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Stade Rennais FC : le pari du sponsoring local
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Stade Rennais FC : le pari du sponsoring local

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Bon an mal an, le Stade Rennais FC a toujours réussi à se maintenir dans l’élite du football français. Un record de longévité basé sur la qualité de son centre de formation, sur un public qui répond présent, un propriétaire patient et sur un fait qui reflète la culture entrepreneuriale bretonne : un cercle de sponsors composé uniquement d'acteurs locaux.

Samsic vient de prolonger son partenariat historique avec le Stade Rennais. De gauche à droite : Thierry Geffroy (PDG de Samsic RH), Olivier Létang (président exécutif du Stade Rennais FC), Christian Roulleau (président fondateur du groupe Samsic) et Jacques Delanoë (président du conseil d'administration du SRFC) — Photo : Baptiste Coupin

Les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas. Après une très belle cinquième place en Ligue 1 l’an passé, synonyme de Ligue Europa, le Stade Rennais (SRFC) n’arrive pas tout à fait à confirmer sportivement sur cette première partie de saison. En témoigne la mise à pied de l'entraîneur Sabri Lamouchi, remplacé par Julien Stéphan, jusque-là en charge de la réserve. Mais il reste une moitié de saison à jouer en 2019.

En attendant, le SRFC a su capitaliser sur la belle saison passée, avec un budget global de 60 M€ pour 2018-2019, contre une moyenne de 50 M€ lors des années précédentes. Une hausse due notamment aux droits TV, avec 31,1 M€ issus de la saison 2017-2018, selon le journal L’Équipe, soit la moitié des rentrées du club. Des droits TV qui vont d’ailleurs augmenter de 60 % dès 2020 pour l’ensemble de la Ligue 1, la LFP les ayant vendus à Mediapro et beIN Sports pour un montant de 1,15 Md€ par saison, sur la période 2020-2024 (contre 760 M€ par an actuellement) ! De quoi se frotter les mains.

Le public répond présent

Le Roazhon Park présente un taux de remplissage de 83%, avec une moyenne de 24 000 spectateurs par match — Photo : CC BY SA 2.0

Mais le SRFC ne compte pas uniquement sur les droits TV pour assurer son avenir. Il peut aussi s’enorgueillir d’un taux de remplissage du stade à 83 % cette année, avec une moyenne de 24 000 spectateurs par match. En sachant qu’un match à domicile permet de générer un chiffre d’affaires de plus de 600 000 € pour le club (gestionnaire mais pas propriétaire du stade, qui appartient à la Ville de Rennes), cet engouement vient consolider sa pérennité.

Quant au merchandising, l’arrivée d’une star comme Hatem Ben Arfa a fait gonfler les chiffres : « Le record de vente de maillots a été atteint lors de la présentation d'Hatem. 80 % des maillots vendus sur le début de saison sont siglés Ben Arfa », témoigne le président du conseil d'administration du club, Jacques Delanoë.

Samsic : record de fidélité

Sponsoring et publicité réunis, le SRFC cumulait un total de 10,1 M€ sur la saison passée, d'après le site spécialisé Sportune - une somme équivalente à ses concurrents directs en championnat. Particularité rennaise, son propriétaire depuis 1998, la famille Pinault, mise sur un ancrage local et sur la durée. Les sponsors sont donc uniquement des fidèles et des locaux. En premier lieu, le groupe Samsic (90 000 salariés, 2,1 Md € de CA en 2017), partenaire historique du Stade Rennais depuis 2004, qui vient de prolonger le plaisir pour cinq ans et va donc prochainement battre le record de longévité d'un sponsor en Ligue 1. Si le montant n’a pas été communiqué, des bruits de couloir établiraient le contrat à 2 M€ par an.

Mais ce n’est pas qu’une question d’argent. « En sponsorisant le Stade Rennais, nous participons au développement économique, culturel et sportif régional. C’est important pour nous, c’est même essentiel, fait valoir Christian Roulleau, président de Samsic. De plus, le fait d’être sponsor pendant de longues années, vous vous l’imprimez dans la tête. C’est important la répétition. Si le Stade Rennais fait de bonnes années, cela va rejaillir sur le maillot. Et ça c’est extraordinaire. »

« Le fait d’être sponsor pendant de longues années, vous vous l’imprimez dans la tête. C’est important la répétition. »

L’ancrage local n’est pas une exception dans le monde du football, où bien souvent les champions de l’économie financent le club de leur ville. Mais à Rennes, c’est exacerbé : Samsic, Del Arte, Blot Immobilier, groupe Launay, Convivio, la Ville de Rennes et dans une certaine mesure Puma (propriété des actionnaires de Kering, holding de la famille Pinault), tous sont des champions issus du terroir rennais. En tout, ce sont même 800 entreprises du territoire qui sont partenaires d’un club qui organise aussi 700 événements non-sportifs par an, le stade accueillant séminaires, salons et conférences au Roazhon Park.

La Piverdière bientôt repensée

Avec 24 joueurs issus de son centre de formation évoluant dans le big four européen, le SRFC est le cinquième meilleur club formateur en Europe, ex aequo avec le PSG. Sans compter la longue liste de joueurs évoluant en Ligue 1. Dans la liste des pépites formées à Rennes, Ousmane Dembélé, transféré à Dortmund pour 15 M€ puis vers le FC Barcelone pour un montant record de 120 M€... Avec une commission pour le club formateur qui avoisinerait les 30 M€ (source : RMC Sport).

La Piverdière est donc un vivier à choyer. Ses dirigeants viennent d’ouvrir la réflexion pour améliorer et agrandir son centre de formation mais pour l’heure, rien n’est acté.

Dominique Busso, PDG de Happy Blue Fish, était présent en octobre lors des 20èmes Rencontres du Grand Ouest, organisées au Roazhon Park et qui ont permis la rencontre entre une vingtaine de start-up bretonnes en quête d'amorçage avec autant de fonds d'investissements — Photo : Pierre Gicquel

Roazhon Park : figé dans le granit ?

Autre marqueur de stabilité, celui de l’écrin. Si à Nantes, la maire Johanna Rolland vient de mettre un terme au projet YelloPark, tout en validant le projet d'un nouveau stade aux abords de La Beaujoire, ou encore à Brest, où les frères Le Saint (dirigeants du Réseau Le Saint et du Stade Brestois 29) ont annoncé le projet de construction d’un stade à 70 M€, sur des deniers privés, pendant ce temps le Stade Rennais se suffit des dernières retouches effectuées à l’été 2015 dans ses tribunes. Il s'agissait du remplacement des sièges, financé par la famille Pinault.

Un tout petit écart pour un propriétaire qui n'a pas vraiment besoin d'un club ultra-rentable et dans une gestion du club qui se veut toujours à l'équilibre. Jacques Delanoë confirme : « Nous veillons à avoir une gestion saine du club. Nous ne sommes ni dispendieux, ni frileux et comme dans n’importe quelle entreprise, nous veillons à optimiser chaque euro. »

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