'est un mec génial qui m'a appris ce que je fais aujourd'hui. Il me donne des petits conseils qui sont vachement bons à entendre. C'est aussi grâce à lui qu'on a rencontré Jean puis Olivier Clanchin (Triballat Noyal-Sojasun). Sans M.Le Duff, nous n'en serions pas là aujourd'hui.» Alors s'il n'a pas réalisé son rêve de gosse - kiné au Crazy Horse! - avec l'équipe Saur-Sojasun, Stéphane Heulot est peut-être en train de se réaliser tout court. «J'aime mieux cette deuxième partie de vie car je passe plus de temps chez moi». Entendez avec ses quatre enfants. Une vie de famille qui lui ôte un peu de cette culpabilité d'avoir passé peu de temps avec eux, lorsqu'il était coureur professionnel.