Soredic : Le 5e acteur français veut son Cinéville au sud du fief rennais
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Soredic : Le 5e acteur français veut son Cinéville au sud du fief rennais

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À 50 ans, le groupe rennais Soredic mène de front trois projets d'envergure en France via Cinéville, sa filiale d'exploitation de cinémas. Au sud de Rennes, un pôle de loisirs attend son heure en CNAC. Plus abouties, une extension à Vannes et une création à Angers, pour 12,5 M€.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Ce serait un symbole fort, un beau cadeau d'anniversaire pour 50 printemps... Mais pour l'heure, Cinéville et sa maison mère rennaise la Soredic devront attendre et se contenter d'un gâteau réduit sur le marché rennais. Leur projet de pôle de loisirs aux 150 emplois, au sud de Rennes (à Vern-sur-Seiche), a été retoqué en CDAC. L'entreprise, qui prévoit aussi d'y transférer son siège de Cesson-Sévigné et de porter 50 emplois, a fait un recours en commission nationale décalant son dessein...




Investissements en création et rénovation

En attendant, les investissements vont bon train, hors de son fief rennais, pour ce 5e acteur français de l'exploitation de salles de cinéma. « Nous avons deux chantiers en cours, explique Yves Sutter, son P-dg. L'extension du Cinéville de Vannes qui a ouvert en 2005 à Parc Lann et va passer de sept à neuf salles en juillet prochain ; et la création d'un nouveau multiplexe de six salles au sud d'Angers. » Le premier représente une enveloppe de 2,5 millions d'euros ; le second de près de 10 millions. Et depuis quatre ans, la rénovation des premiers cinémas du groupe revient en moyenne à un million d'euros par site. Après Lorient, Hénin-Beaumont et Laval, vient le tour de Saint-Nazaire et La Rochelle. « L'exploitation est un métier gourmand en capitaux », précise Yves Sutter qui sait pouvoir compter sur un actionnaire solide et atypique dans un monde capitaliste.




Un actionnariat stable

Car depuis 50 ans, la Soredic n'a pas changé de modèle original. Bien que société anonyme en mode de gestion privée, elle n'a aucun actionnaire privé mais 100 % associatif via la Gasfo majoritaire (sous loi 1901), présidée depuis 1977 par Yves Chevillotte, ancien homme fort de la caisse nationale du Crédit Agricole également administrateur d'Essilor. « Nous sommes toujours dans le concept d'origine. Il n'y a jamais eu un dividende versé en cinq décennies et l'ensemble des résultats a toujours été réinvesti dans l'outil. C'est un point crucial. » Seul contrepoint : cet actionnaire ne mettra jamais de compte courant dans les rouages. « Nous nous inscrivons dans une logique de rentabilité, bien sûr, mais avec des exigences de retour sur investissements moins soumises à la pression économique. La société a toujours su évoluer et s'adapter à toutes les évolutions du métier », précise son actuel dirigeant.




4,8 millions de spectateurs

Elle en a connu des chamboulements et des crises, notamment de fréquentation, dans son histoire ! Des salles paroissiales aux multiplexes, le cinéma a fait sa mue. En 40 ans, le poids du groupe rennais sur le marché français a triplé, passant de 0,7 à 2,3 % de la fréquentation nationale. Via sa filiale Cinédiffusion, la Soredic programme à ce jour 256 salles dont 98 en propre sous son enseigne Cinéville, qui emploie 140 de ses 200 salariés et assure 90 % du chiffre d'affaires du groupe pour un résultat supérieur à trois millions d'euros. Son autre filiale de régie pub locale, Ciréo, travaille pour 120 salles dont des tiers également. « C'est un métier nouveau », confie Yves Sutter, prudent. Au total, 8,75 millions de spectateurs ont fréquenté en 2014 les cinémas programmés par ses soins dont 4,8 millions dans ses propres salles. Elles sont réparties dans 12 cinémas dont huit multiplexes. Le premier a ouvert à Lorient en 1999, le dernier à Quimper en 2012 et le plus éloigné se situe à Hénin-Beaumont, « une opportunité ».




L'Ille-et-Vilaine sous-équipé

Dans son fief historique de Rennes, la société en projette un aussi. Ce sera au sud de l'agglomération, en symétrie à son concurrent CGR de Cap Malo. Et pour tenir compte d'un autre projet voisin à Bruz, le sien - « compatible et pertinent » - est ramené à huit salles et couplé à un pôle loisirs à créer. Il prévoit notamment une plaine de jeux indoor mais vitrée pour enfants, exploitée en propre. Encore un nouveau métier bientôt testé à Angers. Mais pour l'instant, Cinéville n'a pas convaincu la commission ad hoc (ni pour son autre projet de 12 salles à Pontault-Combault retoqué en CNAC). Elle aimerait pourtant transférer à Vern son Colombier (6 salles) du centre-ville qui connaît une fréquentation en hausse : + 17 % en 2014.




« Une économie de l'offre et du désir »

Et Yves Sutter de brandir un argument de poids : le nombre d'entrées par habitant/an, de 3,88 en Loire-Atlantique pour 3,28 en Ille-et-Vilaine, soit 600.000 entrées d'écart pour un million d'âmes. Un fossé qu'il explique par une différence d'équipements. « On ne va pas manger plus, parce que les drives sont apparus... Le cinéma, c'est une économie de l'offre et du désir. Il faut être en mesure d'être le plus en phase avec le désir pour être dans la création de marché. » En la matière, le sud de Rennes est sous-équipé, jusqu'au Grand-Fougeray.



Géry Bertrande

Soredic SA
(Cesson-Sévigné) P-dg : Y. Sutter (DG Cinéville) 200 salariés CA 2014 (consolidé) : 36 M€ 02 99 83 01 40 www.soredic.fr

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