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Sorti d’un plan de continuation, Self Signal se trace un avenir durable
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Sorti d’un plan de continuation, Self Signal se trace un avenir durable

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Après avoir été placée en redressement judiciaire de 2010 à 2019, la société rennaise Self Signal, connue pour ses panneaux de signalisation routière, a remonté la pente. Une restructuration de ses services et un investissement de 2 millions d’euros dans de nouvelles machines en 2020-2021 lui offrent aujourd’hui de belles perspectives d’avenir.

Des panneaux de signalisation réalisés dans l’atelier de Self Signal, à Cesson-Sévigné — Photo : Baptiste Coupin

Les investissements d’aujourd’hui font les profits de demain et les emplois d’après-demain. Le groupe rennais Self Signal (115 salariés, 14 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022), spécialisé dans la fabrication de panneaux de signalisation routière et la réalisation d’enseignes commerciales, fait sien cet adage, lui qui a engagé 2 millions d’euros dans la transformation de son outil industriel, entre 2020 et 2021. "Nous avons investi 800 000 euros dans la création d’un atelier de thermolaquage (technique de peinture par projection de poudre) et 1,2 million dans de nouvelles lignes d’impression. Notre objectif était d’intégrer tous les métiers dont on avait besoin pour être plus performants. Nous ne sommes pas des industriels. Nous voulons garder un fonctionnement de PME avec une forte capacité d’adaptation", expose le président de l’entreprise, Jean-Charles Jego. Les premiers résultats ne se sont pas fait attendre. "Nous avons amélioré notre taux de service. La moitié de ce que l’on livre part sous un délai inférieur à trois jours. Il y a une montée en puissance qui se fait progressivement, à tel point qu’on voulait embaucher deux commerciaux sur le Nord et dans l’Est fin 2022 mais qu’on ne l’a pas encore fait parce que nous avons trop d’activité."

Jean-Charles Jego, président de Self Signal — Photo : Baptiste Coupin

Jean-Charles Jego connaît l’entreprise - et les machines - comme sa poche. Le dirigeant, originaire des Côtes-d’Armor, est entré dans la société il y a plus de 30 ans, quand la PME naissante (création en 1985) ne comptait alors que 4 salariés. Il en a pris les commandes en 2005. Propriétaire de 70 % des parts de l’entreprise, Jean-Charles Jego a comme associés des cadres historiques de la société et Unexo, fonds d’investissement du Groupe Crédit Agricole. À noter que ses deux filles travaillent à ses côtés. La première, Mathilde Jego, dirige le service marketing et RSE. La seconde, Juliette Jego, a pris la tête de la toute jeune structure export.

"Gros village d’artisans"

Comptant trois entités, Self Signal Communication, Self Services 35 (pose et marquage) et Self Signal Signalisation, Self Signal accompagne ses clients dans des projets de signalétique, mobilier urbain/signalisation et enseignes. La société, historiquement tournée vers le grand Ouest, couvre aujourd’hui 75 départements français. Les deux tiers de son business sont réalisés via les collectivités ; le tiers restant via les entreprises (SNCF, Engie, Eiffage…). L’activité de signalisation routière, c’est-à-dire tous les panneaux que l’on peut voir sur les routes (panneaux directionnels, panneaux de chantier…), pèse pour 60 % de son chiffre d’affaires et constitue son cœur de métier. Ce savoir-faire éprouvé l’emmène aujourd’hui à tenter l’aventure africaine via le lancement d’une filiale au Sénégal. Depuis 2018, l’entreprise gagne des points de croissance tous les ans. Self Signal a collaboré avec 2 400 clients en 2022, qui ont un panier moyen de 1 000 euros. "Nous sommes beaucoup sollicités pour du sur-mesure ou de l’adaptation de produits. Avec nos machines, nous pouvons imprimer sur tous les matériaux qui existent (PVC, bois, aluminium, acier…). Plus c’est compliqué, plus ça nous amuse."

Une machine d’impression numérique récemment internalisée dans l’atelier de Self Signal — Photo : Baptiste Coupin

Self Signal, qui s’apparente à un "gros village d’artisans", avec 34 métiers différents à bord (dont un souffleur de verres, NDLR), continue d’engranger les contrats. Comme celui décroché récemment pour la signalétique des ports de Bretagne. La PME avance avec de l’ambition. L’entreprise prévoit d’atteindre les 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025.

Redressement judiciaire

Si la société affiche aujourd’hui des certitudes, il n’en a pas toujours été ainsi. Faisant face à une baisse d’activité suite aux répercussions de la crise économique de 2008, la PME avait été placée en redressement judiciaire, à la demande de son dirigeant, entre 2010 et 2019. Jean-Charles Jego souhaitait pouvoir apurer ses dettes sur une échéance longue. Cela a aussi été l’occasion pour lui de réorganiser l’entreprise en profondeur.

Installé dans un ancien entrepôt de tri de La Poste de 7 000 m² à Cesson-Sévigné, le patron a d’abord amorcé le virage 4.0 de sa PME en investissant dans du matériel plus performant. Dès 2017, quand les banques étaient frileuses à lui prêter de l’argent, Jean-Charles Jego s’est tourné vers le financement participatif (via la société de gestion Gwenneg, NDLR) pour acheter une fraiseuse à commande numérique (machine de découpe de matériaux). Par la suite, des machines d’impression numérique ont donc rejoint l’atelier en 2020 et 2021, pour la partie sérigraphie. Elles remplacent les vieux appareils et vont permettre de faire disparaître les solvants. La société s’est aussi dotée d’une vernisseuse à séchage UV, dans l’atelier de vernissage. De quoi protéger les panneaux routiers, sans recourir au film adhésif.

Dans sa volonté de réorganisation interne, Jean-Charles Jego a aussi pris soin de laisser un degré d’autonomie plus grand à ses collaborateurs. "Nous avions trop staffé l’entreprise. Aujourd’hui, le mot directeur est un vocabulaire qu’on n’emploie plus. Nous privilégions un système hiérarchique très court." C’est Jean-Charles Jego seul qui fait les points d’étape avec ses commerciaux, par exemple. Dans une entreprise où la moyenne d’âge est de 35 ans, le dirigeant privilégie aussi la montée en compétences via des formations à la prise en main des outils de production par des collaborateurs encadrants. C’est comme cela que le patron fidélise ses équipes.

Démarche écoresponsable

Fortement engagé dans une démarche RSE, Self Signal a aussi à cœur d’intégrer des pratiques environnementales respectueuses.

Une des réalisations de Self Signal, l’habillage adhésif du parc à vélo de Rennes-La Poterie — Photo : Self Signal

La conception et l’évolution des produits sont mises au point par le bureau d’études dans une démarche écoresponsable, tant au niveau du choix des matériaux que des processus de fabrication. "Nous sommes capables de répondre à tout un tas d’éventails de matériaux. Par exemple, en choisissant pour nos produits de signalétique des matériaux conçus à base de cosse de riz (déchet de l’industrie agroalimentaire), sinon de lin et de chanvre. C’est notre fonctionnement que de se poser des questions." Soumis aux normes CE et NF, les produits qui sortent de son atelier sont garantis entre 10 et 15 ans et subissent des tests de résistance aux chocs et aux dégradations liées aux intempéries.

L’entreprise, labellisée ISO 26 000, veille par ailleurs à produire le moins de déchets possibles. "Le bon déchet, c’est celui qui n’existe pas. Aujourd’hui, 67 % des déchets de l’entreprise sont valorisés, hors incinération", se réjouit le patron. Que ce soient des chutes de PVC ou des poudres de thermolaquage, sinon de l’aluminium ou de l’acier, via les filières de recyclage classiques. Dans le cadre d’un partenariat avec l’École supérieure des arts de Bretagne, Self Signal accueille enfin des artistes en résidence dans son atelier, qui peuvent réutiliser ses matériaux non utilisés. "C’est une mine d’or pour eux", sourit Jean-Charles Jego.

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